Par Yves Le Maner
Né le 6 juin 1883 à Wattrelos (Nord) ; mort à Roubaix (Nord) le 17 septembre 1939 ; ouvrier textile ; militant syndicaliste et socialiste.
Jules Delvainquière connut une enfance misérable : son père, tisserand, fut tué accidentellement, laissant une veuve et quatre jeunes enfants.
Pour être embauché à l’âge de onze ans, Jules Delvainquière dut fournir une lettre de recommandation du curé de sa paroisse et c’est de là que naquit son anticléricalisme, alimenté plus tard du refus, par un ardent tempérament, de la résignation alors souvent prêchée par le clergé.
Très jeune il adhéra au syndicat, mais son action revendicative lui interdit bientôt d’exercer son métier de tisserand dans les usines de la région. Il s’établit alors cabaretier, rue Saint-Joseph, à Wattrelos.
Pendant l’occupation allemande de 1914-1918, il assura la direction du service de ravitaillement de la ville.
Devenu l’un des dirigeants du syndicat du Textile de Wattrelos, il mena en particulier la grève, dite des « quat’sous » au début de l’année 1921, ce qui lui valut dix-sept jours de prison. Devenu secrétaire adjoint du syndicat après sa détention, il en fut le délégué, avec le secrétaire Henri Lefebvre* au Ve congrès de l’Union départementale CGT du Nord qui se tint à Lille le 26 juin 1921. Resté fidèle à la « vieille maison » lors de la scission qui intervint à l’issue du congrès, Delvainquière continua d’assumer la direction du syndicat aux côtés d’H. Lefebvre, puis en devint le secrétaire à la mort de ce dernier en 1937, les confédérés ayant conservé le bureau du syndicat à l’issue de la réunification de 1935. Pendant cette période, il mena de nombreux conflits sociaux dans la région roubaisienne et assista à la plupart des congrès nationaux de la Fédération CGT du Textile ainsi qu’au congrès international de Stockholm (Suède) en 1937 ; il siégea également au Conseil supérieur du Travail.
Membre du Parti socialiste SFIO, Jules Delvainquière fut dans l’entre-deux-guerres secrétaire de la section locale de Wattrelos (plus de deux cents adhérents), conseiller municipal puis adjoint au maire de cette localité.
Par Yves Le Maner
SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 154/279 et M 595/38B. — F.-X. Roets : Le Mouvement ouvrier à Roubaix-Tourcoing de 1914 à la fin de la IVe République, Mémoire de Maîtrise, Lille 1968.