DUBLED Gustave, Auguste

Dubled naquit dans un foyer pauvre, d’un père ouvrier dans l’industrie textile et d’une mère servante qui le laissa orphelin à dix-sept jours. Il fut élevé avec ses six sœurs par son grand-père, ouvrier agricole, qui le garda auprès de lui quand le père se remaria. Dès l’âge de huit ans, il travailla comme domestique de ferme. D’une robuste corpulence à seize ans, il put entrer comme frappeur de chaudières à l’usine de Fives-Lille, où il revint après quatre ans de service accompli en Algérie. Mais, peu après, membre du syndicat des chaudronniers et, ayant réclamé une augmentation de salaire pour lui et ses compagnons, l’ayant maintenue malgré une promesse d’avancement personnel, il fut congédié. En 1892, il entra comme apprêteur à la teinturerie Hannart à Wasquehal.

Depuis 1891, il appartenait à un groupe socialiste adhérant au POF et au syndicat textile. Sa parfaite connaissance des milieux ouvriers ruraux et urbains le mettait à l’aise dans les réunions de « coqueleux », comme dans les rassemblements de Fives ; sa connaissance du flamand lui attirait des sympathies chez les Belges récemment naturalisés, en particulier parmi ceux qui fréquentaient l’épicerie-buvette de sa belle-mère originaire de la région d’Hazebrouck en Flandre française.

Le POF mit largement à profit ses aptitudes et son dévouement. Dès 1892, il posa sa candidature au conseil municipal de Wasquehal contre la droite cléricale et la gauche radicale. Il échoua et, sans se décourager, continua son action politique, tout en participant à la vie syndicale et à la coopération. Le 18 février 1895, il fonda la coopérative « l’Humanité » qui groupa 245 sociétaires pour une population de 5 000 habitants. Il fut élu conseiller municipal de Wasquehal en 1904 et devint l’adjoint au maire Lejeune-Mulliez qui devait bientôt quitter le PS de France. Dubled fut alors le véritable animateur de la section de Wasquehal qui compta 54 membres et se réunissait au cabaret du Coq-gris. La fédération socialiste SFIO du Nord le délégua aux congrès nationaux de Paris (juillet 1910), Saint-Quentin (1911) et Lyon (1912). Il fut réélu conseiller municipal en 1908 ; il était depuis 1907 conseiller d’arr. À la mairie, il s’attacha aux œuvres de protection de la mère, de l’enfant et du travailleur ; il suscita par appel au bureau de bienfaisance et emprunt au Crédit foncier une active construction de logements populaires. Il apporta son aide aux amicales laïques.

En 1910, la fédération du Nord du Parti socialiste SFIO posa sa candidature dans la 6e circonscription de Lille. Il recueillit 8 181 voix sur 26 138 inscrits et fut élu au second tour. Ce prolétaire, député du rang, fut un propagandiste allant d’un bout à l’autre du pays. Il se montra parfois sévère envers les élus qui négligeaient de payer leurs cotisations supplémentaires. Il fut réélu en 1914 et mourut deux ans plus tard, en pleine guerre.