DUMORTIER Jeannil, Fernand, Edouard

Par Gilles Morin

Né le 28 juin 1911 à Attichy (Oise), mort le 18 février 1993 à Fontenay-lès-Briis (Essonne) ; professeur de collège technique ; résistant ; militant socialiste du Pas-de-Calais, maire de Saint-Martin-de-Boulogne (1944-1977), conseiller général de Boulogne-Sud (1955-1979), député (1956-1973).

Jeannil Dumortier
Jeannil Dumortier
Député

Fils de Fernand Dumortier, ébéniste, et de Jeanne Ménard, institutrice, Jeannil Dumortier fit ses études au lycée Félix-Faure de Beauvais et au lycée Lakanal de Sceaux, où il obtint son baccalauréat de sciences, avant d’entrer à l’École normale supérieure de l’enseignement technique. Il avait été admissible à l’École polytechnique.

Il s’était marié en janvier 1934 avec Germaine Tissier. Jeannil Dumortier eut trois enfants Il devint professeur certifié à l’École pratique de commerce, d’industrie et de mécaniciens de Marine, devenue collège technique de Boulogne-sur-Mer où il exerça de 1936 à 1956.

Jeannil Dumortier donna son adhésion aux Étudiants socialistes en 1927, puis à la SFIO. Il adhéra à la section de Saint-Martin-de-Boulogne où il fut élu conseiller municipal socialiste en 1938, contre la municipalité radicale. Il fit la campagne 1939-1940, comme lieutenant d’artillerie.

Résistant, membre de Libération-Nord, Dumortier participa activement à la Libération de Boulogne et fut décoré de la Croix de guerre pour cette action militaire. Désigné par le Comité de Libération de Saint-Martin comme président de la délégation spéciale de la ville à la Libération, il prit en charge l’administration d’une ville de 8 000 habitants sinistrée. Puis, il fut élu maire en avril 1945, fonction qu’il conserva sans interruption jusqu’en 1971. Il devint par ailleurs président du syndicat d’électrification du boulonnais qui réalisa l’électrification de très nombreux écarts.

Le maire de Boulogne joua un rôle actif dans la fédération socialiste du Pas-de-Calais : il fut membre du bureau fédéral en 1946, appartint à la commission exécutive en 1947-1963 et à la commission administrative de la fédération des élus socialistes en juillet 1953.

Candidat aux élections cantonales de 1949 à Boulogne-sud, Dumortier obtient 35,8 % des suffrages, mais fut battu par le candidat RPF, la candidate communiste se maintenant au 2e tour (elle obtint alors 21,5 % des suffrages). Il fut élu conseiller général au renouvellement suivant, siégeant de 1955 à 1979 (canton de Boulogne-sud) et participa au 4e bureau de l’Assemblée départementale, s’intéressant surtout au sort du port de Boulogne.

Il figurait sur les listes socialistes lors des élections législatives de juin 1946 en quatrième position. Il fut élu député socialiste le 2 janvier 1956 et le demeura jusqu’en 1973. Dès 1956, il fut désigné comme rapporteur de la commission des Travaux publics, des transports et du tourisme et fut reconduit les deux années suivantes. Il fut par ailleurs rapporteur du budget de la SNCF et du budget des Ponts-et-Chaussées terrestres et maritimes et fut nommé président de la sous-commission des Ports maritimes de l’Assemblée.

Dans la SFIO, Dumortier soutint la politique de Guy Mollet. Il approuva ainsi les positions majoritaires lors de la crise de la CED, puis sur l’Algérie, appuya le retour au pouvoir du général de Gaulle le 1er juin 1958, et appela à voter le projet de Constitution. En novembre 1958, il fit une campagne résolument anticommuniste, contre le « Parti de l’étranger » et les « staliniens ». Il n’occupa guère de fonction au plan national, même s’il participa à des réunions nationales du parti. Il appartint à la commission « tactique et institutions » du conseil national des 3 et 4 mai 1958, fut désigné comme responsable parlementaire de la commission nationale d’études, section transports, en 1959. Partisan du maintien de l’Algérie dans la France, il fut signataire de la motion Max Lejeune au congrès national de 1960 puis milita à la tendance « Bataille socialiste », conduite par Alain Savary* et les partisans de Guy Mollet, après le congrès du Parti socialiste en 1971. Il était toujours membre des « Amis » de la tendance « Bataille socialiste » en 1974.

Démissionnaire du Parti socialiste, Dumortier rejoignit la Fédération des socialistes démocrates en mai 1977. Après sa défaite, comme divers droite, aux élections municipales de 1977 (avec 238 voix de retard), l’élection municipale fut annulée par le tribunal administratif. En 1979, il fut battu par Lengagne aux renouvellements des cantonales et perdit son dernier mandat qu’il détenait depuis près d’un quart de siècle.

Jeannil Dumortier présidait l’Agence de Bassin Artois-Picardie (1974-1980). Croix de guerre en 1944, il était chevalier de l’ordre du Mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article111375, notice DUMORTIER Jeannil, Fernand, Edouard par Gilles Morin, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 28 août 2022.

Par Gilles Morin

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Jeannil Dumortier
Député

SOURCES : Arch. Nat., F1cII/249, 279, 305, 314, 452, 566, 671, 703. — Arch. OURS, dossiers Pas-de-Calais. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 114, 116. — Rapports des congrès de la fédération SFIO du Pas-de-Calais, 1945-1967. — J. Derville, La Fédération socialiste SFIO du Pas-de-Calais, 1944-1969, thèse d’études politiques, Paris, FNSP, 1970. — L’Espoir socialiste, n° spécial. — Fichier « Bataille socialiste », fonds C. Fuzier. — Who’s who in France, éd. 1979-1980. — Renseignements communiqués par Jeannil Dumortier le 22 octobre 1982. — Notice DBMOF, par Jean Maitron et Claude Pennetier. — SHD Vincennes, GR 16 P 200475.— Notes d’Alain Dalançon. — Notes de sa fille, Catherine Aubert Dumortier.

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