DUCROS Charles

Par Justinien Raymond et Roger Pierre

Né le 26 mars 1863 à Bourg-de-Péage (Drôme), mort le 18 janvier 1945 à Bourg-de-Péage (Drôme) ; ouvrier en chaussures, puis représentant ; militant socialiste ; maire de Bourg-de-Péage.

Fils de Victor Joseph, ouvrier cordier, et d’Annette Gontard, sans profession, Charles Ducros naquit à Bourg-de-Péage, petite ville jumelle de Romans, mais plus ouvrière qu’elle et qui allait voter massivement contre l’Empire et organiser des syndicats de chapeliers dès 1868.

Ouvrier en chaussures, Ch. Ducros entra dans l’action socialiste en constituant dès 1888, à l’exemple de Romans, un embryon d’organisation. Mêlé à la vie ouvrière de sa ville et de la cité voisine, il présida à Romans la manifestation du 1er mai 1894. En 1900, il seconda activement Jules Nadi dans l’organisation de la Fédération socialiste autonome Drôme-Ardèche. Il en fut un des plus actifs propagandistes. Il avait du talent, de la verve dans les réunions contradictoires, bien que son niveau d’instruction et de culture fût des plus modestes. Il lisait la presse et les brochures socialistes et s’il en avait retenu quelques formules marxistes qu’il était alors un des rares à vulgariser dans la Drôme, cela ne doit pas faire illusion sur sa pénétration dans l’œuvre de Marx. Il insistait sur la concentration industrielle, sur la lutte de classes, sur l’impossibilité pour le régime capitaliste d’éviter les crises inhérentes au système. Il n’oubliait pas pour autant les revendications politiques du moment : il demandait la suppression du Sénat, des armées permanentes, le droit de vote pour les femmes, l’extension des prud’hommes et l’interdiction des congrégations. D’ailleurs, il militait en outre à la Libre Pensée. Comme beaucoup de militants ouvriers que leur action exposait aux vindictes patronales, il trouva un refuge et une liberté de manœuvre dans la représentation : celle d’une marque locale d’absinthe « Premier ». Néanmoins, il laissa localement les rôles de chefs à Bonnardel, à Nadi et à Roux-Costadau, d’autant que sa première tentative électorale tourna court.

Le 23 février 1902, le congrès de Valence le désigna comme candidat dans cette circonscription pour les élections législatives.

Les fonds manquaient. Des discordes s’élevèrent dans la Fédération. L’adversaire radical, Maurice Faure, était une forte personnalité. Charles Ducros ne recueillit que 332 voix dont 142 à Bourg-de-Péage sur 20 484 votants. Il fut plus heureux aux élections municipales de Bourg-de-Péage en 1904. En tête d’une liste socialiste de toutes les tendances, il recueillit 588 suffrages et fut le seul élu. Malgré l’unité réalisée à l’échelle nationale, il ne fut pas réélu en 1908.

Au lendemain de la guerre, en décembre 1919, Charles Ducros conduisit à un succès total la liste des candidats socialistes et fut élu maire. Il donna le nom de Jean Jaurès* à la Grande Rue, créa une caisse de chômage, augmenta la subvention à la Bourse du Travail, fit voter par son conseil des vœux pacifistes et écarta les demandes de subsides des écoles confessionnelles.

Charles Ducros fut le candidat du Parti socialiste à une élection sénatoriale, le 11 janvier 1920 ; il obtint 65 voix sur 723 suffrages exprimés au premier tour. En 1925, il fut réélu maire, à la tête d’une liste de Cartel des gauches ; mais cette coalition se disloqua et, à la suite de dissensions à l’intérieur du groupe socialiste, de critiques dont il fut l’objet, Charles Ducros ne se représenta pas aux élections municipales en 1929, ne cachant pas son amertume devant « des hostilités sourdes » dont il se déclarait victime. La liste socialiste, dont son adjoint Léopold Cotte* était l’un des dirigeants, fut battue par la liste radicale du docteur Eynard.

Ch. Ducros termina son existence comme employé à la caisse d’épargne de Romans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article111083, notice DUCROS Charles par Justinien Raymond et Roger Pierre, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 4 mai 2021.

Par Justinien Raymond et Roger Pierre

SOURCES : Arch. Dép. Drôme, M 87, 9 M 20 et 9 M 26, 13 M 46. — Arch. Mun. Bourg-de-Péage. — Le Bonhomme Jacquemart, 24 avril, 15 mai 1929. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, pp. 246, 247, 249.

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