DELABUXIÈRE Gaston

Par Claude Pennetier

Né le 7 février 1875 à Bourges (Cher) ; employé de banque puis employé de bureau à l’École de Pyrotechnie ; antisémite puis antimilitariste et syndicaliste révolutionnaire puis collaborateur au journal de droite L’Indépendant du Cher.

Gaston Delabuxière était décrit par les rapports de police comme blond aux yeux bleus, mince, mesurant 1,72 m. Employé jeune à la banque Hervet de Bourges, il fut renvoyé et s’engagea dans l’infanterie coloniale. À sa libération, il revint à Bourges, et travailla aux Établissements militaires comme employé de bureau à l’École de Pyrotechnie. Il complétait ses revenus en vendant du charbon et des poissons. Selon un rapport du 23 novembre 1909, « il fit pendant quelque temps de l’antisémitisme qu’il abandonna pour se lancer dans la politique révolutionnaire et l’antimilitarisme ». Delabuxière devint le chef de file des syndicalistes révolutionnaires. En décembre 1907, il se présenta au secrétariat général du syndicat contre le réformiste Lucain. Sur 2 200 syndiqués, 2 107 votèrent : Lucain obtint 1 375 voix contre 629 à Delabuxière. Le conflit s’aggrava entre tendances et le 22 novembre 1908, Lucain demanda son exclusion pour « manoeuvres déloyales à l’occasion du vote de félicitations aux délégués envoyés auprès de Monsieur Chéron ». Il semble que Delabuxière avait mené campagne par affiches contre la participation de syndicalistes aux commissions consultatives ministérielles. L’employé de la pyrotechnie manifestait à toute occasion son antimilitarisme ; ainsi dans la nuit du 1er au 2 mai 1908, à deux heures du matin, il entraîna une quarantaine de militants à chanter l’Internationale devant le quartier général du 8e corps d’armée. On comprend mal pourquoi Delabuxière ne fut pas inscrit au Carnet B alors qu’en 1909, ses principaux « lieutenants » (Roi, Légèret, Mangin) y figuraient. En 1911, il changea brusquement d’attitude politique. Sous le prétexte de combattre le syndicat « Lucain », il publia sous divers pseudonymes dans le journal de droite L’Indépendant du Cher, une série d’articles « dont quelques-uns d’allure presque patriotique ». Il y attaquait Lucain et Hervier « à qui il voue une haine profonde » mais aussi le directeur de la Pyrotechnie réputé libéral. En février 1912, Delabuxière quitta Bourges pour se fixer à Douai (Nord) où il travailla à l’Atelier de construction. Le préfet du Cher signalait que son inscription au Carnet B restait ajournée mais son nom était à l’annexe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article108805, notice DELABUXIÈRE Gaston par Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Cher, 25 M 46, 25 M 52, 25 M 132. — L’Émancipateur, 1908.

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