DELCAYROU Jean

Par Francis Colbac

Né à Castelnau-sur-Gupie (Lot-et-Garonne) ; postier révoqué, agent d’affaires ; militant pacifiste et antifasciste périgourdin.

Du début des années 30 à la guerre, Jean Delcayrou, qui avait été postier et avait été révoqué, fut de toutes les initiatives contre la guerre et le fascisme. Il n’appartint jamais ni au Parti SFIO ni au Parti communiste, tout en cheminant le plus souvent plus près du second. Il fut durant toutes ces années l’animateur de la Libre Pensée dont il était le délégué départemental et au nom de laquelle il prit la parole dans une multitude de réunions, meetings, ou fêtes, organisés soit par les socialistes ou les confédérés, soit par les communistes ou les unitaires. Il était également président du comité départemental « Rolland-Barbusse » contre la guerre et présida à ce titre le meeting organisé à Périgueux le 15 septembre 1932 avec la participation de Barbusse.

Il contribua aussi durant cette période aux actions du Secours rouge international.

Il était également à cette date président du comité des jeunes contre la guerre et présida en décembre 1933 le congrès des jeunes contre la guerre et le fascisme, réuni à Jumilhac-le-Grand (Dordogne). Le même mois, il présida à Périgueux un meeting de solidarité et de défense des inculpés de l’incendie du Reichstag.

Il devint en 1934 président du comité local Amsterdam-Pleyel, intervint à ce titre à la réunion publique où Vaillant Couturier fit le compte rendu du congrès d’Amsterdam et présida à Périgueux le 27 février 1937 un meeting de ce comité pour la paix et la liberté. Ce fut au cours de l’année 1934 qu’il déploya l’activité la plus incessante et fit entendre son éloquence tantôt lyrique, tantôt humoristique dans des dizaines de réunions, appelant à la lutte unie contre le fascisme ; il parla notamment à la grande manifestation unitaire du 12 février 1934 qui vit près de 15 000 périgourdins dans la rue. Il avait d’ailleurs toujours appelé de ses vœux cette unité d’action. Lors d’un meeting antifasciste organisé le 31 mai 1933 par la section communiste et l’Union locale unitaire, il concluait ainsi son discours : « La Vérité, c’est que dans tous les combats contre la guerre et le fascisme nous trouvons toujours les communistes au premier rang. Lorsque le feu est à la maison, il n’est pas d’usage de demander aux pompiers leurs opinions politiques. Eh bien ! le feu est près d’éclater. Aux socialistes et aux confédérés, nous qui ne sommes pas communistes, nous disons : venez à nous ! » (Le Travailleur du Centre-Ouest, 10 juin 1933).

Il fut par ailleurs candidat obstiné et toujours malheureux à toute une série d’élections, pour lesquelles il se présentait régulièrement sous l’étiquette « indépendant de gauche » : municipales de Périgueux en 1929 et 1930 (isolé) ; sénatoriales de 1929 ; cantonales de Périgueux en 1931 ; législatives (circonscription Périgueux 1re) en 1929 et 1932. À la « note comique » délibérée que ses programmes et ses campagnes apportaient à ces élections se mêlaient toutefois de fréquents aspects démagogiques.

Ces candidatures à répétition lui valurent en tout cas à Périgueux et alentour une incontestable popularité qu’il mit avec persévérance les années suivantes au service de causes plus sérieuses, d’abord et surtout au service de la lutte antifasciste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article109023, notice DELCAYROU Jean par Francis Colbac, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 7 mai 2016.

Par Francis Colbac

SOURCES : Arch. Dép. Dordogne, 3M85, 3M87, 3M118, 3M283, 3M291, 4M186, 4M195, 4M196, 4M47, 1M77. — Le Travailleur du Centre-Ouest. — Le Travailleur de la Dordogne.

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