DELASSUS Marcel

Par Elouan Rochcongar

Né en 1892 à Condé-Folie (Somme), mort en 1967 ; militant SFIO, délégué départemental du RNP dans la Somme.

Marcel Delassus naquit en 1892 à Condé-Folie (Somme) d’un père employé de fabrique et d’une mère ménagère. La Grande Guerre va profondément marquer une carrière politique placée sous le signe du pacifisme. Mobilisé dans l’infanterie, il gravit les échelons de la hiérarchie militaire et attegnit le grade de Lieutenant de réserve en 1918 après avoir été distingué par quatre citations à l’ordre de son Régiment, de sa Division (deux fois), et de son Corps d’Armée. Gazé, ayant perdu l’usage d’un œil et d’un bras, il fut décoré de deux Croix de guerre avec étoile de bronze et d’argent ainsi que, en 1918, de la Légion d’honneur dont il devint Commandeur.
Pensionné à 100 %, il se maria, s’installa à Woincourt (Somme) où il exerça la profession d’instituteur et s’engagea politiquement à gauche. Adhérent de la SFIO, il en devint le secrétaire dans le canton d’Ault qu’il représenta au conseil d’Arrondissement entre 1931 et 1934. En 1932, il se présenta aux législatives dans la 2e circonscription d’Amiens où son faible score (2 207 voix sur les 21 599 électeurs inscrits) le poussa au désistement en faveur du candidat du Parti radical. En 1933, proche de la tendance néo-socialiste, il fut à l’initiative du Comité de Défense antifasciste du Vimeu qu’il présida avant de suivre Marcel Déat et de quitter la SFIO pour le Parti Socialiste de France.
Sous l’Occupation, désormais retraité mais ayant conservé ses anciennes relations politiques, il fut sollicité par Georges Albertini* pour adhérer au RNP, proposition qu’il accepta en raison, expliquera-t-il à la Libération, de ses convictions « pacifistes ». Nommé Délégué départemental du Rassemblement à la fin de l’année 1942 en remplacement de l’ancien libertaire et syndicaliste amiénois Lucien Graux, il se montra particulièrement actif dans ses nouvelles fonctions, s’empressant d’écrire au Préfet pour l’entretenir du marché noir, enregistrant une dizaine d’adhésions et, tous les deux mois, tenant réunion à Amiens, tandis que son fils s’engageait dans la Milice en 1944. Parallèlement, il exerça les fonctions de secrétaire de mairie dans son village. Le 17 août 1944, son engagement ouvertement collaborationniste lui valut d’être victime d’un attentat à Condé-Folie. Grièvement blessé et hospitalisé, il fut emmené par des Miliciens à Saint-Quentin puis les suivit dans leur retraite jusqu’en Allemagne. En septembre 1944, il fut nommé par la Commission gouvernementale française de Sigmaringen aux fonctions de rédacteur à la « Solidarité Nationale » et chargé des renseignements relatifs aux invalides de guerre et du travail. Devant l’avance des Alliés, il fut une ultime fois évacué en mars 1945 vers le sud de la Bavière avant de solliciter, à l’arrivée des Américains, son rapatriement en France où il fut interné au camp du Struthof. Traduit devant la Chambre civique en janvier 1946 après une première condamnation par contumace à la dégradation nationale à vie, il fut finalement frappé de 5 ans de dégradation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article108933, notice DELASSUS Marcel par Elouan Rochcongar, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 25 octobre 2018.

Par Elouan Rochcongar

SOURCES : Arch. Dép. Somme : 1 R 1051 (Registres de matricules militaires), 965 W 33 (Cour Régionale de Justice, Chambre civique), 26W821 (Cabinet du Préfet), Z 691 (Le Travailleur de Somme et Oise, 6-13 août 1933 et 26 août-1er septembre 1933) – Arch. Nat. F7/13749, rapport du 25 mai 1929. — Notice du Maitron, 1914-1939, par Yves Le Maner.
Sources de la notice par Yves Le Maner : Arch. Nat. F7/13749, rapport du 25 mai 1929. — Arch. Dép. Somme, Z 691 (Le Travailleur de Somme et Oise, 6-13 août 1933 et 26 août-1er septembre 1933). — Renseignements fournis par Léon Tellier.

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