FINAS Marcel, Claudius

Par Alain Dalançon

Né le 20 mars 1899 à Saint-Jean-de-Chevelu (Savoie) ; mort le 4 août 1975 à Pont-de-Beauvoisin (Isère), professeur agrégé de mathématiques ; militant communiste, militant de la Fédération unitaire de l’enseignement-CGTU.

Fils de François, Florent Finas, né le 28 janvier 1867 à Saint-Pierre-de-Soucy (Savoie), instituteur, et de Jeannette Vaisselet, institutrice, qui terminèrent leur carrière à Chambéry (Savoie), Marcel Finas (écrit aussi Finaz) était l’aîné d’une fratrie de trois fils. Il effectua ses études secondaires au lycée de Chambéry, obtint le baccalauréat en 1917, puis entra en taupe au lycée de Grenoble (Isère) comme boursier. Ses frères Henri (né en 1900) et Gilbert (né en 1905) effectuèrent également des études scientifiques et devinrent ingénieurs des mines.

Mobilisé en avril 1918, Marcel Finas réussit au concours d’élève aspirant dans l’artillerie et fut affecté dans un régiment d’artillerie de montagne jusqu’en octobre 1919.

Il demanda alors à bénéficier de son sursis (art. 21), pour reprendre ses études en classe de mathématiques spéciales au lycée de Grenoble et se présenter aux concours d’entrée à Polytechnique et à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm. Amissible à l’X et à Ulm, il préféra l’ENS qu’il intégra en 1920 au titre des candidats dont les études avaient été interrompues par la guerre. Pour pouvoir bénéficier de la fin de son sursis, il s’engagea pour 8 ans en novembre 1920 en tant qu’élève de l’ENS, fut reçu à l’agrégation de mathématiques en 1923 (5e/13) et fut nommé sous-lieutenant de réserve en juin 1924. Il commença sa carrière de professeur durant l’année scolaire 1923-1924 nommé à titre provisoire au lycée de Brest (Finistère).

Il épousa le 18 août 1924 à Saint-Béron (Savoie), sa cousine germaine, Bluette, Aimée Finas, sans profession, fille de son oncle Jean Finas, instituteur et militant socialiste puis communiste de Savoie, frère cadet de son père. Ils eurent trois enfants, René, né le 10 décembre 1927 à Chamalières, Yvonne, née le 19 juin 1932 à Lyon, et Raymond, né le 5 novembre 1933.

Marcel Finas, quand il était élève à l’ENS (promotion 1920-1923), appartenait avec Georges Cogniot, Augustin Balliccioni et Marcel Thorez à la section communiste du Ve arr. de Paris, dont il fut secrétaire en 1925 selon Cogniot (erreur probable, plutôt en 1923), et ce dernier racontait qu’il avait la particularité de dormir le jour et de travailler la nuit.

À la rentrée scolaire 1924, il fut nommé au lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il lança, en 1925, un appel dans l’École émancipée en faveur de l’adhésion des professeurs à la Fédération unitaire de l’enseignement. Le bureau fédéral du PC du Puy-de Dôme appela « tous les membres de l’enseignement secondaire qui sympathisent avec le prolétariat groupé dans la CGTU, et qui seraient désireux de lui apporter, par le canal de la Fédération de l’enseignement unitaire, une aide effective, de prendre contact avec lui. » (L’Humanité, 27 septembre 1925, p. 5). Dans son appréciation de mars 1925, l’IA indiquait qu’il lui « a été présenté ces jours derniers [...] en tant que membre du conseil syndical, par un instituteur secrétaire général d’un syndicat comprenant des universitaires des trois ordres d’enseignement ; il n’a pas ouvert la bouche d’ailleurs au cours de l’audience ». Il fut également candidat communiste aux élections municipales de 1925.

Son proviseur se plaignit de son activité syndicale et politique en transmettant un avis défavorable à sa candidature au poste de professeur de mathématiques spéciales libéré par Mahut, nommé au lycée Janson de Sailly à Paris. L’inspecteur général G. Marijon, qui lui rendit visite en décembre 1925, estimait qu’il était « incontestablement un bon professeur », mais qu’il l’avait « mis en garde contre les inconvénients de sa combativité » dans le domaine politique et syndical, tout en reconnaissant « sa sincérité et son désintéressement ».

Marcel Finas fut plus discret ensuite. Il semble que la discipline du Parti communiste lui ait pesé et qu’il n’ait pas apprécié les purges accompagnant l’ascension de Staline en URSS. En 1928, il souscrivit pour le développement de La Révolution prolétarienne, en même temps que Marie Guillot, on le retrouva dans une telle souscription en février 1939. Par la suite, aucun rapport de proviseur ou d’IG ne mentionna une activité syndicale ou politique, si ce n’est, en mai 1933, à propos de son refus, partagé avec son collègue Coquard (ENS 1919, physicien, socialiste, professeur au Parc) de participer à la surveillance des épreuves du concours général.

À la rentrée 1928, Marcel Finas fut nommé au lycée Ampère à Lyon, où il fut promu officier d’académie en juillet 1936. Il était jugé excellent professeur, « fort apprécié des familles car il ne rebute pas les élèves faibles et on lui attribue des sauvetages dans des cas déclarés désespérés par d’autres » (IG Blutel en 1932).

Il devint ensuite, à partir de 1938, professeur de mathématiques spéciales prépa Navale au lycée du Parc à Lyon. Mobilisé en septembre 1939, dans une unité combattante, il fut promu capitaine à titre provisoire en avril 1940, et démobilisé en juillet. Il reprit son enseignement au Parc, nommé à titre provisoire professeur de mathématiques spéciales, mais l’IG Dontot lui reprocha très durement, en décembre 1940, de ne pas avoir "l’âme du bon professeur" de spé. En avril 1943, sa classe fut transformée en mathématiques supérieures. Ses sympathies pour la Résistance n’allèrent pas jusqu’à l’engagement.

En janvier 1944, l’IG Dontot lui fit un excellent rapport, si bien qu’il fut nommé dans la classe préparatoire à Centrale et intégra enfin le cadre parisien à la rentrée 1945 au lycée Janson de Sailly. Il termina sa carrière professeur de mathématiques supérieures au lycée Saint-Louis à partir de 1950, et fit valoir ses droits à pension de retraite en 1965, mais fut maintenu en fonction comme contractuel en 1966-1967. Il donna par ailleurs des cours à l’ENSET, à l’ESTP et, jusqu’à la fin de sa vie, au CNTE.

Marcel Finas avait beaucoup évolué depuis sa jeunesse sur le plan politique et rompu avec ses camarades des années 1920. Nicollet note dans sa biographie : « La disparition de l’empire colonial l’affecte et hâte son évolution. [...] Il tient pour néfastes [...] l’extension de la gratuité et de l’obligation scolaires. Sans leur retirer son amitié, il accuse de trahison ceux d’entre nous qui se sont seulement résignés à ce qu’il appelle l’abandon de l’Algérie. Il est devenu grand admirateur de Pierre Gaxotte. »

En 1949, il habitait 47, rue Réaumur à Paris (IIe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article113335, notice FINAS Marcel, Claudius par Alain Dalançon, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 27 février 2021.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat. F/17/28474. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, ex. BMP, bobine 122. — Arch. Dép. Savoie, état civil, registre matricule 1919, 566/2. — JO, lois et décrets, 21/04/1918, 3/08/1919, 23/05/1920, 13/07/1936, 28/04/1940. — Georges Cogniot, Parti pris, tome 1, Editions sociales, 1976, p. 65, 90. — Paul Gerbod, Le Mouvement social, avril-juin 1966, n° 55. — La Révolution prolétarienne du 15 novembre 1928. — Ulysse Nicollet, Nécrologie normalienne, 1976. — Roland Brasseur, Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales 1914-39, version consolidée du 7 octobre 2020. — Notice DBMOF non signée. — Notes de Jacques Girault.

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