DEFUIDES Auguste, Henri

Par Yves Lequin, Justinine Raymond et R. Pierre

Né à Privas (Ardèche) le 10 mars 1862, mort à Valence (Drôme) le 5 mars 1935 ; marié, père de trois enfants ; ouvrier, il exerça divers métiers manuels ; militant syndicaliste, socialiste, puis communiste, de la Drôme.

Auguste Defuides appartenait à une pauvre famille de mineurs ; dès sa jeunesse, il pratiqua ce dur métier à la mine de fer de Privas, qui fut abandonnée par la suite. En 1892, il vint travailler à Bourg-lès-Valence, où il fut d’abord chauffeur de chaudière, puis à partir de 1904 ouvrier caviste.

Le 30 novembre 1895, il présida la première réunion de la Chambre syndicale des ouvriers métallurgistes de Valence et en devint le secrétaire adjoint. En 1898, il fut de ceux qui reconstruisirent le groupe de Valence, entré en léthargie, et, en avril 1899, c’est lui qui organisa un meeting d’A. Zévaès qui fut l’un des premiers signe d’une vitalité retrouvée. Cette formation fut le noyau d’une fédération affiliée au POF, mais elle s’en sépara en 1900 pour l’autonomie, et Defuides avec elle ; il devint alors trésorier de la Fédération socialiste autonome, puis de 1905 à 1909 de la Fédération du Parti socialiste SFIO dont il était le militant ouvrier le plus actif et le plus populaire. Defuides, par ailleurs très proche de la vie syndicale — il avait représenté en 1901 divers syndicats de Valence au 6e congrès de la CGT à Lyon et en 1904, trois chambres ouvrières de Valence au 8e congrès de la CGT, à Bourges — avait été, avec J. Nadi, le grand artisan de l’unité. Dans les années suivantes, il poursuivit son action d’organisation et de propagande, particulièrement dans l’Ardèche voisine ; il fut un des leaders du réveil syndical en 1907-1908 à Privas et, en juillet 1907, s’y présenta aux élections cantonales, contre l’industriel-sénateur Auguste Fougeirol ; il ne recueillit que 400 voix sur 2 200 votants, mais sa candidature avait surtout eu un caractère de propagande syndicale ; au printemps 1909, il fut l’organisateur des mouleurs en métaux de Soyons (Ardèche) qui, d’emblée, adhérèrent à la CGT. Il avait représenté sa fédération aux congrès nationaux SFIO de Nancy (1907) et de Toulouse (1908). Ajoutons que Defuides fut aussi en 1905 et 1906 le trésorier de la Bourse du Travail de Valence. D’autre part, s’il fut candidat aux élections municipales à Bourg-lès-Valence en 1900 et 1904 sur des listes de coalition, et en 1908 sur une liste socialiste, il ne fut jamais élu.

À partir de 1910, Auguste Defuides cessa d’assumer des responsabilités syndicales et politiques. Était-il découragé par les désillusions provoquées par une orientation de plus en plus opportuniste et électoraliste de la Fédération socialiste, par le malaise profond qu’entraîna dans les milieux ouvriers et socialistes de Valence la trahison de Roux-Costadau* ?. Il faut aussi tenir compte de difficultés familiales et matérielles : Defuides perdit sa femme, resta veuf avec trois jeunes enfants et de maigres ressources ; il se remaria en 1917, mais connut le chômage au cours de la crise qui suivit la guerre, alla pour un temps travailler aux chantiers municipaux à Romans (Drôme) puis revint à Bourg-lès-Valence s’embaucher comme ouvrier galocher.

Toutefois, sans militer activement, Auguste Defuides resta fidèle aux organisations ouvrières ; il rejoignit le Parti communiste après sa fondation, et le souvenir de son activité passée était encore assez vivace en 1928 pour qu’il fût désigné comme candidat du Bloc ouvrier et paysan aux élections législatives dans la circonscription de Die (Drôme) face au député radical sortant Léon Archimbaud, qui depuis 1906 n’avait jamais eu de concurrent à gauche. Dans cet arrondissement rural, il obtint 880 voix.

Auguste Defuides termina sa vie dans la famille de son fils Marcel Defuides*, militant syndicaliste et communiste, auquel il transmit l’expérience d’une vie de labeur et d’un long passé de militant ouvrier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article108707, notice DEFUIDES Auguste, Henri par Yves Lequin, Justinine Raymond et R. Pierre, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Yves Lequin, Justinine Raymond et R. Pierre

SOURCES : Arch. Nat., F7/12 498 et F7/12 765. — Arch. Dép. Drôme 13 M 48, M 88-89, 35 M 56., M 1 673. — Le Prolétaire, hebdomadaire socialiste, de 1904 à 1910. — Le Travailleur Alpin, hebdomadaire régional communiste, mars 1935. — Renseignements fournis par Marcel Defuides. — R. Pierre ; Les origines du syndicalisme et du socialisme dans la Drôme, Éd. Sociales, 1973, pp. 121, 130, 156. — Comptes rendus des congrès du Parti socialiste. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, I, pp. 243 à 258. — Élie Reynier, Histoire de Privas, III, Privas, 1951, p. 176.

ICONOGRAPHIE : R. Pierre, op. cit., hors-texte.

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