FALANDRY Charles

Par Madeleine Rebérioux

Né en 1871 ; typographe ; militant syndicaliste et socialiste toulousain.

Les parents de Charles Falandry étaient domestiques chez le maire de Blagnac (Haute-Garonne), puis chez le gros papetier Sirven, longtemps maire de Toulouse. Le petit garçon, « travailleur et intelligent » (appréciation du préfet en 1906, Arch. Dép. Haute-Garonne 2 M 48), entra à l’âge de quatorze ans en apprentissage dans une imprimerie ; dès dix-sept ans, il adhérait au syndicat des typographes. Engagé volontaire, il fit son service en Afrique et y fut le témoin de nombreuses « scènes de sauvagerie » (Bourniquel, La Cité, 11 mars 1906). À son retour, en 1891, il entra comme typographe à la Dépêche de Toulouse et adhéra en même temps au groupe blanquiste de Charles de Fitte. Il s’agissait d’une adhésion liée aux circonstances locales : les blanquistes de Toulouse n’étaient pas décidés, contrairement à beaucoup de membres du groupe guesdiste, à rompre inconditionnellement avec les radicaux. Falandry n’avait guère par ailleurs le « tempérament » des leaders blanquistes toulousains, de Fitte ou Pinel. Simple, doux et actif, il évoluera de plus en plus vers un réformisme à la Keufer.

Il conduisait parallèlement ses activités syndicales et politiques. Trésorier de l’Union des syndicats de Toulouse, apprécié au-delà de la ville où il travaillait, il fut délégué des typos de Toulouse aux congrès de la CGT qui se tinrent à Montpellier (1902) et Bourges (1904) et, de plus, des typos de Montauban au congrès d’Amiens en 1906. Il en fit un compte rendu intéressant dans La Cité du 14 octobre 1906. En 1905, au moment de l’unité socialiste, il entra à la commission exécutive de la fédération SFIO de la Haute-Garonne et, le 22 octobre 1905, son élection au conseil municipal de Toulouse avec plus de 12 800 voix contre moins de 9 000 à son adversaire, Court, l’homme assez discrédité de la municipalité radicale, fut saluée comme une immense et prometteuse victoire de l’unité socialiste : dix mille Toulousains défilèrent le soir même, drapeau en tête, des faubourgs vers le Capitole, puis vers le cercle radical des Minimes, enfin vers la Bourse du Travail où se tenait un congrès de cheminots qui invita les socialistes à entrer. Le tout au chant de l’Internationale. En février 1906, toute la liste SFIO entrait au Capitole et Falandry devenait adjoint au maire, chargé du service de la comptabilité. Candidat de principe aux élections législatives du 6 mai dans la 3e circonscription de Toulouse, il obtenait à peine plus de 700 voix et se désistait pour le radical Cruppi. L’année suivante, son élection au conseil général le 4 août 1907 déclenchait une violente manifestation au cours de laquelle se heurtaient socialistes et radicaux et était grièvement blessé le capitaine de gendarmerie Vallin.

Falandry avait-il les capacités nécessaires pour contrôler la comptabilité d’une administration municipale restée très largement dans les mains des radicaux qui ne voyaient dans leur défaite de 1906 qu’un accident passager dans un département où le préfet soutenait naturellement le parti radical-socialiste au pouvoir et où la puissante Dépêche orchestrait les moindres défaillances des socialistes de la municipalité ? Accusé de concussion dans une affaire obscure où il semble surtout s’être rendu coupable « d’imprudence et de légèreté » (Desbals, secrétaire fédéral, en août 1908) ou « d’égoïsme et d’étourderie » (Jaurès, au théâtre du Capitole, le 25 avril 1908), il démissionna au début d’avril 1908 du conseil municipal, fut poursuivi en correctionnelle et condamné à 100 f d’amende le 14 avril pour avoir giflé le reporter du journal royaliste de Toulouse et, finalement au début d’août, acquitté par la cour d’assises. Il resta au Parti, mais milita moins activement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article112579, notice FALANDRY Charles par Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 27 septembre 2022.

Par Madeleine Rebérioux

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Garonne, 2 M 48 et 4 M 112. — Notice biographique de Bourniquel, La Cité, 11 mars 1906. — Articles de Desbals, La Cité, août 1908. — La Dépêche, 1905-1908.

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