DUDILIEUX Édouard, Léon, François

Par Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 13 octobre 1881 à Paris (XIXe arr.), mort le 28 mai 1951 à Paris XXe arr. ; ouvrier imprimeur ; militant syndicaliste et communiste ; membre de la Commission exécutive (1922-1931) et du bureau (1923-1929) de la CGTU ; membre du comité central et du bureau politique du PCF (1926-1929).

Édouard Dudilieux était fils de François Dudilieux, maçon, et de Catherine Rosalie Roullet, sans profession, né en leur domicile 3 rue du Plateau, Paris XIXe arr.
Il fit son service militaire de novembre 1902- à septembre 1903.

Il était avant la Grande Guerre, secrétaire général du Syndicat de l’imprimerie et typographie parisienne depuis 1909 et militant syndicaliste très actif. Avec Raveaun Monatte et Godonnèche, il luttait,contre les dirigeants réformistes de la Fédération du livre, Keufer et Liochon. Il assista comme délégué au XVIIIe congrès national corporatif — 12e de la CGT — et à la 5e conférence des Bourses du Travail tenus au Havre du 16 au 23 septembre 1912.

En juin 1914, Dudilieux souscrivit soixante actions de 250 F de la société dite « Maison des Syndicats » et devint membre de son conseil d’administration. Il habitait alors, 7, rue des Envierges, à Paris, XXe arr.

Mobilisé à la déclaration de guerre, il appartint au 86e régiment d’infanterie. Nommé caporal le 21 octobre 1914, il fut blessé le 9 mars 1916, cote 349, Vaux (Meuse). Il reprit l’action syndicale à sa démobilisation et, en avril 1919, était délégué de son organisation à l’Union des syndicats de la Seine ; il fut notamment, en novembre, l’un des leaders des linotypistes, rotativistes et correcteurs en grève.

Dès la fin de la guerre, il avait pris position en faveur de la tendance révolutionnaire, s’intéressant particulièrement à la création des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR). Il fut leur candidat au secrétariat de l’Union des syndicats de la Seine et élu à ce poste le 9 décembre 1920 ; il l’occupa deux ans, conformément aux statuts, présenta sa démission à la fin de 1922, au retour d’un voyage en Russie. Il était assisté au secrétariat de Monmousseau et Vadecard. Quant à la composition de la Commission exécutive, elle avait varié. La CE en exercice du 1er janvier 1921 au IIe congrès de la Seine, novembre 1921, comprenait : Marcelle Brunet (Enseignement), Anzalric (Coiffeurs), Bisch (Voiture-Aviation), Chaverot (Cheminots), Chazalnoël (Terrassiers), Gilhodes (Comptables), Jouve (Bâtiment), Le Pen (Monteurs-Électriciens), Liger (Peintres), Maison (Voyageurs, Représentants de Commerce), Racamond (Boulangers), Sirolle (Cheminots), Teulade (Charpentiers en bois), Vallet J.-B. (Charpentiers en fer), Vuistaz (Menuisiers).

La CE élue par le IIe congrès extraordinaire de la Seine, 9 avril 1922 était assez différente (les trois secrétaires étant les mêmes) : Marcelle Brunet (Enseignement), Boville (Boulangers), Chauvel (Municipaux), Chaverot (Cheminots), Cordier (Coiffeurs), Dewinne (Gaz de Paris), Fargue (Transports et Manutentions), Froment (Transports en commun), Gilhodes (Comptables), Guerbois (Asiles, Hospices), Onoric (Bâtiment), Paradis (Métaux), Suel (Ébénistes), Vallet J.-B. (Charpentiers en fer), Vignaud (Camionnage).

Lors du IIIe congrès de l’Union des syndicats de la Seine, 24-25 décembre 1922, le secrétariat remanié, fut composé de Chivalié, Dudilieux, Vadecard. Quant à la CE, elle vit disparaître Boville, Chaverot, Fargue, Onoric et Vallet et accueillit Clément (Fourreurs en confection) et Coussinet du Comité départemental des Comités intersyndicaux.

Dudilieux fut remplacé le 28 mars 1923 par Honoré Raynaud*. Entre-temps, il avait joué un rôle actif au congrès parisien unitaire de décembre 1921, et il avait pris la tête de la délégation envoyée au siège de la CGT, 211, rue Lafayette, pour exposer les thèses de la minorité révolutionnaire.

Désigné par la Fédération unitaire des travailleurs du Livre, il fut élu membre de la Commission exécutive de la CGTU au congrès de Saint-Étienne au printemps de 1922, et devait y siéger jusqu’en 1931. En 1923, il présenta le projet de résolution des événements d’Allemagne au IIe congrès confédéral à Bourges, et, bien que non membre du PC prit la tête de la motion d’orientation majoritaire dont l’adoption se traduisit par l’élimination des syndicalistes révolutionnaires. En janvier, d’ailleurs, il avait été désigné comme secrétaire confédéral intérimaire pour remplir le mandat de Gaston Monmousseau*, inculpé de complot contre la Sûreté de l’État et écroué à la Santé. Il entra statutairement au bureau et au secrétariat à l’occasion du congrès, et y demeura jusqu’en 1929.

En novembre 1922, il avait déjà représenté la CGTU au congrès de l’Internationale syndicale rouge à Moscou et à son retour avait déclaré au IIIe congrès de l’Union des syndicats de la Seine (décembre 1922) : l’adhésion de la CGTU à l’ISR a été « faite en conformité et avec le respect scrupuleux du mandat de Saint-Étienne [...] J’affirme que nous avons satisfaction sur les deux points essentiels : l’autonomie nationale et l’autonomie internationale » (compte rendu p. 53).

La police notait qu’en octobre 1924, il avait sollicité un passeport pour Prague, « pour affaire », « En réalité, il se rendait à Moscou afin de rencontrer les représentants des Partis communistes étrangers dans le but de mettre au point un plan d’action pour contrarier l’application du plan Dawes » (Arch. Jean Maitron, fiche Dudilieux). Il se rendit pour la seconde fois à Moscou en avril 1925, afin d’assister à la conférence du Comité exécutif élargi de la IIIe Internationale. Le Bureau politique du Parti communiste réuni le 5 juin 1925 évoqua son ralliement prochain au PC. Quelques mois plus tard, le 5 juillet 1925, Monmousseau, Racamond et Dudilieux annoncèrent leur adhésion au Parti communiste par un article intitulé « Pourquoi nous adhérons au PC » (L’Humanité). Dudilieux fut affecté au 2e rayon de la Région parisienne et entra au Comité central comme au Bureau politique dès le congrès de Lille (20-26 juin 1926). Monmousseau et Racamond bénéficiaient de la même promotion. La direction du parti jugeant excessive la présence de trois secrétaires de la CGTU au Bureau politique, l’écarta. Mais Dudilieux était vraisemblablement en disgrâce car l’année suivante il quitta le secrétariat de la CGTU. Fut-il réélu au Comité central lors du congrès de Saint-Denis (31 mars-7 avril 1929) ? La police l’affirme, cependant son nom n’apparaît pas dans les listes établies par l’Institut Maurice Thorez, sur la base de la participation aux sessions.

Ancien secrétaire du comité d’action en faveur des anarchistes italiens Sacco et Vanzetti, exécutés aux USA, Dudilieux occupait de nombreuses responsabilités au Secours rouge international, à l’Union des Cercles de coopérateurs, à l’Université populaire du XXe arr. (il habitait dans cet arr., 7, rue des Envierges). Il assurait la vice-présidence de la Caisse nationale syndicale de la Solidarité ouvrière. Présenté par les rapports de police comme un « orateur prudent et très écouté », il dirigeait les débats dans les congrès et les commissions. L’assemblée générale de la Banque ouvrière et paysanne réunie le 13 avril 1929 l’avait élu commissaire aux comptes.

Comme la plupart des dirigeants nationaux du Parti communiste, Dudilieux eut des ennuis avec la justice pendant l’année 1929. Arrêté le 24 juillet pour atteinte à la sûreté de l’État, comme organisateur des manifestations du 1er août contre la guerre, il fut mis en liberté provisoire le 9 mai 1930 et appréhendé à nouveau le 1er août 1930. Son nom disparut alors des rapports de police de la presse syndicale ou politique et des comptes rendus de congrès. Arrêté le 16 octobre 1940 et interné administrativement au Centre de séjour surveillé d’Aincourt (Seine-et-Oise), il expliqua sa situation dans une lettre adressée le 24 octobre 1940 au président de la Commission de vérification : « en raison de mon âge et pour raison de santé, j’ai, depuis plus de dix ans, cessé toute activité militante, me consacrant uniquement au seul exercice de mon métier d’imprimeur typographe [...] Nulle trace d’une activité extérieure quelconque ne peut, dans les moindres faits, être relevé contre moi au cours de cette période décennale ». Il demandait donc sa liberté pour aider sa famille et « apporter ma modeste contribution au relèvement du pays ». Le syndicat général du Livre (légal) intervint en sa faveur le 25 février 1941 (Arch. PPo., Ba/1697). Transféré au camp de Pithiviers (Loiret) le 24 septembre 1942 gravement malade (G. Beaugrand, Souvenirs inédits, p. 200), il fut libéré le 10 novembre 1942.

Domicilié au 7 rue des Envierges, il mourut le 28 mai 1951 à Paris XXe arr., 4 rue de la Chine (hôpital Tenon),

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article111096, notice DUDILIEUX Édouard, Léon, François par Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 10 décembre 2019.

Par Yves Lequin, Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/12989, F7/13053, F7/13092, F7/13112, F7/13586, F7/13618. — Arch. PPo., Cabinet du préfet 300, Ba/1697. — AD Paris. Acte de naissance n°2907, du 14/10/1881, Paris 19e ; acte de décès n° 1510 du 28/05/1951, Paris 20e. Matricule militaire N° 3978, 1er bureau de recrutement de la Seine, classe 1901 (notes de Christian Henrisey). — Arch. Jean Maitron. — Comptes rendus des congrès nationaux de la CGTU, 1922 à 1929. — Comptes rendus des congrès de l’Union des syndicats de la Seine.

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