FAUSSECAVE Marguerite, Marie, née CARRIÈRE, épouse MOULÈNE puis FAUSSECAVE, dite LEBEL Marguerite

Par Jean-Michel Brabant et Claude Pennetier

Née Carrière le 13 octobre 1896 à Paris XIIe arr., morte le 14 février 1973 à Contes (Alpes-Maritimes) ; dactylographe ; membre du Comité central du Parti communiste français (1925-1928) ; dirigeante du secrétariat féminin ; oppositionnelle puis militante trotskyste.

Marguerite Carrière naquit à Paris, mais elle déclara, en 1923, avoir « vécu pendant de longues années la vie des paysannes » (L’Ouvrière, mai 1923).
Mariée au Perreux (Seine) le 2 juin 1917 avec Jean, Baptiste, Julien Moulène puis le 26 juin 1956 à Paris XVIe arr., avec Gaston Faussecave
Son premier mari, Jean Moulène, mourut sur le front le 16 septembre 1918. À partir de 1920, elle vécut maritalement avec le militant Gaston Faussecave dont elle prit le nom, bien que leur union ne fut régularisée qu’en 1956.

Son engagement politique débuta au lendemain de la Première Guerre mondiale. Après avoir milité dans les « milieux révolutionnaires », selon sa fiche de police, elle rejoignit le Parti communiste. Sa collaboration à L’Ouvrière, journal communiste, débuta en 1923. Ses responsabilités étaient déjà importantes puisqu’elle fit le rapport du secrétariat féminin au congrès de Lyon (janvier 1924). Elle fut affectée, en 1924, à la cellule 98 du 1er rayon de la Région parisienne. Marguerite Faussecave participa à la Conférence des Femmes organisée à Moscou en novembre 1924 et, le mois suivant, écrivit le rapport du secrétariat féminin en vue du congrès national du PCF (Cahiers du Bolchevisme, 26 décembre 1924, « En vue du congrès national. Rapport du secrétariat féminin »). Membre de la présidence du congrès de Clichy (janvier 1925), elle entra au Comité central. L’Humanité du 20 janvier 1925 publia alors sa photographie. Dans le même temps, elle devint membre de la commission syndicale.

Le Parti communiste la présenta aux élections municipales de mai 1925 dans le XIXe arr. de Paris, quartier Pont-de-Flandre, pour protester contre l’inéligibilité et l’absence de droit de vote des femmes. Elle recueillit 908 voix. Son principal concurrent était le conseiller sortant, le socialiste SFIO Émile Lhenry. Le Bureau politique tenu le 7 août 1925 la nomma à la tête de la section féminine. Le 23 du même mois, Marguerite Faussecave prononça un discours au congrès de Marseille contre la guerre. Elle intervint sur « le recrutement syndical parmi les femmes » à la conférence nationale d’Ivry le 21 octobre 1925. En 1926, elle prit la parole pour ouvrir la semaine internationale des femmes, 4 au 11 mars. C’est à nouveau à elle que revint la charge de présenter le rapport de la commission féminine au congrès de Lille (juin 1926) à l’issue duquel elle resta membre du Comité central. L’année suivante, le 28 mai, elle intervint lors d’une conférence intitulée « Les partis politiques et le suffrage des femmes » en tant que représentante du Parti communiste. Elle fut porte-parole de son parti dans des congrès à l’étranger, ainsi, en juin, au congrès communiste de Glasgow, en Angleterre, auquel elle assista sous le nom de Marguerite Lebel*. Fit-elle un nouveau séjour en URSS ? Un rapport de police de janvier 1926 signale que « de retour d’URSS » elle fit une tournée dans le Var. À la réunion du Comité central du 16 mars 1926, le Bureau politique la proposa pour l’École léniniste internationale. Elle « déclara ne pas se sentir capable de suivre les cours » (IMTh., bobine 141) mais fut cependant maintenue sur la liste. Mais son nom disparu de celle adoptée le 1er avril 1926. Son désaccord, et celui de son compagnon, sur la question russe expliquent-ils ce refus ? Une autre occasion se présenta à elle de séjourner longuement en URSS : le 10 septembre 1926, Humbert-Droz avait demandé une collaboratrice française au secrétariat féminin international. Marguerite Faussecave sollicitée répondit sans enthousiasme et précisa que, dans tous les cas, elle ne partirait qu’avec Gaston Faussecave, typographe et linotypiste. Cette condition ne semble pas avoir été acceptée (IMTh., bobine 153).

L’évolution du Parti et la sienne devaient diverger. Son élection à la direction avait coïncidé avec la période de la « bolchevisation » menée par Albert Treint* et Suzanne Girault*, et Marguerite Faussecave s’opposa à leur élimination progressive. Dès le début de l’année 1927, elle vota au CC contre une résolution approuvant la politique suivie par la majorité du Parti communiste russe et s’affirma « entièrement pour le bloc oppositionnel » (Cahiers du Bolchevisme, n° 66, 15 février 1927). À la fin de 1927, elle entra en opposition ouverte contre la direction. Signataire du télégramme envoyé au XVe congrès du PC bolchevik, le 1er décembre, intitulé « Front uni contre la scission », elle intervint à une assemblée intérieure, le 13 janvier 1928, pour défendre son point de vue. Dans le même temps, elle publia avec A. Treint*, S. Girault*, H. Barré* et L. Béors* L’Unité léniniste. La conférence nationale du PC, réunie les 31 janvier et 1er février 1928, prononça son exclusion alors qu’elle était toujours membre du Comité central. Cette mesure ne fut pas appréciée par la cellule Lecourbe, dans laquelle elle militait et majoritairement acquise à l’opposition. Symboliquement déléguée, par sa cellule, à la conférence du 6e rayon de Paris, en mars 1928, elle demeura en dehors du Parti malgré sa demande officielle de réintégration. L’exclusion fut confirmée par la Conférence nationale de Paris (18-21 juin 1928) avec celles de Treint, Suzanne Girault* et Barré, puis confirmée par le 9e Exécutif de l’Internationale communiste.

Marguerite Faussecave n’abandonna pas son action féministe et participa, le 14 mars 1928, à la réunion de l’Union fraternelle des femmes contre la guerre. Elle se consacra également à l’action en faveur des peuples coloniaux et serait devenue secrétaire, en 1930, de la Ligue contre l’oppression coloniale et l’impérialisme.

Évoluant vers l’opposition de gauche, elle adhéra à la Ligue communiste qui regroupait les partisans de Trotsky. Bien que ne jouant pas de rôle de premier plan, elle resta dans le mouvement trotskyste jusqu’en 1939. Désignée, en mars 1936, lors de sa fondation, au Comité central du Parti communiste internationaliste dirigé par Pierre Frank* et Raymond Molinier* et suppléante du CC du Parti ouvrier internationaliste après la fusion de juin 1936, elle ne semble pas avoir milité activement dans cette formation. Elle aurait d’ailleurs fait à l’époque quelques séjours à l’étranger.

En 1937, elle ouvrit, dans le XVe arrondissement, un fonds de commerce appelé « La machine à écrire » et vécut, en partie grâce à sa pension de veuve de guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article112839, notice FAUSSECAVE Marguerite, Marie, née CARRIÈRE, épouse MOULÈNE puis FAUSSECAVE, dite LEBEL Marguerite par Jean-Michel Brabant et Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 1er août 2020.

Par Jean-Michel Brabant et Claude Pennetier

ŒUVRE : Outre les articles cités dans la biographie, Marguerite Faussecave écrivit souvent dans L’Ouvrière entre 1923 et 1927. Elle écrivit également dans le Bulletin hebdomadaire de la presse, ainsi dans le n° 6, 5 février 1927 : « La société bourgeoise réduit la femme en servitude. » Citons également « La propagande chez les femmes » dans L’Almanach bolchevik, 1925 et une brochure intitulée La femme dans la société capitaliste, Bureau d’édition, 1926, 24 p.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13090, F7/13092, F7/13264. — IMTh., bobines 95, 100, 141, 153, 216, 227, 236. — Arch. PPo. carton 45 et carton 96. — L’Ouvrière, 1923-1927. — L’Unité léniniste, 1927-1928. — La Vérité, 2 mars 1934. — La Commune, 13 mars 1936. — La Crise de la section française de la LCI, Paris, 1936. — D. Glukstein, Les Mouvements oppositionnels au PC (1924-1928), Mémoire de Maîtrise, Paris VIII, 1976. — Notes de Jacques Girault.

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