FÉRUS Aimée [FÉRUS Félicie, dite Aimée]

Par R. Prager

Née le 5 mai 1911 à Lyon (IVe arr.) fille d’une lingère, Félicie Férus adhéra à l’âge de quatorze ans aux Jeunesses communistes. Son évolution politique fut amplement influencée par le rayonnement d’une militante communiste chevronnée de Lyon, Berthe Joly*, une des premières oppositionnelles du Parti dans la région, exclue dès 1928. Félicie Férus suivit la même voie et fit partie de la Ligue communiste (trotskyste) à sa fondation, en 1930. Bien que peu favorable avec son groupe local à l’entrée dans le Parti SFIO, décidée par la Ligue en août 1934, elle y adhéra pourtant en septembre et milita particulièrement dans la Jeunesse socialiste.

Veuve d’André Ville qu’elle avait épousé le 15 septembre 1928, elle accueillit chez elle, en 1935, un jeune militant trotskyste d’origine polonaise, Abraham Sadek qui, pour échapper à une arrestation à Paris et menacé d’expulsion, dut quitter précipitamment la capitale. Elle devint sa compagne et ils aidèrent tous deux à l’exploitation du petit commerce d’épicerie et de légumes qui appartenait à sa mère. Ils militaient activement dans les Jeunesses socialistes révolutionnaires et le Parti ouvrier internationaliste, fondés en 1936. Leur existence fut troublée en permanence par la menace d’expulsion à l’encontre de Sadek qui, parvenant enfin à obtenir sa légalisation, épousa Félicie Férus le 17 mars 1938.

Le 2 juin 1942, elle fut arrêtée avec Sadek qui animait l’organisation trotskyste clandestine de la région lyonnaise avec Gérard Bloch*. Elle fut détenue à la prison de Saint-Joseph. Au cours de l’instruction et pendant le procès qui se déroula le 9 septembre 1942, devant la Section spéciale du Tribunal militaire permanent de Lyon, ses coïnculpés firent tout pour la disculper. Elle fut acquittée et s’employa désormais à soutenir matériellement et moralement Sadek. Elle lui rendit visite dans ses lieux de détention successifs jusqu’au jour où elle apprit son évasion de la prison du Puy-en-Velay (Haute-Loire), avec tous les détenus politiques, en octobre 1943. Il lui fit parvenir quelques jours plus tard une courte lettre annonçant qu’il était libre, non loin de Lyon, et qu’il écrirait à nouveau sous peu. Ce fut le dernier signe de vie de Sadek qui disparut dans des conditions troublantes, non élucidées, avec ses camarades trotskystes, Pietro Tresso*, Maurice Segal* et Jean Reboul* dans un maquis FTP de la Haute-Loire encadré par des responsables du Parti communiste. Félicie mit près de dix ans avant d’obtenir qu’une notice du décès de son mari soit portée sur son livret de famille. Elle vint vivre dans la région parisienne et épousa, le 12 février 1955, Maurice Braguinsky*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article113205, notice FÉRUS Aimée [FÉRUS Félicie, dite Aimée] par R. Prager, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 23 octobre 2018.

Par R. Prager

SOURCES : Fiche d’état civil de Lyon. — Témoignage de Félicie Braguinsky recueilli le 25 novembre 1976.

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