FOLIGNANI Adolphe

Par Antoine Olivesi

Né le 22 septembre 1902 à Villa Collemandina (Italie), arrêté le 19 septembre 1944 par les FTP de Marseille et disparu ; menuisier-ébéniste ; syndicaliste CGT ; militant communiste des Bouches-du-Rhône ; résistant.

Ce militant d’origine italienne — ses prénoms étaient Adolfo, Vincenzo, Girolamo — était né le 22 septembre 1902 à Villa Collemandina, en Italie.

Naturalisé Français, puisqu’il figurait sur les listes électorales de 1939 à Marseille, il travaillait comme menuisier-ébéniste dans le quartier ouvrier de Menpenti et militait au Parti communiste et à la CGT. Il était notamment le trésorier de la société des Amis de l’URSS à Marseille avant la guerre. Il résidait 20 rue de Palestine.

Dans la clandestinité, sous les pseudonymes de Adolfo ou Dampierre, il rejoignit le groupe de Résistance animé par Joseph Pastor et fut le responsable dans cette organisation, du secteur Est de Marseille. Par ailleurs, Folignani travaillait aussi en contact étroit avec les MUR et fut l’un des diffuseurs du journal clandestin Combat. Il participa lui-même au « Mot d’Ordre » et au « Père François ».

Le 11 août 1941, il échappa de justesse à l’arrestation après une perquisition au domicile de Pastor, rue Saint-Jacques, et fut condamné à la peine de mort par contumace le 12 décembre par la section spéciale du Tribunal militaire de Marseille.

Mais déjà, depuis mai 1941, il était devenu suspect, comme tous ceux du groupe Pastor, à la direction régionale du PC et l’Humanité clandestine le dénonça comme membre du PAFL (Parti antifasciste Libérateur) créé par Pastor. Tous deux furent placés sur les listes noires de la direction régionale du PC, Pastor comme « agent provocateur, trotskiste, indicateur de police, traître à son parti et à la classe ouvrière », Folignani accusé notamment, en septembre 1942 d’être complice de Pastor « policier et détenteur des fonds des Amis de l’URSS » qu’il aurait détournés. Ils n’en particpèrent pas moins à la Résistance. Adolphe Folignani intégra le réseau Jockey (Roger Buckmaster) du SOE en juin 1943 comme agent P2, chef de secteur. Il y fut homologué comme chargé de mission de 1e classe en 1944 (ce qui correspond au grade de capitaine).

Folignani vécut donc traqué de toutes parts, menacé par la police et par le PC où l’on était persuadé qu’il connaissait le lieu où se cachait Pastor. C’est pourquoi, après la libération de Marseille le 19 septembre 1944, à vingt heures, selon le témoignage de sa femme, il fut appréhendé à son domicile par une section de FTPF qui le conduisirent au siège de leur état-major, à l’hôtel Saint-Louis. On ne le revit plus jamais vivant. Alertée par sa femme, la police fit une perquisition sans résultats dans ce bâtiment. De nombreux témoignages — Pastor, Meker, René Dazy — penchent pour l’hypothèse probable d’une « liquidation physique », peut-être après tortures et citent le cas de Folignani comme celui des tragiques « bavures » survenues juste après la Libération dans les milieux communistes. Son dossier conservé au SHD situe sa mort au 21 août 1944, date qui doit être celle de sa disparition. Il reçut la mention de « Mort pour la France. »
Son fils Robert, né le 6 octobre 1928, participait à la Résistance dans le même réseau du SOE que son père.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article113535, notice FOLIGNANI Adolphe par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 16 octobre 2022.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Site Mémoire des hommes SHD Caen AC 21 P 185371 (nc). ⎯ Arch. Ville de Marseille, série K 1, listes électorales de 1939. — Rouge-Midi clandestin, juillet 1942. — M. Baudoin, thèse citée, tome I, p. 137 et 164, t. 3, p. 663, 700 et 712. — M.-P. Bernard, thèse citée, t. I p. 64, 115, 118, 123, 124. — Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, t. II, p. 63, texte et note 81 où sont mentionnés les renseignements fournis par René Dézy (ou Dazy ?). ⎯ Notes Jean-Marie Guillon (d’après les listes d’homologation du réseau Jockey).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable