FRANCÈS Clément

Par André Balent

Courtier en vins à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Militant du Parti socialiste SFIO. Troisième adjoint au maire de Perpignan (1935-1940).

Courtier en vins, Clément Francès était domicilié 66, route de Thuir, à Perpignan.

Clément Francès milita aux Jeunesses socialistes SFIO. Le 5 juin 1931, il fut « proposé », (en même temps que Jean-François Charvet*, Voir ce nom) par la section de Perpignan, comme membre adulte du Comité fédéral mixte des Jeunesses socialistes SFIO des Pyrénées-Orientales. Il fut confirmé dans ces fonctions par le congrès fédéral extraordinaire du 27 septembre 1931 (autres membres élus au comité fédéral mixte des JS par ce congrès : Isidore Forgas*, Valentin Sin, Ferdinand Baylard*, Jean-François Charvet*, Costedoat*). Il fut réélu au comité fédéral mixte des JS par les congrès fédéraux du 30 octobre 1932 et du 9 juillet 1933.

Clément Francès intervint dans les débats agités qui animèrent la section de Perpignan et la Fédération des Pyrénées-Orientales à partir de 1933.

En 1933, il osa affronter Jean Payra* , jusqu’alors leader incontesté de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales. Dans le courant de l’été 1933, peu avant la scission « Néo », Jean Payra défendit la motion dite de la « Vie socialiste » dont le principal chef de file était Renaudel*. Devant la section de Perpignan, réunie le 7 juillet 1933, Clément Francès mena la contre-attaque. Il défendit la motion signée par Pivert, Faure et Zyromski. Jean Payra fut mis en minorité dans sa propre section. La motion de la « Vie socialiste » ne recueillit que 38 voix contre 116 à la motion « Pivert-Faure-Zyromski » et 68 à la motion centriste de Vincent Auriol*. Clément Francès mena la bataille politique devant le congrès fédéral qui suivit, le 9 juillet 1933. Il développa à nouveau ses arguments en faveur du texte signé par Marceau Pivert*, Paul Faure* et Zyromski* mais déclara toutefois qu’il ne menait pas une « opération » contre Payra « dont il ne méconnaît pas les services rendus au Parti ». Il supplia Jean Payra et Joseph Parayre* , député de la circonscription de Céret, dont de nombreux militants pensaient qu’ils allaient suivre les « Néo-socialistes » dans leur scission, de « rester dans le Parti ». Dans la séance de l’après-midi, il déposa devant le congrès une résolution de sympathie à l’égard de Jean Payra qui fut votée à l’unanimité des participants, toutes tendances confondues.

Au congrès fédéral du 2 juin 1935 qui marquait le début d’une nouvelle crise de la SFIO des Pyrénées-Orientales, Clément Francès se retrouva aux côtés de Jean Payra. Il défendit la motion du Nord qui fut mise en minorité par celle de la « Bataille socialiste » : la motion « Nord » recueillit 54 mandats alors que la motion de la « Bataille socialiste » en obtenait 64. À la suite du congrès, les militants de la « Bataille socialiste » se réunirent le 7 juillet 1935 au café Maribaud à Perpignan et désignèrent les onze membres de la CAF qu’ils revendiquaient, en vertu du vote émis par le congrès fédéral du 2 juin 1935, en faveur de leur texte. Ils élurent également des militants aux divers postes de responsabilité : secrétariat, trésorerie. Ils demandèrent aux partisans de la motion « Nord » de désigner les neuf membres de la CAF auxquels ils avaient droit, en application de la représentation proportionnelle. Toutefois Jean Payra et ses partisans — et parmi eux Clément Francès— refusèrent de reconnaître la validité de la nouvelle CAF et des organismes de direction qui en émanaient. Ils continuèrent de réunir l’« ancienne » CAF en fonction avant le 2 juin 1935. Le 8 septembre 1935, ce fut cette ancienne CAF qui convoqua un congrès fédéral extraordinaire afin de désigner les candidats de la SFIO aux élections sénatoriales d’octobre et de renouveler les organismes fédéraux. Toutes les sections et toutes les tendances répondirent, afin de débloquer la situation, à cette convocation. Seuls Joseph Rous et les militants qui soutenaient sa candidature aux élections sénatoriales mirent en cause les décisions de ce congrès où la « Bataille socialiste », pourtant, se vit attribuer les onze sièges à la CAF auxquels elle avait droit, sur la base du vote du précédent congrès fédéral (2 juin 1935). Clément Francès fut pour sa part un des élus de la motion « Nord » à la CAF issue du congrès du 8 septembre 1935 (cette tendance eut droit à neuf représentants à la CAF). La CAF désignée le 8 septembre 1935 se réunit le 22 septembre 1935 et élut Clément Francès au poste de secrétaire fédéral adjoint. Il conserva ces fonctions jusqu’au congrès fédéral suivant qui se réunit le 26 janvier 1936. Le 8 septembre 1935, Clément Francès fut en outre élu délégué suppléant au congrès national de Limoges de la SFIO consacré aux « questions agraires ».

Aux élections municipales de mai 1935, Clément Francès fut candidat à Perpignan sur la liste intitulée « liste socialiste Payra ». Au premier tour (5 mai 1935), il recueillit 4 752 voix. Au scrutin de ballottage du 12 mai, il obtint 6 578 suffrages. À l’issue de cette élection, Clément Francès devint le troisième adjoint au maire de Perpignan, Jean Payra. À la suite de la démission de Georges Pézières* de son poste de premier adjoint le 12 février 1937, ce fut Brice Bonnery* , ancien tailleur devenu expéditeur en fruits et légumes, qui le remplaça momentanément. Clément Francès, quant à lui, accéda, pour quelques mois, aux fonctions de second adjoint. À la mort de Jean Payra, le sixième adjoint élu à ce poste à la suite de la démission déjà évoquée de Georges Pézières, Laurent Baudru* devint maire de Perpignan. Clément Francès redevint, à cette occasion, troisième adjoint.

À partir de 1936, Clément Francès se consacra essentiellement à la gestion municipale de Perpignan et n’intervint plus dans les débats de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales où il n’occupa plus de poste dans ses organismes dirigeants. Il fut déchu de son mandat électif, ainsi que tous les élus municipaux perpignanais, à la fin de 1940, par les autorités vichyssoises.

Clément Francès avait obtenu le Baccalauréat. À Marcel Mayneris* — à qui il s’opposa lors des débats de juin et de septembre 1935 — il laissa le souvenir d’un homme « cultivé ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114070, notice FRANCÈS Clément par André Balent, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 18 août 2014.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 2 M 5 302/303/304 ; 2 M 5 315. — Le Cri socialiste, hebdomadaire de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales (1931-1936). — Annuaire-Guide des Pyrénées-Orientales, Nîmes, Chastanier et Alméras, 1937 — Archives André Balent « rapport sur l’affaire Joseph Rous*, député des Pyrénées-Orientales, exclu du Parti socialiste par la commission fédérale des conflits » (document ronéoté rédigé par Marcel Mayneris* le 8 décembre 1935 ; relate l’histoire de la SFIO dans les Pyrénées-Orientales depuis 1933 et fait notamment le récit des « crises » de 1935 qui provoquèrent la « dissidence » de Joseph Rous). — Témoignages de M. Marcel Maynéris (Perpignan, 29 novembre 1982, 10 juillet 1983). — Lettre de Perpignan (archives municipales) 15 janvier 1986 : Francès Clément ne figure pas dans les registres d’état civil.

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