FALCUCCI Clément, Dominique

Par Alain Dalançon

Né le 4 août 1895 à Casanova-de-Venaco (Corse), mort le 8 mars 1961 ; professeur de philosophie, inspecteur d’académie, inspecteur général de l’Instruction publique ; militant de la LDH et de la FOL, socialiste, adjoint au maire de Toulouse (1935-1940).

Clément Falcucci était l’un des deux enfants d’un instituteur corse, Nicolas Falcucci, et de Marie, Lucie Viola. En 1909, son père obtint pour lui une bourse d’externat au lycée de Bastia (Corse) où il fut élève jusqu’au baccalauréat, avant de poursuivre ses études supérieures à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Classe 1915, ajourné en 1915 et 1916 pour faiblesse générale et problèmes pulmonaires, il fut affecté en septembre 1917 dans les services auxiliaires au 7e régiment d’artillerie à Ajaccio, mais il ne fit jamais campagne et fut démobilisé le 16 septembre 1919.

Licencié de philosophie en 1916, diplômé d’études supérieures, reçu 5e à l’agrégation de philosophie en 1922, Clément Falcucci fut nommé professeur au lycée de Bastia (Corse). En septembre 1925, il fut délégué inspecteur d’académie en résidence à Privas (Ardèche), mais n’occupa pas le poste « pour raison de famille », puis en février 1926, il fut délégué dans la même fonction à Guéret (Creuse), en remplacement de M. Buscat. Enfin, à la rentrée scolaire 1927, il fut nommé professeur de philosophie au lycée de garçons Pierre de Fermat de Toulouse (Haute-Garonne), où il demeura jusqu’en novembre 1946. À cette même rentrée, madame Falcucci, née Andrée Franck, ancienne sèvrienne, agrégée d’histoire en 1913, fut nommée directrice du lycée de filles de Toulouse.

Militant socialiste, Clément Falcucci fut investi candidat aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928 dans la circonscription de Bourganeuf (Creuse), bien que parti du département depuis six mois. Dans un premier temps, Vincent avait été désigné candidat de la SFIO mais Camille Bénassy, député socialiste de la Creuse (circonscription d’Aubusson), serait intervenu pour que Falcucci acceptât d’être candidat. Il s’installa alors à l’hôtel Jobert à Bourganeuf.

Au soir du premier tour, Falcucci, avec 2 036 voix (sur 13 701 inscrits, 10 656 votants et 10 488 exprimés), arrivait en troisième position, Camille Riffaterre, candidat républicain-socialiste, était en tête (4 868 v.), suivi du communiste Giraud (3 654 v.). Le Parti communiste, dans le cadre de sa nouvelle tactique électorale, préconisait le Front unique à la base ou le maintien de son candidat. La situation en Creuse permettait d’espérer, dans la circonscription de Boussac, l’élection du socialiste Rivière contre l’ancien ministre Binet et, dans la circonscription de Bourganeuf, l’élection de Giraud. Des négociations eurent lieu et aboutirent dans un premier temps à un projet de retrait réciproque. La direction nationale du Parti communiste, consultée par télégramme, désavoua ces initiatives. Mais les positions socialistes furent exploitées par le Parti communiste. L’Humanité du 28 avril 1928 annonçait que le candidat socialiste avait accepté les propositions du Front unique. L’affiche apposée par les communistes parlait de « retrait de la candidature du citoyen Falcucci » et annonçait que le Parti socialiste invitait « tous les travailleurs de l’arrondissement à s’unir pour assurer la défaite de la réaction ». En fait, le Parti socialiste pensait, le 26 avril, que le maintien communiste annoncé était une « provocation et une trahison à l’égard de la classe ouvrière ». Le candidat socialiste était retiré « purement et simplement » et laissait « aux électeurs le soin de juger l’attitude scandaleuse des communistes ». Toutefois, dans la circonscription de Boussac, le candidat communiste ne mena aucune campagne. Et dans la circonscription de Bourganeuf, Riffaterre exploita à fond les déclarations contradictoires. Au deuxième tour, Falcucci recueillit 69 voix et Riffaterre fut élu. Plus tard, le Parti communiste prit des sanctions à l’égard des militants creusois.

À Toulouse, Clément Falcucci fut un actif militant socialiste, très présent, en particulier dans le domaine de l’éducation et de la défense de l’école laïque. En 1929, il écrivit un long article dans La Dépêche en faveur de l’éducation nouvelle ; il faisait des conférences au début des années 1930 pour la Nouvelle École de la Paix, le désarmement et la SDN, la démocratie et la paix, estimant que l’école n’avait pas seulement pour fonction d’apprendre à lire, écrire, compter ; il se faisait le défenseur des écoles normales d’instituteurs, des foyers d’éducation populaires et de leur recrutement à partir des cours complémentaires.

En mai 1935, il fut élu conseiller municipal, adjoint au maire socialiste de Toulouse, Gabriel Ellen-Prévot, chargé de l’instruction publique et des Beaux-Arts. Il apporta son attention à l’accroissement des élèves dans les CC et les écoles primaires supérieures. Il favorisa le développement de la Fédération départementale des œuvres laïques, présidée par le professeur de géographie à la faculté, Daniel Faucher, en mettant à sa disposition de nouveaux locaux par la municipalité ; il succéda à ce dernier en 1938. Il se fit le défenseur très actif des colonies de vacances, des œuvres péri et postscolaires, comme du théâtre et de la musique. Il vulgarisait ses idées dans les programmes de Radio-liberté dont il était membre du conseil de gérance et administrateur. Il collaborait au collège du travail en donnant des cours sur les textes de Jaurès.

En 1936, il était membre de la commission exécutive de la Fédération SFIO de Haute-Garonne, proche de Vincent Auriol, et fit partie de la délégation toulousaine au congrès extraordinaire du parti. Il présidait aussi la section départementale de la Ligue des droits de l’Homme et le Comité d’aide au peuple espagnol à Toulouse. En 1938, il participa à la création, à l’initiative de la Ligue italienne des Droits de l’homme, d’un Comité d’assistance aux réfugiés politiques, avec notamment Daniel Faucher, et son collègue Georges Canguilhem. Il présidait aussi l’Amicale des Corses de la région toulousaine, fonction qu’il laissa en 1937 à M. Villat, professeur à la faculté des lettres, tout en étant président d’honneur.

Clément Falcucci soutint ses thèses de doctorat à la Sorbonne en 1939, avec pour sujet de thèse principale L’humanisme dans l’enseignement secondaire en France au XIXe siècle, pour thèse complémentaire, Le problème de la vérité chez Pascal (publiés chez Privat), et fut chargé d’enseignement à la faculté des lettres de Toulouse en 1939-1940.

Destitué de ses fonctions à la faculté et à la municipalité en novembre 1940, comme franc-maçon, le JO du 20 février 1942 indiqua cependant qu’il avait été porté par erreur dignitaire d’une loge maçonnique.

Après la Libération, Clément Falcucci obtint en juin 1945 son inscription sur la liste d’aptitude des maitres de conférences en philosophie à la faculté des lettres de Toulouse. L’année suivante, en juin 1946, il fut inscrit sur la liste d’aptitude des inspecteurs d’académie et fut nommé en novembre dans le Tarn à Albi, succédant à Maurice Deixonne comme président départemental de la Ligue de l’enseignement. En 1954, il fut nommé inspecteur d’académie dans la Seine et termina sa carrière, à partir de 1957, comme inspecteur général de l’Instruction publique, chargé spécialement de la philosophie dans les écoles normales. Il résidait 35, rue de la Rochefoucauld à Paris (IXe arr.).

Commandeur des palmes académiques, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1948, puis officier en 1960. Une école élémentaire porte son nom à Toulouse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article112591, notice FALCUCCI Clément, Dominique par Alain Dalançon, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 28 juin 2022.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat., base Léonore, dossier Légion d’honneur ; notice c-122118. — Arch. Dép. Corse, registre matricule. — Arch. Dép. Creuse, 3 M 311, 3 M 313.— JO, lois et décrets, 20 juin 1909, septembre 1925, février 1926, 20 juillet 1930, 21 juin 1937, 14 juillet 1937, 19 octobre 1941, 20 février 1942, 2 mai 1946. — La Gazette d’Annonay, 19 septembre 1925 ; La vie Socialiste, 14 mai 1932 ; Le Midi socialiste, 26 mai 1936, La Voix des Travailleurs, août 1936 ; Cahiers des droits de l’homme, 30 septembre 1936 ; très nombreux articles dans La Dépêche durant la décennie 1930. — Le film au service de la première éducation : enfants de 5 à 7 ans : film fixe et film animé, Travaux du congrès de l’Association des institutrices des classes maternelles et classes enfantines, Toulouse, 15-17 juillet 1952 : conférences de Yvonne Hébraud, Maurice Thomet, Paul Dottin, Clément Falcucci, Marcel Tariol, éditions Bourrelier, 1954. — Ancienne notice par Jacques Girault, refondue et augmentée.

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