FABRE Georges, Marius, Gabriel

Par Antoine Olivesi

Né le 25 mars 1881 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 20 novembre 1969 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; avocat ; conseiller d’arrondissement puis conseiller général socialiste du 9e canton de Marseille de 1919 à 1934.

Georges Fabre était le fils d’un commis, Pierre Étienne Fabre. Sa mère était née Arnaud Henriette Augustine.

Il avait été chef de division à la préfecture des Bouches-du-Rhône avant de devenir avocat. Il fut, en 1900, l’un des fondateurs de la Bibliothèque socialiste, 7, rue Crillon, dans le quartier Baille, à Marseille. Cette bibliothèque devint, après l’unité, celle de la 9e section, puis fut considérée, en fait, comme celle de tous les militants socialistes marseillais. Elle servait aussi de salle de conférences, de réunions, voire de congrès. Plus tard, elle fut le siège d’un groupe d’éducation populaire, puis de fêtes socialistes y compris les fêtes enfantines, bien avant la Grande Guerre.

Mobilisé lors de cette dernière au 12e bataillon de chasseurs alpins, il fit l’objet d’une citation.

Dès l’armistice, il reprit son action politique et fut élu conseiller d’arrondissement SFIO le 14 décembre 1919 dans le 9e canton de Marseille avec 1 577 voix au second tour, sur 7 739 électeurs inscrits) battant Bovis, conseiller socialiste indépendant sortant et qui avait « trahi » la SFIO, selon Le Petit Provençal. Il devint conseiller général du même canton l’année suivante à la mort de Pierre Roux* , avec 1 649 voix (sans concurrent) au deuxième tour.

Il était classé alors comme « ambitieux et violent ».

En fait, sa violence ne se manifesta pas sous une forme « révolutionnaire ». En effet, si le 3 mai 1920, au moment de l’épreuve de force entre le gouvernement et la CGT, il signa la motion majoritaire du conseil général protestant contre l’arrestation d’Henri Toti* , si, le 4 septembre, il siégea sur l’estrade aux côtés de Cachin et de Frossard, lors du fameux meeting, il finit par choisir le camp des modérés de la SFIO.

Georges Fabre manifesta ce refus de la scission en participant au congrès départemental extraordinaire de la Fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, qui se tint le 12 décembre à Salon, en prévision du congrès de Tours. De même, quelques jours après ce dernier, il signa, au cours du mois de janvier 1921, plusieurs motions et notamment l’appel de fidélité des élus à la SFIO ; il assura le maintien de sa section, la 9e, au sein de cette dernière, et fut élu membre de la commission provisoire destinée à préparer le congrès fédéral des Bouches-du-Rhône au lendemain de la scission.

Georges Fabre fut réélu conseiller général du 9e canton en mai 1922 avec 2 569 voix sur 7 734 électeurs inscrits et 4 592 votants, au 2e tour contre Vincent Delpuech (Bloc national) futur directeur du Petit Provençal qui combattait alors sa candidature.

Ce dernier quotidien, en revanche, le soutint trois ans plus tard, à la suite de l’affaire Castelnau, lorsqu’il fut condamné à trois mois de prison avec sursis pour outrage à magistrat. Le Petit Provençal fit en effet une campagne en sa faveur et sa peine fut réduite, le 11 juin 1925, à 300 francs d’amende. Libre penseur et franc-maçon, G. Fabre fut délégué au congrès des Loges du Sud-Est en 1926.

Réélu au conseil général en octobre 1928 avec 2 299 voix au second tour sur 9 095 inscrits, Georges Fabre était, à cette époque, vice-président de l’Office départemental des mutilés, réformés et veuves de guerre et président de la commission départementale du Travail.

Tout au long de cette période, Fabre fut également vice-président du conseil général, et pendant trois ans rapporteur général du budget.

Au début des années 30, Fabre, toujours très actif, présidait aussi la commission du chômage et l’œuvre philanthropique d’aide aux chômeurs, en pleine période de crise. Cette dernière l’influença-t-elle alors ? Quoi qu’il en soit, en 1933, Georges Fabre qui avait participé aux cérémonies et fêtes du trentième anniversaire de la Bibliothèque socialiste, se détacha progressivement de la SFIO pour rejoindre les « néos ».

En novembre, il soutint, au cours d’une élection cantonale partielle, la candidature de Charles Gras* contre le candidat du Parti socialiste. En janvier 1934, il se rallia avec de nombreux militants des 6e, 9e et 10e sections, au Parti socialiste de France, et fut considéré par ce dernier comme l’un des principaux animateurs du nouveau mouvement issu de la scission.

Fabre était, du reste, plus proche de Renaudel que de Déat ou de Marquet. Simultanément, en mars-avril 1934, Le Petit Provençal annonça l’exclusion de Fabre de la SFIO et sa propre déclaration selon laquelle il avait quitté cette dernière avant d’être exclu par la Fédération.

Au cours d’une réunion, le 18 avril, Fabre informa ses électeurs qu’il n’appartenait plus à la SFIO. Une des conséquences de cette rupture fut que la Bibliothèque socialiste fut englobée dans cette dissidence !

Le 13 juillet 1934, Fabre annonça sa candidature dans le 9e canton, au nom du PS de F., pour le renouvellement du conseil général en octobre. Il fit campagne en se réclamant de Jaurès — le 1er août — fut aidé par Montagnon lors d’un meeting, le 24 septembre, et sa candidature fut patronnée, comme toutes celles de la gauche, du reste, par Le Petit Provençal. Mais il fut soutenu aussi par Sabiani.

Au second tour, Georges Fabre se désista pour Fernand Maille qui l’avait aidé en 1928 et qui fut donc élu en 1934. Fabre n’avait obtenu que 1 017 voix au premier tour, sur 7 330 votants. Il démissionna d’ailleurs du Parti socialiste de France lorsque ce dernier décida de soutenir contre Maille le radical Bellais favorable au gouvernement Doumergue.

Puis, comme beaucoup de « néos », il se rapprocha de la SFIO à l’époque du Front populaire, tout en renonçant à une vie politique active.

En février-mars 1940, Georges Fabre fut l’avocat du militant communiste Matton* alors en prison.

Georges Fabre était chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie, et titulaire de la médaille d’argent des assurances sociales. Il avait épousé, le 25 juin 1910, à Marseille, Émilie, Alphonsine Perret. Il demeurait alors 60, rue Auguste-Blanqui. Après la guerre, son nom est mentionné sur les listes électorales avec la profession « retraité de la préfecture » et à l’adresse suivante : 16, rue Briffaut.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article112465, notice FABRE Georges, Marius, Gabriel par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/10802, rapport du préfet du 11 juin 1925 ; M 6/10933. — Arch. Com. Marseille, série K, listes électorales 1939 et 1947. — Le Petit provençal, 9, 15, 19 et 22 décembre 1919, 4 mai, 5 septembre 1920, 7, 8 et 18 janvier 1921, 15 et 22 mai 1925, 12, 15 et 22 octobre 1928, 13 février, 13 mai, 20 novembre 1933, 2, 22 et 30 janvier, 3 et 22 février, 1er, 13, 25 et 26 mars, 6, 22 et 24 avril, 2, 8, 9 et 11 octobre 1934. — Rouge-Midi, 29 septembre 1934. — Dictionnaire, t. 11, p. 34 (pour Bovis). — Album des personnalités marseillaises... op. cit., p. 17 (photo). — D. Moulinard, Le Parti communiste à Marseille, op. cit. — Renseignements communiqués par le service de l’état civil de la mairie de Marseille.

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