DUMAS Charles, Antoine

Par Justinien Raymond, Georges Rougeron

Né le 21 juillet 1883 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mort le 4 mai 1955 à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) ; avocat, journaliste ; militant socialiste.

D’origine et d’éducation bourgeoise, Charles Dumas fut gagné au socialisme au cours de ses études à Paris et, en 1902, il adhéra au Parti socialiste de France. Surmené, il fut envoyé en repos à Dun-le-Palleteau (?) dans la Creuse où il s’attacha avec l’ardeur du néophyte à répandre ses idées, à créer des groupes en compagnie du militant creusois Jean Dufour. Il fut ainsi un des pères de la Fédération de la Creuse constituée par l’adhésion de sept groupes au congrès de La Souterraine (avril 1904). Elle le délégua aux congrès du Parti socialiste à Chalon-sur-Saône (octobre 1905) et à Toulouse (1908). Par son action dans la Creuse, Dumas se lia aux socialistes de la Haute-Vienne, et délaissa le barreau où, licencié en droit, il venait de s’inscrire pour le journalisme de combat, collaborant à la presse de Limoges, à celle de l’Allier et du Cher.

Sa santé rétablie, il gagna le département de l’Allier, berceau de sa famille, et y continua son action de propagandiste, fondant des sections socialistes et menant dans la presse une campagne contre la municipalité de droite de Montluçon. Il représenta la Fédération départementale à plusieurs congrès nationaux du Parti socialiste : à Limoges (1906), Nancy (1907), Paris (juillet 1910), Saint-Quentin (1911) et à Amiens (1914). Sans abandonner son action dans l’Allier, Charles Dumas, répondant à l’appel de Jules Guesde*, assura une collaboration assidue au journal-revue Le Socialisme, non exclusive d’autres collaborations.

Aux élections législatives de 1910, candidat du Parti socialiste SFIO dans l’arr. de Lapalisse (Allier) composé de soixante-dix-sept communes à peu près exclusivement rurales et qu’il parcourut à bicyclette, Dumas recueillit 10 410 voix au premier tour de scrutin sur 32 547 inscrits contre 9 331 à Marcel Régnier, député sortant, notabilité radicale. Ce dernier se retira et Ch. Dumas fut élu par 12 637 suffrages contre 9 892 à M. Roux, modéré. Il siégea à la commission de l’Agriculture et, dès le 17 juin 1910, moins de deux mois après son élection, monta à la tribune de la Chambre des députés pour demander une enquête avant la validation de l’élection de Gérault-Richard entachée selon lui de violences et de pressions à la Guadeloupe. Parmi les plus jeunes parlementaires, le Groupe socialiste l’employa à diverses missions à l’étranger, l’amenant à délaisser quelque peu le terrain local et il se vit en difficultés en arrivant second derrière un candidat radical-socialiste, avec 6 787 voix sur 23 301 votants et 32 223 inscrits, le 26 avril 1914. Il ne put effectuer une remontée suffisante, échouant avec 10 928 sur 23 466 votant le 8 mai.

Battu en 1914, Ch. Dumas fut, en août, choisi comme chef de cabinet, par Jules Guesde*, ministre sans portefeuille dans le cabinet d’union sacrée présidé par Viviani, puis redevint journaliste socialiste.

Après la guerre, le 14 décembre 1919, Charles Dumas se présenta, sans succès, au conseil général dans le canton de Jaligny (Allier). Ce fut sa dernière tentative électorale.

Il entra de nouveau dans la vie publique après les élections de 1936 comme chef de cabinet de Marx Dormoy*, sous-secrétaire à la présidence du Conseil, puis ministre de l’Intérieur de 1936 à 1938. Par la suite, il représenta l’État au conseil d’administration de la compagnie de l’Ouenza.

Durant l’Occupation, il fit partie du comité directeur du Parti socialiste clandestin en zone nord, lançant, en 1941, une brochure : De la capitulation à la trahison. Réélu au comité directeur provisoire par le congrès national des 9-12 novembre 1944, il y siégea jusqu’en 1949.

Rédacteur au Populaire après la Libération, Charles Dumas a fait paraître un ouvrage sur les causes de la défaite de 1940 : La France trahie et livrée. Il fut désigné, le 18 novembre 1947, pour faire partie de l’Assemblée de l’Union française siégeant à Versailles. Ce mandat lui fut confirmé le 12 juillet 1952 et il le détint jusqu’à sa mort.

Très tôt, Ch. Dumas avait été atteint d’une surdité qui, en certaines circonstances, ne lui permit point d’affirmer toute sa mesure.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article111277, notice DUMAS Charles, Antoine par Justinien Raymond, Georges Rougeron, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 15 avril 2020.

Par Justinien Raymond, Georges Rougeron

ŒUVRE : Le Petit commerce à la Chambre, brochure, 1912. — Libérez les indigènes ou renoncez aux colonies, 1914. — Les Socialistes et la guerre. — La Paix que nous voulons, brochure, 1915. — La vérité sur les Bolcheviks. — De la capitulation à la trahison, 1941, Bibl. Nat. Rés. 16° Lb 58/950. — Rapport sur le projet de constitution proposé par le comité exécutif du Parti socialiste, s.l.n.d. (1944) 12 ff., Bibl. Nat. 4° Lb 58/773. — La France trahie et livrée, Paris, 1945, 307 p. (Bibl. Nat. 16° La 42/37).
Collaborations : Ch. Dumas collabora aux journaux et revues suivants : Le Socialiste du Centre. — Le Populaire du Centre. — Le Combat de l’Allier. — L’Émancipateur du Cher. — Le Socialisme. — Le Populaire. — La Revue socialiste (postérieurement à 1945).

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 66, 228 et La France socialiste, op. cit., p. 335. — Marc Sadoun, Les socialistes sous l’Occupation, Paris, Presses de la FNSP, 1984. — L’Humanité, 13 et 18 juin 1910. — Notes communiquées par G. Rougeron.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 335.

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