DROUS Noélie (Léonie SOURD dite), épouse GALLET

Par Michel Dreyfus

Née en 1886 en Savoie ; institutrice ; syndicaliste CGT puis CGTU ; féministe ; militante du Parti socialiste, du Parti communiste, de l’Union socialiste communiste puis du Parti d’unité prolétarienne.

Née dans une famille bourgeoise très aisée mais dans laquelle les hommes dilapidèrent la fortune existante, Noélie Drous devint féministe, semble-t-il, en réaction à la légèreté masculine qu’elle connut dès son enfance. L’expérience de son mariage accéléra probablement cette évolution.

Le vrai nom de Noélie Drous était Léonie Sourd ; elle choisit cet anagramme comme nom de plume et nom public, vraisemblablement parce qu’il « sonnait » mieux. Noélie Drous perdit sa mère à l’âge de neuf ans et fut élevée ainsi qu’une sœur et un frère par une grand-tante. Tous firent de bonnes études et entrèrent dans l’enseignement. Noélie Drous entra à l’École normale de Chambéry en 1906 et obtint son premier poste en Savoie en 1909. En raison de son mariage, elle vint exercer à Paris en 1914 mais dut, bien que normalienne, passer le concours des intérimaires de la ville de Paris ; elle fut reçue en 1916 et resta cependant intérimaire jusqu’en 1921, date à laquelle elle fut reclassée. Elle enseigna à Paris jusqu’à sa retraite en 1948.

Avant 1914, Noélie Drous avait appartenu au syndicalisme enseignant en Savoie. Après la Première Guerre mondiale elle eut plusieurs responsabilités syndicales : membre du conseil syndical de la Seine de 1921 à 1923, elle fut archiviste et s’occupa de la rédaction de Semailles, bulletin officiel du syndicat de l’enseignement laïque. Elle fit également partie d’une commission pédagogique pour les écoles syndicalistes de l’Union départementale de la Seine. Enfin elle fut aussi secrétaire de l’Orphelinat ouvrier d’Épône et secrétaire adjointe des trois maisons de repos de l’enseignement. Il ne semble pas cependant qu’elle ait eu d’activité syndicale notable après 1923.

Le féminisme de Noélie Drous fut antérieur et plus profond que son syndicalisme. Il semble bien que des circonstances familiales l’orientèrent tôt vers le féminisme dans la mesure où les hommes jouèrent dans sa famille un rôle fort négatif. De plus elle s’opposa très vite à l’architecte qu’elle avait épousé en 1914 dans la mesure où il refusait son féminisme et son pacifisme : ardent patriote, il alla jusqu’à s’engager comme volontaire pendant la Première Guerre lorsque Noélie Drous témoigna en 1917 au procès d’Hélène Brion.

L’activité féministe de Noélie Drous s’étendit donc sur une longue période. Elle commença à militer au sein de la Fédération féministe universitaire (FFU) et se rendit au congrès que cette organisation tint à Bordeaux en 1913. Son féminisme l’orienta en 1914 vers le pacifisme. Elle participa dès ses débuts, en 1917, au groupe qui publia le journal La Voix des femmes. Pendant toute la guerre elle fut pacifiste et participa à partir de 1917 avec des personnes telles que Marguerite Thévenet, Gabrielle Duchêne, Marthe Bigot, etc., à la Société d’études et d’information sur les origines de la guerre qui se réunissait de façon quasi-clandestine. Son féminisme s’accompagna parfois d’un certain anti-masculinisme.

Noélie Drous avait appartenu à la SFIO avant la Première guerre. Elle accueillit la Révolution russe avec enthousiasme et rallia le Parti communiste dès le congrès de Tours. En 1921, elle fut un membre fondateur du Comité central pour la propagande communiste parmi les femmes. Son nom n’apparaît pas cependant sur le premier numéro de L’Ouvrière, « organe communiste des travailleuses manuelles et intellectuelles », qui parut le 11 mars 1922 et fut présenté par L.-O. Frossard* dans les termes suivants : « L’Internationale nous a prescrit de mettre debout un organe de propagande parmi les femmes. Le voici... ». Il n’est pas impossible que, dès cette époque, elle eut certains désaccords avec le Parti comme il apparaît dans l’article qu’elle écrivit pour La Voix des femmes (n° 203, 11 mai 1922) : « Pas de catéchisme pour les enfants » : Elle y disait notamment : « ... Y verser [dans le cerveau de l’enfant] le communisme ne vaut pas mieux, pour la formation spirituelle, qu’y verser le patriotisme ou le papisme parce que communisme, papisme ou patriotisme ne sauraient être soumis à une critique sérieuse par un enfant ». Ces désaccords, son appartenance à une loge maçonnique expliquent probablement son départ du Parti communiste en janvier 1923 avec L.-O. Frossard*. Noélie Drous milita ensuite à l’Union socialiste communiste — et s’exprima plusieurs fois dans son bulletin, L’Unité ouvrière. Lorsque l’Union socialiste communiste devenue, à partir d’octobre 1927, Parti socialiste-communiste, fusionna à la fin de l’année 1930 avec une autre scission du Parti communiste, le Parti ouvrier paysan pour former le Parti d’unité prolétarienne, Noélie Drous appartint à la nouvelle organisation et à son Comité central. Elle en était encore membre en octobre 1933.

Ces multiples activités ne l’empêchèrent pas de poursuivre son action féministe. Elle continua à s’occuper de La Voix des femmes et en fut rédactrice en chef de 1923 à 1925. Elle appartint à la Ligue d’action féministe dont La Voix des femmes annonça la création le 18 février 1926 (numéro 310). L’année suivante, en février 1927, elle participa à un meeting « de propagande républicaine et féministe » organisé par La Voix des femmes et le groupe de la Démocratie féministe dont elle était secrétaire. Participèrent à ce meeting également les sénateurs Brenier et Bachelet, les députés Louis Proust et René Richard, tous deux membres du Groupe parlementaire de défense des droits de la femme, Paul Louis, secrétaire général de l’USC, Mesdames Mouttet-Lallemand, Noélie Drous (toutes deux membres de la Démocratie féministe), Marie-Thérèse Gil Baer, Marcelle Capy*, Yvonne Netter, Alice Jouenne*, rédactrice en chef de la Femme coopératrice, Marthe Pichorel* secrétaire des Groupes féministes universitaires. Elle continua vraisemblablement à travailler avec ce journal qui prit au début des années 1930 une orientation de plus en plus pacifiste.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article110762, notice DROUS Noélie (Léonie SOURD dite), épouse GALLET par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 2 septembre 2020.

Par Michel Dreyfus

ŒUVRE : Sous la tempête. Poésies. Préface d’Hélène Brion, Épône, Société d’édition et de librairie de « L’Avenir social », 1920, 24 p. — Collaboration aux journaux cités dans la biographie.

SOURCES : Anne-Marie Sohn, Féminisme et syndicalisme. Les institutrices de la Fédération unitaire de l’enseignement de 1919 à 1935, thèse de 3e cycle, Nanterre ainsi qu’un entretien avec Noélie Drous le 16 mars 1971. — L’École émancipée. — La Voix des femmes. — L’Unité ouvrière, organe de l’Union socialiste-communiste. — L’Unité, organe du Parti d’unité prolétarienne. — L’Ouvrière, n° 5, avril 1922, n° 14, 10 juin 1922, n° 24, 19 août 1922.

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