FAUTRIER Louis

Par Antoine Olivesi

Louis Fautrier était secrétaire de la Fédération départementale des Bouches-du-Rhône du Parti socialiste SFIO en 1913 et en 1914. Il travaillait alors comme employé à Marseille. Les listes électorales de cette ville, en 1913, mentionnent l’inscription d’un Fautrier Louis, Pascal, employé, né le 3 octobre 1882 à Ajaccio (Corse). Ce fut là qu’il naquit en effet, d’un père boulanger, Jean-Baptiste Fautrier, lui-même né à Marseille, alors âgé de vingt-huit ans et d’une mère ménagère âgée de dix-neuf ans, Marie Capecchi. Louis Fautrier habitait Marseille au début du XXe siècle et contribua très jeune au courant favorable à l’unité socialiste. Après 1905, il appartenait à l’unité socialiste. Après 1905, il appartenait à la 6e section SFIO de Marseille. Membre de la commission exécutive fédérale à partir du congrès de Salon en février 1912, il y intervint contre les Francs-maçons. Fautrier fut le candidat de son parti aux élections pour le conseil d’arrondissement en 1913 dans le 9e canton, mais il n’obtint que 472 voix (7,5 % par rapport aux inscrits). Il demeurait alors 116, rue Sainte-Cécile.

Au congrès fédéral SFIO de janvier 1914, qui se tint également à Salon, Fautrier s’opposa à Fernand Bouisson sur le problème du ministérialisme. Le 1er août, à la veille de la guerre, il signa un appel aux travailleurs au nom de la Fédération et des élus socialistes des Bouches-du-Rhône.

Mobilisé pendant la Grande Guerre mais toujours secrétaire fédéral titulaire, Fautrier fut remplacé par Allène* puis retrouva son poste au début de l’année 1918.

Le 3 mai, Le Petit Provençal publia un communiqué relatif à un désaccord qui opposa les membres du Parti unifié au sujet d’un texte sur la paix déposé au conseil général. Certains élus firent des réserves sur ce texte et refusèrent de le signer. Fautrier stigmatisa cet acte de « déloyauté politique » et, invoquant l’article 26 des statuts de la SFIO à propos du contrôle des élus de la Fédération, affirma que le bureau de cette dernière ne faillirait pas à son devoir. Le 30 juin, un communiqué de la Fédération SFIO des Bouches-du-Rhône fut censuré dans le Petit Provençal. Le 11 août 1918 à Marseille, devant une salle comble, à la Bibliothèque socialiste, il présida une réunion publique autorisée, commémorant la mort de Jaurès puis une réunion privée pour la défense de Malvy, victime de Clemenceau et du Sénat.

En juillet, il avait représenté les ouvriers poudriers de Saint-Chamas au congrès de la CGT à Versailles et s’était classé parmi les minoritaires.

Le 11 novembre 1918, Fautrier exerçait toujours ses fonctions de secrétaire fédéral, soit depuis plus de cinq ans donc, mais il mourut brusquement « après une courte et douloureuse maladie » le 4 décembre 1919 à Marseille. Il fut inhumé civilement le lendemain dans cette ville en présence de nombreux militants, dont Coron*, Mouton* et Latière*. Les rubriques nécrologiques nous apprennent que Fautrier n’avait que trente-sept ans, qu’il était marié et père de plusieurs enfants. Il avait épousé en effet, le 18 novembre 1905, à Marseille, Augustine, Louise Bourgeois. Il demeurait à sa mort, 45, rue Ferrari et il était directeur de la coopérative « L’Émancipatrice » dont Latière avait été le fondateur. La CA de l’UCSO des Bouches-du-Rhône, c’est-à-dire la CGT s’associa à l’hommage rendu à un militant qui avait débuté très jeune dans le mouvement socialiste, fondé de nombreux groupements d’adhérents au moment de l’unité et fait progresser la Fédération des Bouches-du-Rhône malgré sa situation de mobilisé. Chacun loua « son talent, sa ténacité, son dévouement inlassable, sa sincérité et son intégrité ». Socialistes et syndicalistes s’accordèrent pour estimer, les premiers que son décès constituait « une grande perte », les seconds que la classe ouvrière se voyait privée « d’un bon compagnon de lutte regretté de tous ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article112845, notice FAUTRIER Louis par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, IV M/12, M 6/3851, rapports des 9 juillet, 11 et 12 août 1918. — Arch. Com. Marseille, listes électorales de 1913. — Le Petit Provençal, 5 février 1912, 3 mars et 3 août 1913, 5 janvier et 2 août 1914, 1er février et 24 mars 1915, 3 mai, 30 juin, 12 août, 12 novembre 1918 et 5 décembre 1919. — Renseignements d’état civil consultés à la mairie d’Ajaccio en avril 1985.

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