Par Alain Dalançon
Né le 27 mars 1885 à Bordeaux (Gironde), mort le 12 février 1956 à Pau (Basses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques) ; instituteur dans les Basses-Pyrénées ; militant syndicaliste ; militant socialiste puis communiste.
Albert Dalès était le fils de Jean-Baptiste Dalès, employé des chemins de fer, et de Marie Ferrère, ménagère. Il devint instituteur dans les Basses-Pyrénées d’où était originaire sa famille. Il effectua son service militaire de mai 1906 à mai 1907 dans un régiment d’infanterie à Bayonne.
Instituteur à Orthez (Basses-Pyrénées), Albert Dalès se maria le 2 septembre 1910 à Came (Basses-Pyrénées) avec une institutrice, Marthe Arnaudin, fille de cultivateurs. Ils eurent deux enfants, dont un fils, Jean, né à Orthez en 1911, futur instituteur et militant communiste.
À Orthez, Albert Dalès militait au Parti socialiste SFIO, et fut désigné secrétaire de la fédération socialiste par le congrès fédéral en 1912.
Il militait également avec son épouse à la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs. Il écrivit dans L’École émancipée, le 23 mai 1914, à propos du 1er Mai : « Beaucoup de prolétaires songent aux nombreuses bastilles qui restent à démolir et n’ont guère le cœur à la fête. De plus, la fête nationale tend à devenir une fête nationaliste (...). Le Premier Mai ! fête de l’humanité souffrante, fête vraiment populaire... la voilà la fête du peuple ! ». Son épouse et lui furent déplacés d’office à Bayonne. L’École émancipée du 1er août 1914 mentionnait qu’il avait été poursuivi pour avoir écrit des tracts contre l’armée.
Albert Dalès fut rappelé sous les drapeaux le 4 août 1914 dans un régiment d’infanterie. Promu sergent fourrier en mars 1915, il fut hospitalisé du 1er août au 1er octobre 1915, et réformé n°2 pour « myopie très accentuée », puis versé dans les services auxiliaires. Mais il ne fut démobilisé que le 21 mars 1919 comme père de deux enfants.
En septembre 1920, dans le fief de Léon Bérard, député catholique d’Orthez, ministre de l’Instruction publique (de novembre 1919 à janvier 1920, puis de janvier 1921 à mars 1924), il fut sous la menace d’un nouveau déplacement d’office, pour avoir publié dans l’Action syndicaliste, organe de l’Union départementale CGT, un article où il manifestait ses vives sympathies pour la révolution russe et ceux qui la défendaient dans la CGT. En réponse à la menace de l’inspecteur d’académie, les ouvriers métallurgistes du Boucau protestèrent, menaçant de se mettre en grève. Après que Dalès eut pris une part déterminante dans la reconstitution du Syndicat de l’enseignement provenant de l’unification avec les amicales, il fut victime d’une nouvelle sanction disciplinaire, et muté à Armendarits, dans l’arrière-pays basque. Son épouse ne tarda pas être sanctionnée de la même façon et ils ne revinrent à Bayonne qu’en 1928. Le couple adhéra au Parti communiste.
Albert Dalès était également auteur de poésies, de pièces de théâtre en vers et en prose, dont un opuscule mettant en scène des personnages « victimes ou complices ? » croqués au vitriol de l’antimilitarisme, se terminant par celui du bolchevik : « Grâce à lui, le socialisme s’infiltrera dans le monde et la révolution triomphera de tous les impérialismes. »
Albert et Marthe Dalès furent relevés de leurs fonctions en 1940 en tant que communistes, et réintégrés à la Libération.
Par Alain Dalançon
ŒUVRE : Victimes ou complices ?, Brive, Imprimerie nouvelle, 1932.
SOURCES : François Bernard, Louis Bouet, Maurice Dommanget, Gilbert Serret, Le syndicalisme dans l’enseignement, Histoire de la Fédération de l’enseignement des origines à l’unification de 1935, tome II, p. 168-169. — Thierry Flamand : L’École Émancipée. Une contre-culture de la Belle-Époque, Éditions Les Monédières, Treignac, 1982, p. 224, 241. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes. — Arch. Dép. Gironde, état civil ; Arch. Dép. Pyrénées-Atlantiques, registre matricule. — Notes de Jacques Girault