EISENRING Alexandre

Alexandre Eisenring était le fils de Joseph Eisenring, menuisier, catholique et de Marie-Anne Pfister. Il a épousé le 1er août 1914 à Guebwiller Mathilde Wendling, ouvrière textile, qui décéda le 7 octobre 1923 ; il épousa en deuxièmes noces le 7 février 1925 à Mulhouse Eugénie Beyerlé, couturière. Ouvrier ébéniste à Guebwiller, il adhéra en 1904, dès la fin de son apprentissage, au « Syndicat libre » (= social-démocrate) et fut licencié par son patron. Une longue période de chômage le contraignit à chercher un emploi dans l’industrie textile. Après son service militaire dans l’armée allemande, il adhéra au Parti social-démocrate. Il fut mobilisé en 1914, d’abord sur le front occidental, puis, en 1916, à l’intérieur de l’Allemagne.

Le 13 novembre 1918, à Wilhelmshaven, il aurait incité les Alsaciens mobilisés dans la marine allemande à lutter dès leur retour dans leur pays, pour une Alsace autonome dans le cadre de la République allemande. Il dirigea un train de marins démobilisés, qui partit pour Strasbourg le 14 novembre. Accusé de s’être mis au service de la propagande allemande, il publia le 16 novembre à Strasbourg un communiqué où il affirmait ses convictions d’Alsacien et d’internationaliste. Le 20 avril 1919, il assura le secrétariat de la première assemblée générale de l’Union des syndicats des ouvriers de l’industrie textile d’Alsace CGT à Mulhouse. Il fut secrétaire permanent de cette organisation à Guebwiller (1919), à Saint-Amarin (janvier 1920- février 1921), puis à Mulhouse. Arrêté par la gendarmerie le 1er août 1919, sur dénonciation d’un secrétaire des « syndicats indépendants » (= catholiques), qui l’accusait d’avoir fait l’éloge du bolchevisme dans une réunion publique à Moosch le 13 juin 1919, il fut déféré au Conseil de guerre de Strasbourg sous l’inculpation de propagande antimilitariste. Le 30 août 1919, Eisenring fut acquitté après avoir proclamé sa foi dans le socialisme démocratique.

Lors de la constitution de l’Union départementale des syndicats CGT du Haut-Rhin, il en fut nommé secrétaire permanent. Il conserva cette responsabilité après la scission de 1922 et prit le titre de président de l’UD en 1927 : il était, semble-t-il rémunéré par la Fédération des Transports. Président de la SARL « Foyer de l’Ouvrier » fondée avec le soutien de la municipalité SFIO, il prit l’initiative de la construction de la « Maison du Peuple » à Mulhouse inaugurée par Léon Jouhaux le 11 novembre 1934. Pendant les grèves de juin 1936, il joua un rôle important dans les négociations avec le patronat mulhousien et lança le 10 juin aux ouvrières et ouvriers du Haut-Rhin un appel au calme. La montée des effectifs de la CGT réunifiée permit la création d’un poste de secrétaire général permanent de l’UD, dont Eisenring fut titulaire à dater du 22 mai 1937. Sur le plan politique, il était resté fidèle en 1920 à la SFIO, dont il fut président de la section de Mulhouse jusqu’en 1925. Il siégea au Conseil municipal de Mulhouse de 1925 à 1938. Il fut souvent candidat aux élections cantonales. Aux élections législatives, il figura sur la liste socialiste en 1919 et 1924. Il fut candidat à Mulhouse-Campagne contre l’UPR Médard Brogly en 1928 et 1932 et contre Édouard Fuchs (UPR) en 1936. Démissionnaire de tous ses mandats le 14 mai 1938, il émigra au Mexique où son frère avait fait fortune. Il devint directeur d’une filature à Puebla. Il avait conservé des rapports avec ses camarades mulhousiens, auxquels il rendit visite en 1948.