DUMAY Agnès, Anna, Joséphine, née MARGINÈDES Agnès, Anna, Joséphine (dite Madame Agnès)

Par Antoine Olivesi

Née le 6 octobre 1885 à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), morte le 2 novembre 1938 à Madrid (Espagne) ; ouvrière métallurgiste ; militante au syndicat des Métaux (CGTU) de la région parisienne, au syndicat des marins de Marseille, déléguée du comité mondial des femmes.

Archives familiales, cliché transmis par Éric Forichon.

Fille de Pierre Marginèdes*, douanier, militant communiste originaire de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), Agnès Dumay travailla comme ouvrière-métallurgiste pendant plusieurs années, à Paris, notamment chez Thomson-Houston. Elle milita de bonne heure dans l’action syndicale et politique, et participa à la campagne de Libération des marins de la mer Noire. Elle était, en même temps, membre de la commission exécutive du Syndicat des Métaux CGTU de la région parisienne, et membre de la commission féminine unitaire.

Le 25 mars 1911, elle épousa Auguste Dumay dont elle eut deux enfants (voir Alphonse Dumay), et vint s’installer avec lui à Marseille à partir de 1922. Elle s’inscrivit à la cellule communiste des marins et organisa le groupe des Femmes, dans le cadre d’un comité des mères, des veuves et des femmes contre la guerre. En 1928, elle faisait partie du syndicat des marins unitaires de Marseille.

Selon Provence nouvelle du 14 mai 1953, sa fille Juliette, militante de vingt ans, première épouse de Charles Nédélec*, mourut « des suites des brutalités policières dans une manifestation contre la guerre ». Cette présentation est peut-être excessive : selon un témoignage, Juliette, de santé fragile, aurait vu son mal s’aggraver après une manifestation particulièrement dure.

Déléguée du Syndicat unitaire de métaux de la Seine, elle fut une des douze français partis d’Ostende, le 31 octobre 1929 à bord du Roudzoutak, pour participer en URSS aux cérémonies du 12e anniversaire de la Révolution russe. Elle revint vers la fin du mois de novembre.

À l’époque du Front populaire, Agnès Dumay, plus connue à Marseille sous le nom de Madame Agnès, fit preuve d’une grande activité. En 1934, elle fut déléguée au Congrès mondial des Femmes et, à l’automne elle fit campagne pour J. Cristofol aux élections cantonales. Elle se manifesta surtout pendant les grandes grèves des dockers de 1935-1936. Elle organisa la solidarité aux grévistes par la collecte d’argent et de vivres, l’organisation de soupes, les prises de parole en public. Après leur victoire, les dockers de Marseille la nommèrent « docker d’honneur », titre dont elle était très fière. Agnès Dumay était, en 1936, membre du bureau régional du PC.

Avec les Femmes communistes, elle fut présente à de nombreux meetings à Marseille et dans la région. Sa maison, rue Curiol, était ouverte à tous les militants. « Sensible, généreuse, Agnès était la vie même » écrit à son sujet Raymonde Tillon qui militait alors à Marseille et qui la considérait comme sa mère.

Lors de la guerre d’Espagne, Agnès Dumay fit partie de la délégation qui, au cours de l’hiver 1936-1937, s’embarqua sur le premier navire chargé de vivres qui accosta à Alicante. À son retour d’Espagne, elle fit plusieurs conférences notamment à Arles, le 3 février 1937, et surtout à Marseille.

En octobre 1938, Agnès Dumay fut déléguée par le Comité mondial des Femmes pour assister à la Conférence internationale de solidarité à Madrid. Elle y trouva la mort le 2 novembre à la suite d’un bombardement de l’aviation hitlérienne. Son corps fut ramené à Marseille où elle fut inhumée le 10 décembre 1938 devant un grand nombre de militants. Paul Quilici, dans Provence Socialiste évoque les « obsèques grandioses [...] sous un ciel bas et gris [...] d’Agnès Dumay assassinée par les franquistes ». Des milliers d’hommes et de femmes suivirent son convoi funèbre et les délégations socialistes (Fédération, Femmes, Jeunes, Secours à l’Espagne) furent importantes parmi les autres organismes de toute la gauche. Une souscription fut organisée pour édifier un tombeau à celle qu’on avait surnommée « la Passionaria marseillaise ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article111302, notice DUMAY Agnès, Anna, Joséphine, née MARGINÈDES Agnès, Anna, Joséphine (dite Madame Agnès) par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 19 janvier 2021.

Par Antoine Olivesi

Archives familiales, cliché transmis par Éric Forichon.

ŒUVRE : Nombreux articles dans Rouge-Midi.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13771, rapport de décembre 1930. — Arch. PPo. 321. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/10804, rapport du 15 juin 1926 ; M 6/10807, rapport du 16 janvier 1928 ; M 6/10809, rapport du 3 février 1937 ; M 6/10874, rapport du 19 janvier 1937 ; XIVM 25/133. — Le Petit Provençal, notamment les 11 septembre, 6 et 10 octobre 1934 et simple avis de décès, le 10 décembre 1938). — Rouge-Midi, notamment le 7 mars 1936 (photo), le 14 août 1936, les 12 et 19 janvier 1937, le 16 mars 1937, les 16 mai et 2 juin 1939 ; L’Humanité, La Voix Ouvrière, Femmes (novembre-décembre 1938). — Provence Socialiste, 19 décembre 1939. — Renseignements fournis par Raymonde Tillon et par la mairie du Creusot (État civil). — A. Mouton, Notes d’un Vétéran, op. cit., p. 80. — C. Brohon, « Militantes et femmes syndicalistes dans les Bouches-du-Rhône à l’époque du Front populaire », Université de Provence, 1985. — L’Appel des Soviets, n° 14, novembre 1929 (notes de Rachel Mazuy).

ICONOGRAPHIE : Marseillaises, Edisud, 1999, p. 95.

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