Par René Gallissot
Claude de La Poix de Fréminville, connu sous son nom de journaliste, Claude Terrien. Mort en janvier 1966. Intellectuel communiste, ami d’Albert Camus* puis journaliste à Europe n° 1.
Claude de Fréminville est né à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; son père était officier et descendait d’une famille de vieille noblesse militaire. En 1932-1933, la famille Fréminville était installée à Oran (Algérie) ; Claude de Fréminville suivit ainsi l’année d’hypokhâgne au lycée Bugeaud d’Alger où se trouvait également Albert Camus*. Il entra alors en relations avec les jeunes étudiants de gauche, comme Max-Pol Fouchet* et le milieu des jeunes artistes d’Alger, Louis Bénisti, Pierre André Émery, Jean de Maisonseul, etc. Il fut le premier du groupe à adhérer au Parti communiste à la fin de 1933, ou en janvier 1934, vraisemblablement à Paris où il poursuivait ses études et par l’intermédiaire des Étudiants communistes.
Cl. de Fréminville revint à Alger en 1935, et son influence entraîna probablement l’adhésion d’Albert Camus* ; il appartint alors à la cellule dite « les intellectuels » du Plateau-Saulière et fut l’animateur du Comité d’Alger des intellectuels antifascistes ; il sera un peu plus tard le secrétaire général de l’Union franco-musulmane, qui fut une tentative communiste pour rassembler Européens et Musulmans et relancer ce qu’avait été le congrès musulman de juin 1936, soit le rapprochement des courants politiques nationalistes, à l’exception du messalisme.
Cl. de Fréminville eut également un rôle important dans l’activité du Théâtre du Travail et du Collège du Travail, sorte d’Université populaire, qui donnèrent naissance à la Maison de la culture d’Alger en 1937 (Voir Albert Camus*).
Avec son héritage, il monta à Alger une petite imprimerie qui tira tracts et périodiques politiques, notamment la littérature de propagande en français et en arabe de l’Étoile nord-africaine que Messali Hadj s’employa à partir d’août 1936 à implanter en Algérie. Son militantisme communiste, jusqu’alors très actif, fut atteint par la dissolution de l’Étoile nord-africaine par décision du gouvernement de Front populaire au début de 1937 et que le Parti communiste approuva, et plus encore par les attaques contre Messali Hadj et le nouveau parti qu’il lança dans l’été 1937 : le Parti du peuple algérien. Parce qu’il continuait à imprimer les textes de propagande messaliste et d’autres textes nationalistes, Cl. de Fréminville fut accusé d’avoir acheté son matériel d’imprimerie avec des fonds fournis notamment par Fehrat Abbas, le leader des Jeunes Algériens, associé du mouvement dit des « Élus » et qui passa alors à un nationalisme modéré. Aussi quitta-t-il le Parti, devenu le Parti communiste algérien, plutôt, comme il l’écrivit à un autre membre du groupe à l’époque, André Bellamich, « qu’être exclu comme Camus » en étant « traité de trotskyste » (Voir Albert Camus*).
Après la Seconde Guerre mondiale, Cl. de Fréminville fut journaliste à Paris sous le nom de Claude Terrien qu’il devait illustrer comme commentateur politique à Europe n° 1. Il mourut en janvier 1966.
Par René Gallissot
SOURCE : Herbert R. Lottman, Albert Camus*, Le Seuil, Paris, 1978.