FATON Louis

Par Y.-Cl. Lequin

Né le 28 mai 1867 à Salins (Jura) ; mort à Saint-Claude (Jura) le 20 avril 1968, plus que centenaire. Militant mutualiste et socialiste. Conseiller général. Considéré comme « le père de la mutualité jurassienne ».

Après s’être installé à Mortaux, en 1891, puis dans le village de Molinges, où il exerçait le métier de boulanger, L. Faton se fixa définitivement à Saint-Claude en 1898. Il était agent d’assurances (à titre privé) et industriel pipier ; à ce titre, il était vers 1928, secrétaire de la « Condition officielle des Bruyères » (COB), organisme constitué afin d’obtenir, semble-t-il, à l’échelle internationale, un classement des pipes par catégories, selon la qualité. Son entreprise aurait fait faillite pendant la grande crise.

Il fut surtout l’un des pionniers du domaine mutualiste de « l’École de Saint-Claude », mouvement ouvrier fondé sur la cœxistence de quatre mouvements : syndical, socialiste, coopératif et mutualiste. Avant 1914, L. Faton fut à l’origine des principales réalisations mutualistes : en 1903, de l’Union mutuelle — qu’il dirigea jusqu’en 1963 ; en 1905, de la caisse de réassurance ; en 1907, de la pharmacie mutualiste, une des premières de France ; en 1913, de la caisse chirurgicale ; après la guerre, il fonda encore, en 1927, le service dentaire assurant, comme les précédents, des soins gratuits. Dans ce domaine il eut d’ailleurs quelques dissensions avec Aimé Rey* ; celui-ci en effet dirigea la coopérative « La Fraternelle » de Saint-Claude entre 1928 et 1932, et il semble qu’il n’ait pas eu les mêmes conceptions de la mutualité que Louis Faton. Avant la Première Guerre mondiale, Louis Faton accéda en outre à la vice-présidence de la Caisse d’Épargne de Saint-Claude et il exerça cette fonction de 1911 à 1945, puis à la présidence qu’il ne quitta qu’en 1963, à l’âge de 96 ans.

Après la guerre, ce personnage extraordinairement dynamique, énergique — voire autoritaire — allait se donner un nouveau champ d’action : élu conseiller municipal socialiste de Saint-Claude en décembre 1919 il le demeura jusqu’en 1940 — il était adjoint depuis 1925 ; il fut réinstallé à ce poste en août 1944 par le comité de Libération mais ne fut pas représenté ou, du moins, ne fut pas réélu à partir de 1945.

En décembre 1919 encore, il accéda au conseil d’arrondissement et fut réélu en 1925 ; le 6 mai 1928, les élections partielles, à la suite de la mort de son compagnon Henri Ponard, lui ouvrirent les portes du conseil général où il demeura jusqu’à l’Occupation ; à ce niveau il essaya de réaliser divers aménagements : notamment dans le domaine des transports : c’est lui, par exemple, qui fut un des principaux initiateurs du « déneigement » des routes dans cette partie montagneuse du Jura ; il fut par ailleurs à l’origine de la création du sanatorium interdépartemental de Hauteville (Ain).

Après la Libération, son activité se réduisit progressivement en raison de son âge déjà avancé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article112705, notice FATON Louis par Y.-Cl. Lequin, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 12 décembre 2016.

Par Y.-Cl. Lequin

SOURCES : Arch. Dép. Jura, M suppl. 46. — Arch. Mun., Saint-Claude, dossiers non cotés, élections municipales. — Supplément à la revue Franche-Comté : « Saint-Claude », n° 2, février 1967. — Témoignages d’André Camelin et de René Dalloz*, juillet 1974. — État civil de Salins-les-Bains.

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