FRANÇOIS Raymond, Laurent, Gustave dit RAYMOND

Par Michel Brot, Claude Pennetier

Né le 14 août 1909 à Antibes (Alpes-Maritimes), mort en 1983, sans doute à Antibes ; combattant des Brigades internationales

Raymond François, fils d’un officier supérieur de réserve, eut tout d’abord les opinions politiques de son milieu : à la fin de ses études secondaires, il faisait partie des Jeunesses patriotes d’Antibes, dont il vendait la presse sur la voie publique.
Sa famille garde un souvenir différent : Raymond François naquit dans une fratrie militante communiste d’Antibes (Alpes-Maritimes), avec Jean et Yves. Jean était né en 1904, Raymond en 1909 et Yves en 1914.

Mais il passa très vite à l’extrême gauche ; comme disait Virgile Barel prenant sa défense « très jeune, il a compris » (Le Cri des Travailleurs, 25 avril 1936). Il milita activement dans le Parti communiste à Marseille au début des années 1930, où il s’occupait des comités de chômeurs. Il suivit des cours de droit à Aix-en-Provence mais ne passa aucun examen.

Revenu dans les Alpes-Maritimes en 1934, François, qui se faisait appeler Raymond, tout en occupant divers petits emplois : représentant employé de librairie, instituteur stagiaire, se fit le propagandiste du PC dans le département, se consacrant entre autres à la formation des militants.

Candidat au conseil général dans le canton de Grasse, en octobre 1934, il recueillit 286 voix (8,2 % des suffrages exprimés). Il fut secrétaire régional des Jeunesses communistes des Alpes-Maritimes de la fin de 1935 à mai 1936.

Le leader paysan Jean Laurenti* ayant décliné l’offre, ce fut Raymond François que le parti désigna comme candidat aux élections législatives de 1936 dans une circonscription que la direction régionale considérait manifestement comme gagnable, la première circonscription de Grasse. Après une campagne activement menée, il obtint au 1er tour, le 26 avril 1936, 2 122 voix sur 14 964 inscrits et 12 044 votants (18 % des suffrages exprimés). Il se désista alors pour Jonas (USR) qui fut élu au 2e tour.

Après ces élections, François continua son activité de propagandiste. Il s’occupait alors beaucoup de l’Espagne et ne ménageait pas le gouvernement Blum ; ainsi, le 25 septembre 1936, parla-t-il de « complicité d’assassinat » lors d’une réunion des Jeunesses communistes.
Son frère Jean s’engagea dans les Brigades internationales en octobre et Raymond le 23 novembre 1936. Raymond écrivit à son frère Yves le 16 décembre 1936 : « Tu as peut-être appris par des lettres d’Antibes ma « disparition ». Je suis depuis un mois en Espagne ». Après février 1937 (non daté) il lui dit : « Tu m’écrivais que tu hésitais à quitter Paris pour nous imiter. Sous aucun prétexte tu ne dois abandonner tes études : tu es à Paris sur le point d’obtenir une situation, ne change pas encore d’idée. Pense que tes parents mettent en toi beaucoup d’espoir … peut-être vas-tu rester leur unique fils, efforce toi de leur donner satisfaction. ». En avril 1937, il écrit à nouveau à Yves : « Je t’écris d’un lit d’hôpital où je suis immobilisé pour quelques semaines sans doute. C’est un mince cône (30mm sur 7,80mm environ) de plomb recouvert vraisemblablement de maillechort [alliage de cuivre, zinc, nickel] qui a pénétré dans mon mollet droit, par devant pour ressortir en arrière et un peu plus bas. Le tibia ni le péroné ne sont touchés. Un simple trou dans la viande…À la suite de la lettre de papa concernant Jean, j’ai aussitôt écrit, puis fait télégraphier. Je n’ai pas reçu de réponse aussi suis-je un peu inquiet. Si j’ai quelques jours de convalescence, je tâcherai de faire des recherches auprès des États-majors et des bureaux = mes nombreux galons me donnent des facilités d’entrée. ». Le 30 mai 1937, il dit de Valence : « Tu me demandes encore des nouvelles de Jean. J’ai fait dans les bureaux les demandes nécessaires. J’ai même vu un sergent du même bataillon même compagnie que Jean. Alors je crois bien que nous ne le reverrons jamais… »
Il resta environ six mois en Espagne, où il fut, avec Benjamin Lemaître et Villette (Jack Villette ), commissaire politique du bataillon Henri Vuillemin de la 14e Brigade.
Jean François mourut en Espagne. _ Le journal des Brigades internationales Le Volontaire de la Liberté signala la mort de Raymond François le 18 mai 1937, en fait, il n’était que blessé, et revenu à Antibes au plus tard en octobre 1937, il reprit ses activités militantes. Il était, en 1937 et 1938, secrétaire du Comité régional d’aide à l’Espagne républicaine. Son frère aîné, Jean François, mourut sur le front pendant la guerre civile espagnole.

Raymond François, après avoir combattu dans les Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale, imena ensuite une carrière militaire. Selon sa nièc, il rompit « définitivement avec son passé politique ».Quand au cadet, Yves, il « ne s’est pas engagé en Espagne et l’a toujours regretté. » dit sa petite-fille.

Raymond François s’était retiré à Antibes à la fin de sa vie.

Sa petite-fille nous écrit : "ll était très désabusé probablement en relation avec ce dont il avait été témoin en Espagne et qui a sans doute motivé sa rupture avec le PCF."

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114130, notice FRANÇOIS Raymond, Laurent, Gustave dit RAYMOND par Michel Brot, Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 12 février 2022.

Par Michel Brot, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Alpes-Maritimes, fonds du cabinet du préfet, rapports de police non encore classés, 1934-1937. — Le Cri des Travailleurs, 1er décembre 1935, 18 et 25 avril 1936. — Le Petit Niçois, 8 octobre 1934, 27 avril 1936. — L’Éclaireur de Nice, 19 avril 1936. — Arch. Dép. Alpes-Maritimes, 3 M. 5 C. 2513. — Arch. AVER. — Courriel de sa petite-fille, février 2021. — RGASPI, Moscou, dossier du Komintern à son nom, 495 270 4924, pas encore consulté. — Correspondances entre les frères François communiquées par la petite-fille d’Yves, Muriel Menuet.

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