DUTILLOY Louis, Charles, Alexandre

Par Yves Le Maner et Justinien Raymond

Né le 13 juillet 1856 à Corbie (Somme), mort vraisemblablement en 1932 ; directeur d’une usine de velours puis receveur des hospices d’Amiens ; militant socialiste ; conseiller général.

Orphelin de père à l’âge de sept ans, Louis Dutilloy fit des études primaires puis secondaires à Corbie où sa mère était négociante en bonneterie. Employé dans le commerce maternel il se maria en 1881 et s’établit alors à Amiens où il prit la direction d’une usine de velours à partir de 1893. Dutilloy conserva cette fonction jusqu’en 1901 date à laquelle il fut nommé receveur des Hospices d’Amiens, fonction qu’il assuma jusqu’à sa retraite en 1924. Il mena une vie politique très active dès son arrivée à Amiens, oscilla entre radicalisme et socialisme et opta finalement pour un socialisme très modéré.

On trouve les premières traces de son activité entre 1888 et 1893 ; il adhéra successivement à divers groupes et syndicats : l’Union républicaine, l’Union démocratique, le syndicat des tisseurs. En 1891, il fonda avec Charles Vérecque* le groupe des socialistes picards et publia en 1892-1893 le Réveil de la Somme au nom de la Fédération des syndicats d’Amiens. 1895 fut le tournant de la carrière politique de Louis Dutilloy : candidat aux élections du conseil d’arrondissement et à celles du conseil général, il fut élu conseiller d’arrondissement au 2e tour de scrutin mais il opta pour le conseil général où il l’emporta au second tour dans le canton Nord-Ouest d’Amiens, sous l’étiquette « républicain socialiste » ; désormais, Louis Dutilloy fut constamment réélu et siégea au conseil général jusqu’en 1925.

Au congrès de Paris, salle Japy (1899), il représenta la Ligue socialiste et ouvrière d’Amiens, adhérente des groupements indépendants. En novembre 1902, il adhéra à l’Union socialiste ; après l’avoir quittée, il rejoignit la section socialiste SFIO d’Amiens en 1907. Il donna de nombreuses conférences, participa à toutes les manifestations : en avril 1893, il appartint au bureau d’une réunion animée par Paul Lafargue ; en décembre 1903, il présida une conférence du député socialiste belge Émile Vandervelde sur le collectivisme. À partir de 1906, Dutilloy collabora à l’organe socialiste picard Le Cri du Peuple.

Pendant plusieurs années, il fut secrétaire adjoint de la Fédération de la Somme qui le délégua aux congrès nationaux de Paris (1910), Saint-Quentin (1911) et Amiens (1914).

Dutilloy entra au conseil municipal d’Amiens comme socialiste en 1902. On l’y retrouve en 1914 et en 1924. Il fut président de la commission départementale et rapporteur du budget de l’Assistance publique. Il échoua deux fois aux élections sénatoriales : en 1899, comme radical ; en 1908, comme socialiste. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Louis Dutilloy appartenait toujours à la commission administrative de la Fédération de la Somme du Parti SFIO et fut candidat aux législatives de 1919. Après la scission de 1921, il resta fidèle à la SFIO avec la vieille garde amiénoise et il fut à nouveau élu secrétaire adjoint lors du congrès du 30 janvier 1921. Dutilloy était alors secrétaire national du syndicat CGT des receveurs spéciaux et municipaux. Sa retraite politique (1925) suivit de peu sa retraite professionnelle.

Franc-maçon, Dutilloy était Vénérable de la Loge de Picardie. Il présida, au début du siècle, la Fédération de la Somme de la Ligue des droits de l’Homme. Il appartenait également au Cercle picard de la Ligue de l’Enseignement, fut délégué cantonal, fondateur et secrétaire général de l’Union départementale des délégués cantonaux.

À partir de 1925, on perd toute trace de Louis Dutilloy jusqu’à l’année probable de son décès, 1932.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article111890, notice DUTILLOY Louis, Charles, Alexandre par Yves Le Maner et Justinien Raymond, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 2 août 2013.

Par Yves Le Maner et Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Nat. F7/(Fe 89, 92, 93, 125) et F7/13621. — Arch. Dép. Somme, M 81195. — Le Cri du Peuple, n° 12, novembre 1902 et n° du 6 février 1921. — Germinal, n° 140, 10 octobre 1908 ; n° 147, 15 octobre 1908 ; n° 151, 17 décembre 1908. — Le Travailleur picard ; 22 avril 1893-3 juin 1893. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 626. — Renseignements fournis par la Préfecture de la Somme et par Léon Tellier.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 622.

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