DARIAUX Jean-Baptiste

Par Jean Maitron, Justinien Raymond

Né le 28 novembre 1871 à Coulanges-lès-Nevers (Nièvre), mort en avril 1951 à Nevers ; typographe et publiciste à Nevers ; militant socialiste et syndicaliste.

Le père de Dariaux, mort en 1903, fut ouvrier métallurgiste à Nevers puis contremaître aux Forges de la Marine nationale à Guérigny (Nièvre), conseiller municipal et maire de la localité. Charles, frère de Jean-Baptiste, fut conseiller municipal et maire de la même localité de 1908 à 1935. Jean-Baptiste Dariaux était gendre du vétéran du mouvement républicain et ouvrier nivernais Philippe Desmergès.

Dariaux fut essentiellement un militant socialiste, bien que, jusqu’en 1901, il ait joué un rôle actif dans le mouvement syndical. Il compte parmi les fondateurs de la fédération socialiste de la Nièvre en 1897, fédération adhérente du POSR, puis autonome avant d’adhérer au Parti Socialiste Français en 1901. Il passa au premier plan à partir de 1901 : en 1902, il succéda à Combemorel en qualité de secrétaire de la fédération socialiste départementale et le demeura jusqu’en 1913, avec une interruption en 1906-1907 ; il fut rédacteur en chef du journal de cette fédération, L’Observateur du Centre, jusqu’à la fin de 1911, puis secrétaire de rédaction du Socialiste nivernais.

À partir de 1902, il se consacra de plus en plus exclusivement au Parti. À ses yeux, l’action politique est l’élément essentiel de la lutte ouvrière (cf. entre autres l’article « Syndicalisme et Socialisme » paru dans L’Observateur du Centre du 7 mars 1905 à la suite de l’abandon de la lutte politique par certains socialistes d’Arquian (Nièvre) désireux de se consacrer à la seule action syndicale) : « Le syndicalisme est l’école primaire du socialisme. Dans les syndicats on discute les intérêts de corporation et, dans les groupes socialistes, on s’occupe des moyens de soutenir et de faire aboutir les réformes du prolétariat. À mon point de vue, il n’y a pas de syndicalisme qui ne soit socialisme et il ne saurait y avoir de socialisme qui ne soit syndicalisme. Je suis d’avis que les deux organisations soient distinctes tout en ayant une marche parallèle, l’une étant le complément de l’autre. » C’est aussi en tant que socialiste que, dans le même journal, le 22 septembre 1906, il dénonçait les « erreurs » de la franc-maçonnerie « conservatrice et dont les intérêts diffèrent de ceux du socialisme ».

L’influence et l’efficacité de Dariaux en qualité de responsable de la fédération socialiste de la Nièvre paraissent avoir été grandes : c’est à lui en particulier que fut attribué le succès de L’Observateur du Centre qui tripla le nombre de ses abonnements entre 1902 et 1907 (cf. n° du 30 mars 1907).

Dariaux représenta la fédération de la Nièvre au congrès d’unité à Paris en avril 1905 et aux congrès nationaux de la SFIO à Chalon-sur-Saône (octobre 1905), à Nîmes (1910). Il semble avoir été, par son style d’action, le premier « homme d’appareil » que le Parti socialiste ait connu dans la Nièvre. Ses idées n’en reflètent pas moins les tendances dominantes chez les militants nivernais. C’est le cas en particulier dans son souci de préserver une certaine autonomie à l’action des fédérations départementales face à la trop grande emprise parisienne. Il traduisit aussi fréquemment la méfiance des militants vis-à-vis des personnalités, des ténors du Parti — voir L’Observateur du Centre, n°s des 12 mai 1903 et 28 mars 1907.

Son intense activité de propagandiste se manifesta par la tenue de nombreuses réunions dans le département, à partir de 1901, mais surtout entre 1906 et 1912, aux côtés d’autres militants régionaux notables tels que Combemorel en 1901, L.-H. Roblin, Bordereau, E. Laurent et Bondoux de la Bourse. Dans L’Observateur du Centre, il mena, de 1901 à 1903, une campagne contre l’hostilité des cadres de l’enseignement primaire à l’égard du socialisme et contre les interventions parlementaires en ce domaine ; il y réclama le monopole de l’enseignement pour l’État afin d’obtenir des livres scolaires véritablement laïques ; par la même occasion il chercha à recruter pour le PSF parmi les instituteurs. En janvier et février 1905, il mena aussi une campagne à l’adresse des petits commerçants et employés de commerce qu’il encouragea à adhérer à la Bourse du Travail, soulignant la communauté d’intérêts qui les liait aux ouvriers. Par ailleurs, en 1902, avec Z. Gravier, V. Locquin, E. Laurent, etc., il fonda une coopérative pour la création d’une Maison du Peuple à Nevers.

Dariaux fut, à plusieurs reprises, désigné par la fédération socialiste de la Nièvre comme candidat à diverses élections : aux élections législatives de 1906, il fut candidat dans la circonscription de Cosne-sur-Loire contre « l’empereur Claude » (le radical Goujat), et le nationaliste Ménabréa ; il obtint 2 740 voix sur 17 604 suffrages exprimés ; sa candidature fut retirée au second tour, qui vit le triomphe de Goujat. Candidat au conseil général dans le canton de Pougues-les-Eaux en 1907, il arriva en troisième position au premier tour avec 1 207 voix contre 1 341 au radical sortant et 1 250 à un candidat de droite ; il se retira au second tour en faveur du radical qui fut réélu.

À partir de 1910, il renonça peu à peu à ses responsabilités pour n’être plus, en 1914, que secrétaire de rédaction du Socialiste nivernais. Les polémiques menées en 1913 par L’Observateur du Centre, devenu l’organe des socialistes indépendants, laissent supposer que derrière les « raisons personnelles » justifiant ces retraits successifs existaient en fait des désaccords et des conflits l’opposant à d’autres militants de Nevers.

Demeuré à la SFIO après la scission, Dariaux fit paraître en 1949 « Les Souvenirs d’un vieux militant » dans Le Progrès social du Centre, journal de la SFIO.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article108172, notice DARIAUX Jean-Baptiste par Jean Maitron, Justinien Raymond, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 8 novembre 2022.

Par Jean Maitron, Justinien Raymond

OEUVRE : "Souvenir d’un vieux militant", Socialisme, Fédérations socialiste du Cher et de la Nièvre, 9 avril, 12 mars 1949

SOURCES : Arch. Nat. F7/13609. — Arch. Dép. Nièvre, série M, élections de 1906. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 411 à 420 passim. — Presse socialiste : L’Observateur du Centre, puis, à partir de 1912, Le Socialiste nivernais.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 414.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable