LEGRAND Joseph

Par Yves Le Maner

Né le 2 juillet 1909 à Carvin (Pas-de-Calais), mort le 25 novembre 1998 à Carvin ; ouvrier textile puis employé de jour aux mines de Lens ; secrétaire du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, secrétaire de la Fédération nationale des mineurs (1946-1948) ; secrétaire de la Fédération communiste du Pas-de-Calais (1948-1951) ; membre du comité central du Parti communiste ; maire de Carvin ; conseiller général et député du Pas-de-Calais.

Le père de Joseph Legrand était un ouvrier mineur anarcho-syndicaliste du « jeune syndicat » de Benoît Broutchoux ; militant passionné, il fut licencié dix-sept fois pour « action révolutionnaire » avant de mourir accidentellement à la fosse des mines d’Ostricourt à Carvin.

Le jeune Joseph, après avoir obtenu son Certificat d’études, travailla quelques mois comme ouvrier dans le textile, puis se présenta à la fosse 4 d’Ostricourt pour se faire embaucher comme ouvrier mineur. La direction ayant refusé de l’engager en raison des antécédents militants de son père, il dut essayer plusieurs emplois avant d’être embauché aux mines de Lens où il travailla au montage des appareils de chauffement de bois, puis au chemin de fer de la Compagnie minière. Adhérent du syndicat CGTU des mineurs, il devint le responsable de la Fédération de Lens-Meurchin en 1935.

Membre des Jeunesses communistes dès 1928, il devint dans les années trente, secrétaire de la cellule puis de la section locale du Parti communiste de Carvin. 1939 fut une année charnière dans la carrière militante de Joseph Legrand : licencié des mines de Lens à la suite d’un article paru dans l’Enchaîné, il fut élu secrétaire de la Fédération du Pas-de-Calais du syndicat CGT des mineurs. Il siégeait depuis 1937 au Bureau régional du PC comme membre suppléant — voir Lecœur Auguste.

Mobilisé lors de la déclaration de guerre, il partit pour le front et fut fait prisonnier à Nancy en mai 1940. Interné dans un kommando de la région de Brandebourg en Allemagne, Legrand s’en évada en 1944 et parvint à rejoindre les troupes soviétiques.

Dès son retour en France, il reprit ses activités politiques et syndicales, devenant l’une des figures de proue du PC et de la CGT dans le Pas-de-Calais. Secrétaire du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais en 1945, secrétaire de la Fédération nationale des mineurs l’année suivante, il devint, en 1947, secrétaire général adjoint de la Fédération régionale des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais. Joseph Legrand abandonna cette fonction en 1948 pour prendre la direction de la Fédération communiste du Pas-de-Calais. En 1951, il cumulait responsabilités politiques et syndicales : membre du bureau de la Fédération communiste du Pas-de-Calais et secrétaire de l’Union départementale CGT du Pas-de-Calais (1953).

Mais, membre suppléant du comité central du PC depuis 1947, Joseph Legrand en fut écarté en 1951. La direction du Parti l’avait jugé gravement compromis dans « l’Affaire Pronnier » politico-policière, ténébreuse, tenant son nom d’un « agent double » ou d’un provocateur, auteur d’incendies volontaires et d’assassinats. Accusé de « lourdes fautes politiques », Legrand fut écarté de toutes responsabilités au sein du PC avant d’être réhabilité au début des années 1970. Conseiller général de 1973 à 1979, député de la 1re circonscription du Pas-de-Calais depuis 1973 (réélu en 1978 il perdit son siège en 1986), il fut élu maire de Carvin en 1977.

Il avait épousé Julie Morteux à Annoeullin en octobre 1932.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107811, notice LEGRAND Joseph par Yves Le Maner, version mise en ligne le 15 novembre 2010, dernière modification le 27 janvier 2019.

Par Yves Le Maner

SOURCES : RGASPI, 495 270 3005, autobiographie du 13/10/1938, classé AS. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5142. — L’Enchaîné du Pas-de-Calais, 16 juillet 1938. — Jean-Marie Lemaire, Mémoire de Maîtrise, op. cit.Le Monde, 18-19 novembre 1951 et 21 mars 1978. — Correspondance avec J. Legrand en mai 1979.— Etat civil.

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