DALBY Ernest

Par Claude Geslin, François Ferrette

Né le 16 janvier 1889 à Guéret (Creuse), mort le 15 juin 1935 à Nantes (Loire-Inférieure) ; typographe jusqu’en 1914 puis employé de commerce ; militant socialiste de Loire-Inférieure ; conseiller général.

Quatrième fils d’une nombreuse famille, son père Eugène et sa mère Anne née Giraud laissèrent Ernest Dalby débuter de bonne heure dans la vie comme apprenti typographe. Mais, victime d’une pratique courante à l’époque, il fut renvoyé à la fin de son apprentissage, le patron préférant engager un nouvel apprenti plutôt que payer un ouvrier formé. Il quitta alors sa famille et, à quinze ans et demi, commença un long voyage de ville en ville participant à divers mouvements de grève. Il travailla successivement à Vichy, La Châtre, Tours, Poitiers, Angers, Ancenis, Avranches — où il aurait été condamné en mai et août 1908 la première fois avec sursis, la seconde fois à quinze jours de prison pour coups et par défaut — à Paris où il se maria, à Nantes enfin ou il arriva en octobre 1914.
En 1912, il avait adhéré au Parti socialiste. Mobilisé en 1914 puis très vite réformé, il se donna tout entier à la propagande socialiste. En 1918, il était secrétaire de la coopérative de « l’Union des Travailleurs » fondée à Nantes pendant la guerre, il était aussi secrétaire de la Fédération socialiste de Loire-Inférieure en décembre 1918. En 1919, il fut un des fondateurs de l’hebdomadaire l’Aurore sociale qui avait 950 abonnés et dont le premier numéro parut le 17 mai et s’étendait sur la Loire inférieure, la Vendée et l’Ille-et-Vilaine. Il devait cesser de paraître le 29 août 1919 après quinze numéros, faute de moyens. L’Aurore sociale, à l’orientation antimilitariste et révolutionnaire, devait se substituer au Travailleur de l’Ouest, journal de la Bourse du travail de St Nazaire dont les orientations paraissaient trop modérées. A Nantes, le journal de Pierre Brizon, La Vague, était d’ailleurs vendu à 1200 exemplaires par semaine au début de l’année 1919.
Délégué socialiste à tendance minoritaire, il défendit le bolchevisme, Lénine et Trotsky et fut délégué au congrès national d’octobre 1918 du Parti socialiste en faveur de la motion Loriot. Celle-ci reçut 32 voix contre 27 pour la motion Longuet, 1 voix pour la motion Renaudel et 1 voix en abstention. Il fut membre du Comité de la 3è Internationale en 1919. Il défendit une nouvelle fois la motion Loriot d’adhésion à la 3è Internationale aux congrès d’avril 1919. La section socialiste de Nantes, à laquelle il appartenait, réunie le 12 avril vota par 98 voix pour la motion Loriot, 2 voix pour la motion Longuet, 0 voix pour la motion Compère-Morel et 14 abstentions. En février 1919, le comité fédéral de Loire inférieure avait d’ailleurs sollicité Loriot pour venir s’exprimer devant les socialistes de Nantes. La fédération socialiste dans son ensemble était très majoritairement favorable à la 3è Internationale. Dalby lui-même défendit jusqu’en août 1920 cette orientation. Mais le 25 septembre, au cours d’une réunion de la section de Nantes, il préconisait l’envoi d’une circulaire et d’un bulletin de vote à chaque membre de la section et d’un vote par correspondance pour définir la position des socialistes nantais relativement à l’adhésion à la 3è Internationale. Cette proposition fut repoussée. Elle évitait la discussion collective et a pu apparaitre comme une manière de contourner la masse socialiste favorable à l’adhésion. En fin de réunion 84 voix se prononcèrent d’ailleurs en faveur de l’adhésion et 6 voix contre. La police ne mentionna pas si Dalby vota contre, ce qui paraît peu probable car la police l’aurait certainement souligné. Le 6 novembre, dans à une réunion de la section nantaise, Dalby estimait dorénavant que la période de regroupement autour de la 3è Internationale était révolue. Il proposa la venue d’un partisan de la Reconstruction de l’Internationale, c’est-à-dire d’un partisan de Longuet. La proposition fit l’objet d’une forte opposition et de huées, Dalby fut menacé d’expulsion de la salle. Une autre proposition, émanant des partisans résolus à rejoindre la 3è Internationale, demandait à faire venir Cachin et Frossard. Elle reçut l’approbation de 170 voix sur les 200 socialistes que comptait l’assemblée. Dans ce même vote, fut rejetée la proposition d’inviter un longuettiste.
La veille du Congrès de Tours, la Loire inférieure donna 20 voix à la motion d’adhésion sans réserve à la 3è Internationale, 13 voix pour la motion Blum-Paoli et 4 voix pour la motion Longuet. Ces résultats modifiaient très légèrement ceux du congrès précédent tenu à Strasbourg en février 1920 où 21 voix allaient à la 3è Internationale et 14 à la Reconstruction de la 2è Internationale. Ces résultats prouvent que le courant longuettiste éclata en deux tronçons, le plus fort allant vers la droite. La position de Ernest Dalby ne changea donc guère les équilibres précédents mais permit sans doute le renforcement de l’aile droitière.
Il prit la lourde charge du secrétariat de la Fédération après la scission de 1920 ; il était assisté de J. Baylac, R. Laporte et P. Héry. Sans argent avec au contraire des dettes, il mena une campagne vive et ardente dans des salles où la majorité hostile était composée d’amis de la veille. Il réussit pourtant à redonner une nouvelle vie à la Fédération qui enregistra dès lors des succès remarquables. Il abandonna ses fonctions de secrétaire de la Fédération lors du congrès fédéral du 10 avril 1927 ; il fut alors remplacé par François Blancho. Cependant, il resta membre du comité fédéral et, en 1931, la section socialiste de Nantes lui confia un poste nouvellement créé, celui de secrétaire délégué à la propagande plus spécialement chargé de l’organisation de la propagande et du développement des groupes.
Il fut maintes fois candidat socialiste. Élu en 1919 conseiller municipal socialiste de Nantes, avec deux autres du Parti SFIO, Pageot et Eugène Leroux, il fut constamment réélu par la suite dans le deuxième canton. Adjoint au maire à trois reprises, il s’occupa, en tant qu’administrateur, du Bureau de bienfaisance. Il mena des actions vigoureuses en faveur des mallotis et s’intéressa plus particulièrement aux colonies scolaires de vacances et aux cantines. Il obtint aussi des augmentations d’indemnités pour les femmes en couches et les vieux travailleurs.
En 1925, il fut élu conseiller général du 2e canton et réélu en 1931. Il s’était aussi présenté aux élections législatives en 1919 dans le deuxième secteur de Loire-Inférieure, en 1924 sur la liste SFIO, en 1928 et 1932 dans la première circonscription de Nantes. Il avait été enfin candidat socialiste aux élections sénatoriales d’octobre 1932.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article107931, notice DALBY Ernest par Claude Geslin, François Ferrette, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 27 octobre 2021.

Par Claude Geslin, François Ferrette

SOURCES : Arch. Nat., 19940442/2, dossier 88 ; 19940440/19, dossier 1578 ; 19940434/319, dossier 26620 ; Arch. Nat. F7/13606, rapp. 10 janvier 1919. — Arch. Dép. Loire-Atlantique, 1 M 117, 1 M 122, 1 M 601, 1 M 602. — La Bretagne communiste, 1923. — Jacques Bonhomme, 1935. — Le Travailleur de l’Ouest, 1921-1935.

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