Par Jacques Girault
L. Florens, originaire de Saint-Maximin (Var), était représentant de commerce et habitait le quartier des Routes à Toulon (Var), place Jean-Macé. Il avait été trésorier du syndicat des employés de commerce à Marseille et arriva vers septembre 1919 à Toulon.
En octobre 1919, il intervint dans une réunion à Toulon sur l’amnistie. À la veille de l’élection législative de 1919, il fit une démarche auprès de Paul-Boncour pour qu’il dépose sa candidature. Selon le Progrès républicain du 1er novembre 1919, Renaudel s’y opposa et fit proposer Florens. Le 8, à la suite des protestations de la SFIO, le journal indiquait que le congrès avait désigné Gueit*. Dans le Petit Var, le 1er novembre 1919, Florens lança un appel à la démocratie sociale de l’arrondissement de Brignoles qui se terminait ainsi : « À bas le népotisme ! À bas le militarisme ! Vive la République sociale ! ». Les Coulisses indiqueront, le 14 février 1920, qu’il était devenu secrétaire de la section. La semaine précédente, ce journal le rangeait parmi les dirigeants de la fraction « blocarde » de la section. À partir de mars 1920, il publia de très nombreux articles dans la presse et s’y présentait comme secrétaire de la section SFIO. Il était aussi le vice-président de la Fédération des coopératives du Midi et le directeur de la coopérative « La Ménagère économe ». Aussi fut-il au centre des manifestations contre la vie chère en mars 1920. Il revendiquait dans la presse la création d’un « office municipal de ravitaillement confié aux consommateurs organisés dans les coopératives » et la création d’un comité permanent d’action contre la vie chère.
Dans le débat qui traversa les socialistes toulonnais au printemps 1920, sur le Bloc des gauches, il intervint plusieurs fois. Il se montrait favorable à une telle politique mais à condition que le « ralliement de tous les républicains » se fasse « autour du drapeau socialiste ». Il proposait « le bloc des républicains dans le sein de l’unité socialiste » et précisait : « un socialiste réformiste véritable, en attendant du renfort et la majorité dans le parti, sacrifiera toujours sa tendance à l’unité socialiste » (Le Petit Var, 9 juillet 1920). Il reprit ce thème dans son discours au banquet du 14 juillet aux Routes : « je propose l’union des républicains dans le Parti socialiste », annonça-t-il.
À partir du début septembre, Florens était le secrétaire du comité intersyndical d’action économique pour un port de Toulon commercial et industriel. Le 29 septembre, il était le trésorier adjoint du bureau définitif du Comité d’action pour Toulon, port commercial et industriel.
En raison de ses obligations professionnelles, il devait être absent de Toulon par intermittences. Son désir d’être remplacé ne fut pas satisfait.
Dans la campagne préparatoire au congrès national, il joua un rôle important. Du 10 au 15 septembre, il accompagna Verfeuil secrétaire du Parti dans sa tournée varoise. Membre du comité fédéral à partir du 3 octobre 1920, partisan de l’unité socialiste, il s’affirma favorable à la motion Longuet et intervint à plusieurs reprises dans la presse. Le Populaire publia son article le 10 décembre 1920, « Unités socialistes et internationales ». Après avoir évoqué Jaurès et Guesde, il indiquait que le Parti bolchevik était le dirigeant de la « grande révolution russe ». Pour lui, la seule voie était la tolérance. Et il concluait : « Si le Parti socialiste à Tours vote son adhésion à l’Internationale communiste, il quittera le terrain de l’unité socialiste, il brisera le pacte qui a été jusqu’à ce jour, notre charte glorieuse et éprouvée. Si cette catastrophe se produit, je ne veux y être pour rien ; et c’est pour cela que je dégage mes responsabilités en votant pour la motion de reconstruction normale de l’Internationale socialiste. » Chargé de l’organisation du congrès fédéral à Toulon, le 19 décembre, il fut désigné par les partisans de la motion Longuet pour y prendre la parole.
Lors de la réunion de la section SFIO, le 18 janvier 1921, il estimait que la scission était inévitable mais que des accords électoraux étaient toujours possibles entre communistes et socialistes. Au même moment, il rendit visite à Verlaque* qui, à Saint-Maximin, avait aussi voté la motion Longuet. Il lui demandait de reconstituer la section SFIO. Verlaque refusa. Pour les élections complémentaires, il s’opposa à d’autres militants de la section qui ne voulaient pas présenter de liste socialiste, le 9 février 1921. Finalement, une position intermédiaire fut adoptée. Mais, selon la police, on l’avait critiqué ; il voulait « toujours imposer ses vues personnelles » (Arch. Dép. Var, 3 Z 2.22). Le 5 mars 1921, il signait une affiche pour un meeting en faveur de Badina. Par lettre, il avait souhaité que la SFIO soit représentée dans le Comité d’amnistie. Lors du congrès fédéral du 10 avril 1921, il fut réélu au comité fédéral.
Florent acheta un bar route de Marseille. La sous-section du Pont-du-Las y commémora l’anniversaire du 4 septembre.
Le 23 octobre 1921, un congrès extraordinaire de la SFIO était convoqué ; un des points de l’ordre du jour était le remplacement de Florens du Comité fédéral. En 1925 il avait quitté la ville.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat. F7/13021, 13165. — Arch. Dép. Var, 2 M 7.31.1, 4 M 44, 4 M 45, 4 M 53.3, 3 Z 2.22. — Presse locale. — Sources orales.