DAVANNE Victor, Alphonse

Élevé dans le quartier de Charonne par des parents chiffonniers, Victor Davanne fréquenta l’école primaire de la rue de Vitruve puis travailla de treize à dix-sept ans comme ouvrier menuisier, ouvrier en papier peint ou « chiffonnier syndiqué ». Il fréquentait un « groupe d’avant-garde, libre penseur », présidé par Gaschener dit Bajos, découpeur de nacre, groupe qui se réunissait rue Polka à Belleville. Pendant son service militaire, Davanne aurait subi « les rigueurs de la répression militaire pour son action antimilitariste » (L’Émancipation, avril 1936). Pendant la Première Guerre mondiale sa participation aux combats lui valut trois citations, la médaille militaire et la croix de guerre mais, déclara-t-il : « Davanne subit à nouveau la répression pour son action en faveur de la paix. »

Après la guerre, « secrétaire général des chiffonniers », il fut militant de l’ARAC, secrétaire à la propagande de la troisième section, et militant du Parti communiste. Son action était dirigée vers la défense des commerçants et artisans.

Ouvrier en papier-carton, il dirigea une grève aux usines Dumas de Montreuil-sous-Bois et devint secrétaire de la section syndicale de l’entreprise. Il fut ensuite militant du syndicat des terrassiers puis métallurgiste.

En 1926, en désaccord avec les orientations du Parti communiste, il démissionna et fréquenta les divers groupes communistes d’opposition. En 1931, maçon domicilié à Bagnolet (Seine) et militant dans cette localité, Davanne était membre de la Ligue communiste, organisation trotskyste. La Vérité, organe de la Ligue, rapporta qu’en décembre 1931 il fut frappé par des militants de la SFIO de Bagnolet. Peut-être est-ce lui qu’Yvan Craipeau décrit dans ses mémoires : « Peu d’ouvriers dans le groupe trotskyste. Les seuls prolétaires authentiques appartiennent au « groupe de Bagnolet » [...] Les gars de Bagnolet travaillent dans le bâtiment. L’un d’eux surtout me fascine, un très grand gars aux yeux clairs, coiffé d’une casquette, bien entendu, avec un pantalon bouffant ceinturé par une large écharpe d’étoffe rouge des gars du bâtiment. Nous nous baladons ensemble et il me raconte le bat’ d’Af’ et les batailles sur les chantiers [...] Je me demande si le reproche essentiel qu’on lui fait n’est pas surtout son comportement anarchiste. En tout cas, ni lui, ni ses copains de Bagnolet ne se sentent vraiment à l’aise au milieu des intellectuels trotskystes. » (Yvan Craipeau, Le nez dans les étoiles, mémoire d’un dinosaure trotskyste, inédit).

Davanne quitta, en octobre 1933, la Ligue pour suivre le groupe de l’Union communiste. Il écrivit en décembre dans son organe, L’Internationale, un article, sur « la marche de la faim » organisée par l’Union des comités de chômeurs animée par le Parti communiste. L’échec relatif de cette manifestation provenait, à ses yeux, de « la fausse conception du front unique par en bas » qui inspirait la politique du Parti communiste. Après les événements de février 1934, il prit contact avec la majorité du rayon communiste de Saint-Denis et avec Jacques Doriot qui l’incita à fonder à Bagnolet un groupe des amis de l’Unité.

Davanne fut candidat doriotiste aux élections municipales de mai 1935, au conseil général dans la 3e circonscription de Pantin en mai 1935 (71 voix) et aux élections législatives du 26 avril 1936 dans la 1re circonscription de Saint-Denis (Pantin). Il recueillit 239 voix sur 28 705 inscrits (0,8 %) et 24 721 votants ; le communiste Marcel Gitton* fut élu dès le premier tour.

Davanne était toujours secrétaire général du syndicat des chiffonniers de la région parisienne. Son nom n’apparaît plus dans la presse militante après 1936.

Domicilié à Thiais (Val-de-Marne), il mourut à Ivry-sur-Seine le 29 avril 1981. Il était resté célibataire et habitait à Thiais.