ERNSTEIN Fernand, dit STRAGO

Par Pierre Broué

Né le 23 juillet 1893 à Wloclawek (Pologne russe) ; ingénieur électricien ; militant du Parti socialiste SFIO et des JS.

Fils d’un ouvrier juif émigré de Pologne russe et établi en France, Fernand Ernstein suivit à Paris les cours du soir tout en gagnant sa vie et fut diplômé d’une école supérieure d’électricité.

Militant socialiste de la Seine, il militait sous le pseudonyme de Fernand Strago dans les Jeunesses socialistes et la SFIO. Secrétaire adjoint pour l’extérieur des JS à partir du 3 août 1912, il assura l’intérim du secrétariat général au début 1913 jusqu’au comité national du 1er avril 1913. Il continua ensuite à être secrétaire à l’extérieur.
F. Strago fut délégué au congrès national d’Amiens (janvier 1914) du Parti socialiste SFIO — Voir Bonnefoy A. Il intervint au nom des JS, demandant « qu’on ne nous ignore pas ».
En juin 1914, Strago était membre du bureau des JS avec Maurice Lyon et Oreste Capocci.

En 1914, il fut réformé. L’année suivante, il travaillait à Est-Lumière, était membre de la 5e section du Parti socialiste, et repéré par la police comme pacifiste. Il milita vers la fin de la guerre dans les rangs des Jeunesses socialistes et à la 5e section de la Seine ; il fut délégué au comité fédéral. En 1919, il écrivait dans La Voix des jeunes, le mensuel des JS.

Après l’armistice, il vint dans l’Isère : ingénieur à l’usine Keller et Leleux à Livet-et-Gavet, il habitait Saint-Barthélemy-de-Séchilienne. Il rejoignit immédiatement les rangs de la Fédération socialiste, et intervint notamment lors de son congrès extraordinaire de février 1919, y soutenant la position des « reconstructeurs » dans la question de l’Internationale. Mais la police, du fait de ses origines, voyait en lui l’incarnation du bolchevisme. Le préfet écrivait à son sujet : « Ernstein est un bolchevik militant qui fut lié avec Trotsky et qui semble un de ses agents en France ». La surveillance de son courrier apprit aux autorités qu’on envisageait, à la direction des JS, de le charger de les représenter à la conférence internationale des organisations de Jeunesse à Bâle en août 1919. Le préfet des Pyrénées-Orientales signala à son collègue de l’Isère qu’au cours du déplacement qu’il avait effectué pour son entreprise en mai dans son département, Fernand Ernstein avait été tenu au courant jour par jour de la grève qui se déroulait à Livet-et-Gavet chez Keller et Leleux. Il est vrai que, dès son arrivée, il s’était lié à de jeunes militants de tendance révolutionnaire comme Alfred Doulat qui allait devenir un des principaux partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale. Il fut expulsé par un arrêté du 18 juillet 1919, mais, grâce à l’intervention de Jean-Pierre Raffin-Dugens, obtint plusieurs reports.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article112149, notice ERNSTEIN Fernand, dit STRAGO par Pierre Broué, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 23 septembre 2022.

Par Pierre Broué

SOURCES : Arch. Nat. F7/13574, année 1915. — Arch. Dép. Isère 82 M 2. — Le Socialiste, 1912-1913. — L’Humanité, 7 juin 1914, p. 6. — Gilles Candar, « Les Jeunesses socialistes d’avant 1914, pourquoi tant d’échecs ? », maitron.fr, 2021. — Notes de Julien Chuzeville et Gilles Candar.

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