KISTER Michel, Jean, Georges

Par Jacques Girault

Né le 26 février 1931 à Paris (Xe arr.), mort le 27 septembre 2019 à Agde (Hérault) ; instituteur puis professeur d’enseignement général des collèges ; militant syndicaliste ; militant communiste, adjoint au maire de Chalette-sur-Loing (Loiret).

Son père cordonnier d’origine alsacienne, selon le registre d’état civil, puis ouvrier dans des fabriques de chaussures à Paris, devenu artisan puis à nouveau ouvrier en 1950 dans une entreprise CECA (Carbonisation et charbons actifs où son fils travailla pendant les vacances d’été), mourut en 1954 d’une maladie professionnelle (silicose). Michel Kister reçut les premiers sacrements catholiques. Sa scolarité primaire se déroula à Paris puis en Auvergne, région d’origine de sa mère et fut élève du cours complémentaire de Rioms-es-Montagnes. Il entra à l’Ecole normale d’instituteurs d’Orléans en 1947 puis à celle de Châlons-sur-Marne en 1948. Il continua sa scolarité à l’Ecole normale d’instituteurs de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Titulaire du baccalauréat « mathématiques élémentaires », à sa sortie de l’école normale en 1951, il prépara l’Ecole normale supérieure (sciences) de Saint-Cloud pendant une année à Nancy. Il fut instituteur dans le Loiret (Olivet en 1952, à Saint-Jean-Le-Blanc en 1953, à Jargeau en 1954) puis fut nommé instituteur à Vésines, quartier populaire de Chalette autour des usines Hutchinson, en novembre 1957. Nommé en 1960 au Groupe d’observation dispersé de la Pontonnerie, futur collège d’enseignement général, il devint en 1969 PEGC de mathématiques dans ce CEG. De février 1968 à juin 1978, il fut le correspondant de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public qui milita pour la création d’un Institut de recherches de l’enseignement mathématiques dont il fut membre du conseil provisoire à partir de 1973 tout en participant à un groupe de recherches dans l’académie d’Orléans. En raison de ses responsabilités d’élu, il travaillait à mi-temps à partir de 1983 jusqu’à sa retraite en 1986.
Kister adhéra au Syndicat national des instituteurs en 1948 et fut responsable syndical dans les écoles normales où il fit signer l’appel de Stockholm. Militant à la FEN-CGT, membre de la commission nationale des jeunes, il participa à l’école syndicale de la FEN-CGT à Thonon pendant les vacances de Pâques 1950. La commission des jeunes de la section départementale du SNI le délégua pour participer au festival mondial de la jeunesse en Roumanie en 1953. Il milita par la suite dans le courant qui devint « Unité et Action ».
Kister effectua son service militaire dans l’artillerie à partir d’octobre 1955 à Bourges. Elève officier de réserve, il fut à l’origine d’une pétition de 93 soldats pour demander la paix en Algérie dont l’Humanité rendit compte à la fin janvier 1956. Renvoyé des EOR et emprisonné pendant 25 jours, il fut envoyé au Maroc le 16 mars puis en Algérie à Laghouat, le 8 juillet jusqu’à sa démobilisation (novembre 1957). Membre fondateur de la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie (septembre 1958), après avoir créé un premier comité à, Montargis, il fut le vice-président du comité de Chalette.
Kister adhéra au Parti communiste français et à l’Union de la Jeunesse républicaine de France à Châlons-sur-Marne en novembre 1950. Il participa au stage central organisé par le PCF pour les instituteurs communistes en avril ou septembre 1953.
Kister se maria uniquement civilement en juillet 1954 à Saint-Gondon (Loiret) avec une institutrice communiste Huguette Prieur. Le couple eut six enfants puis divorça. Il se remaria en octobre 1988 à Chalette avec Jeannine Roy-Chevallier, cadre de la fonction territoriale (directrice du service culturel, du service information – bulletin municipal, imprimerie municipale -, gestion et animation de Radio-Chalette) avec qui il vivait depuis 1977.
Kister, qui habitait Orléans, milita du Mouvement de la Paix, devint membre du bureau puis du secrétariat de la section communiste d’Orléans en 1953. Il écrivait régulièrement dans l’hebdomadaire fédéral et entra au comité de la fédération communiste en 1953, puis l’année suivante au secrétariat fédéral. Mais le secrétariat du PCF, prétextant qu’il n’avait pas été consulté pour son accession au secrétariat fédéral, refusa son maintien dans cette responsabilité. Non réélu en 1956 en raison de son service militaire, il retrouva sa place au bureau fédéral (1959-1963), au secrétariat fédéral (1963-1964, responsable de la propagande puis des cadres) puis à nouveau au bureau fédéral (1964-1971, responsable aux cadres) et au seul comité fédéral (1971-1976). Il avait suivi l’école centrale en août 1963. Il fut le responsable de L’Avenir des travailleurs d’Hutchinson, journal des communistes de l’entreprise de 1957 à 1985.
Après avoir été secrétaire fédéral de l’Union de la jeunesse communiste de France en 1959- 1960 et membre du comité national, Kister devint secrétaire de la section communiste de Chalette à partir de 1963, puis membre du seul bureau de cette section.
Le 14 septembre 1964, une élection complémentaire pour six sièges fut organisée à Chalette. La liste de six candidats dont cinq communistes, comprenant Max Nublat et Michel Kister, fut élue (ce dernier avec 1 420 voix sur 2 687 suffrages exprimés) contre la liste présentée par la majorité municipale. Ils ne furent pas reconduits en 1965 aux élections générales. En 1971, les communistes l’emportèrent et Kister, élu conseiller municipal, devint adjoint au maire de Chalette. Réélu en 1977, en 1983, en 1989, en 1995 il fut premier adjoint de 1977 à 1995, responsable notamment de l’information. Dans ses fonctions, il fut à l’origine de la création en 1982 de Radio Chalette, radio libre gérée par l’Association pour l’information de Chalette et le développement de leur ville. Dans ce cadre, il présenta une série de souvenirs d’ouvriers de l’usine Hutchinson qu’il publia dans l’ouvrage Mémoire d’Hutchinson,(Chalette, 1993) après avoir, dans les années 1980, participé activement à leurs luttes pour la défense de l’usine. Kister fut candidat à des élections sénatoriales. Il présidait le groupe des élus communistes du district de Montargis. Il fit partie au début des années 1980 du comité de rédaction de L’Elu d’Aujourd’hui, revue de l’Association nationale des élus communistes et républicains dont il était membre du comité national tout en étant le responsable fédéral des élus communistes.
Kister fut secrétaire du conseil des écoles de la Pontonnerie (1961-1971) de la Fédération national des conseils de parents d’élèves qui créa un centre de loisirs, le mercredi, géré par les parents.
Michel Kister, partisan de la culture populaire, pratiquait la poésie (membre du club du Gâtinais à Montargis) et s’intéressait aux militants du mouvement ouvrier. Il patronna dans le cadre de la fédération du PCF l’édition du témoignage de l’instituteur Paul Marlin en 1978. Il anima la composition d’un ouvrage sur Chalette aux éditions Messidor en 1986 et les manifestations locales lors du bicentenaire de la Révolution française.
Depuis le début des années 1990, Kister exprimait des désaccords avec les décisions fédérales concernant l’organisation communiste dans la région. Il afficha son point de vue dans Révolution, le 28 mai 1992, dans un article intitulé « Pas de miracle » en écho avec les analyses du secrétaire fédéral, rapportées dans un article précédent. Kister défendait le « travail de fourmis » effectué par les militants locaux. Il demanda à ne plus être adjoint au maire, ce qui se fit en juin 1995, et de ne plus être membre du comité de la section communiste de Montargis en 1995. En juin 1996, il approuva les propositions de Robert Hue pour un « nouveau communisme ».
Kister, qui habitait Agde (Hérault) depuis 1998, souscrivait régulièrement aux appels de l’Humanité. Membre du bureau départemental de la FNACA, il était le responsable des pages de l’Hérault dans L’Ancien d’Algérie. Il participait à l’atelier « poésie » organisé par le comité communal d’action sociale d’Agde et adhérait à l’association des « Amis de Louis Aragon et d’Elsa Triolet ».
Dans le carnet, l’Humanité du 2 octobre 2019 annonçait son décès à l’hôpital d’Agde. Ses obsèques se déroulèrent le 3 octobre au cimetière d’Agde.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107843, notice KISTER Michel, Jean, Georges par Jacques Girault, version mise en ligne le 18 novembre 2010, dernière modification le 9 octobre 2019.

Par Jacques Girault

Œuvres :
- Complaintes d’un appelé, Chalette, 1976,
- Quelques chansons, Paris, La Pensée universelle, 1980,
- Le drapeau du bonheur : souvenirs d’un militant, Chalette, 1998.

SOURCES : Archives du Comité national du PCF. – Presse locale et nationale. – Renseignements fournis par l’intéressé.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable