Par Daniel Grason
Né le 23 novembre 1906 à Paris (XIIe arr.), mort au camp de Dora en Allemagne le 18 avril 1945 ; ajusteur-outilleur ; communiste ; résistant.
Fils de Pierre, vingt-huit ans, maçon et de Clotilde Bresse, vingt-cinq ans, ménagère, ses parents se marièrent le 5 août 1914 en mairie du XIIe arrondissement. Marcel Daveau épousa le 6 novembre 1937 Célina Dumez, la couple vivait 26 rue Villiot à Paris (XIIe arr.). Chef d’équipe à l’entreprise Bonin au 64, rue Amelot à Paris (XIe arr.) il était secrétaire de la section syndicale CGT, adhéra au parti communiste en 1937.
L’activité du Parti communiste a été interdite par le décret-loi du 26 septembre 1939, Marcel Daveau continua de militer. Sous le pseudonyme de Ludovic, il devint responsable « des masses » du triangle de direction de la région Est de la Région parisienne avec Charles Roth et Pierre Neve.
Il fut interpellé le 8 novembre 1941 à son domicile pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, la perquisition a été infructueuse. Incarcéré à la prison de la Santé, il comparut le 16 novembre 1942 devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris, fut condamné à cinq ans de prison, 1200 francs d’amende et au maximum de la contrainte par corps.
Transféré à la prison de Melun, puis à celle de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne), il fut dirigé sur Compiègne. Le 11 mai 1944 il était dans le convoi de 2073 hommes à destination de Buchenwald en Allemagne. Marcel Daveau ne resta pas dans ce camp, il fut transféré à Dora. Le camp a été libéré le 11 avril 1945 par l’armée américaine, ils découvrirent des centaines de mourants. Marcel Daveau mourut le 18 avril 1945.
Son épouse Célina, découpeuse, témoigna le 26 janvier 1945 devant la commission d’épuration de la police. Elle déclara : « J’ai été relaxée le soir-même, après interrogatoire sans avoir été maltraitée. »
« Mon mari a été détenu durant quatre jours dans les locaux des Brigades spéciales où il a été affreusement maltraité. »
« Lorsqu’il a été écroué à la prison de la Santé et que j’ai pu obtenir un permis de visite, j’ai eu du mal à le reconnaître tellement il était défiguré. »
« Il m’a dit que les inspecteurs, dans le but d’obtenir des aveux, lui avait trempé la tête dans un seau d’eau savonneuse et qu’au moment où il relevait la tête, suffoqué, ils le frappaient violemment à coups de poings en plein visage et sur le corps. »
« J’ai remarqué qu’il avait la chair entourant l’œil gauche complètement écrasée. Mon époux m’a dit avoir le corps absolument noir des coups qu’il avait reçus. »
« J’ai personnellement vu [Charles] Delarue frapper d’un coup de poing en plein visage, un jeune détenu dont il voulait obtenir l’aveu qu’il me connaissait. Ce jeune homme après le coup, crachait le sang à pleine bouche. »
Elle porta plainte contre les policiers qui arrêtèrent son mari et « particulièrement contre [Charles] Delarue en raison des violences dont il est l’auteur et des paroles qu’il a prononcé à ma fillette âgée de dix ans, ne lui cachant pas « qu’il allait faire fusiller son père » »
Marcel Daveau a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Après la Libération, Charles Delarue a été arrêté, jugé, condamné à vingt ans de travaux forcés. Interné en septembre 1947 au camp de Noé en Haute-Garonne, il s’évada à la faveur d’une mutinerie. En 1950, en difficultés financières, mais en possession d’archives des brigades spéciales, il rencontra le commissaire Jean Dides, tous deux créèrent une officine anticommuniste. En 1954, Charles Delarue se mettra au service du patronat.
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. 89 rapport du 13 novembre 1941, 77 W 3116-306505, transmis par Gilles Morin : 1 W 701-23168. – Bureau Résistance GR 16 P 160109. – État civil numérisé 12N 219 acte n° 3608. – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Les policiers français sous l’Occupation, Éd. Perrin, 2001, p. 173-174. – Claude Angeli & Paul Gillet, La police dans la politique (1944-1954), Grasset, 1967, pp. 299-304.