FROGET François [FROGET Claude, Marie, François, Pseudonyme dans la résistance : Poteau]

Par J.-P. Vaudon, Eric Panthou

Né le 6 février 1905 à Montchal (Loire), mort le 12 juin 1971 à Six-Flour-la-Plage (Var) ; tisserand ; ouvrier Michelin puis artisan tapissier ; militant syndicaliste CGTU ; militant communiste, au sein du Parti communiste (PCF) du Puy-de-Dôme ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Fils de canuts, tisserand lui-même dès l’enfance, Froget perdit très vite la foi chrétienne, influencé par un instituteur libre penseur, rebuté aussi par l’excès de piété de sa mère et le « sectarisme des prêtres ». Il dit avoir été très marqué par la lecture de Zola. Un de ses beaux-frères, cheminot syndicaliste révolutionnaire, fit son éducation politique et syndicale et, tout naturellement, il adhéra à la CGTU dès qu’il fut embauché chez Michelin à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en 1923. Il milita pendant cinq années dans le syndicat avant de rejoindre le Parti communiste en 1928, car, estimait-il, « seul le Parti communiste est capable de défendre les intérêts profonds des prolétaires car il n’est pas compromis comme la SFIO dans la collaboration de classe ». Les lectures, la formation théorique marxiste-léniniste viendront plus tard. Pourtant, dès 1929, il entrait au comité régional du Parti communiste et au comité de rayon de Clermont-Ferrand. Il exerça durant six mois les fonctions de trésorier adjoint de la région Auvergne avant de passer à « l’Agit-Prop » où il se sentait plus à l’aise du fait de ses capacités physiques et vocales. Il fut réélu au Comité Régional en 1935 jusqu’en 1939.

En 1930, il fut licencié de l’usine Michelin avec les neuf autres membres de la cellule d’entreprise. Il s’installa alors comme artisan matelassier à Aubière, continua à militer activement dans le Parti et fonda une cellule en 1935, vite très active dans la petite localité de la banlieue clermontoise. En août 1935, le secrétaire du Rayon de Clermont-Ferrand, Claude Planeix, ayant quitté brusquement la ville pour aller chercher du travail à Saint-Etienne, un secrétariat collectif fut formé, composé des Froget et Claude Pacaud, camarades jugés "très sains et fermement attachés au Parti", auxquels est associé Pierre Besset.
Il fut aussi membre et trésorier de la section d’Aubière de la Ligue des Droits de l’Homme. Une de ses filles, Suzanne, faisait partie des Jeunes filles de France. Ses qualités de « débatteur » le firent désigner en 1936 comme candidat à Issoire, le point faible du Parti communiste dans le Puy-de-Dôme.

Il obtint un résultat remarquable : 1 575 voix, soit 9,10 % des suffrages exprimés, ce qui fit progresser le Parti communiste de cinq fois par rapport à 1928 et de neuf fois par rapport à 1932.
Froget a été mobilisé et affecté à la 13éme section d’infirmiers dès les premiers jours de la déclaration de guerre en 1939. En l’espace de deux mois, son domicile est perquisitionné à trois reprises en septembre et octobre 1939, en son absence. Il fut fait prisonnier et dirigé en Allemagne au Stalag V b. Il est rapatrié sanitaire le 28/ juin 1941. Il est sous le coup d’un arrêté d’internement en date du 4 novembre 1940 mais non mis en exécution après son retour. Un complément d’enquête est demandé, il est de nouveau perquisitionné fin octobre et s’engage alors par écrit à ne rien faire en vue de la reconstitution du parti communiste dissous.
Pourtant, Froget entra bientôt dans les FTP. Il fut membre de la formation Camp Guy-Moquet ou 103éme Bataillon FTP du Puy-de-Dôme, avec durée des services homologuées du 6 mai 1944 au 28 août 1944. Il fut membre de l’état major de la 6éme Compagnie B du 103éme Bataillon FTP, avec le grade de lieutenant commandant la 1ére Section. Il fut homologué sous-lieutenant après-guerre. Son pseudonyme était alors Poteau.
Si son nom disparut des instances départementales du Parti, il demeura communiste jusqu’à sa mort, continuant à militer activement dans la cellule de Cournon (Puy-de-Dôme) où il s’était retiré. Ainsi, en 1971, il fut candidat sur la liste d’Union pour Une gestion démocratique, sociale, moderne, aux élections municipales à Cournon, menée par Jean Nicolas, dirigeant du PCF au niveau du département.
Il s’était marié le 13 mai 1924 à Clermont-Ferrand et avait eu deux enfants de ce premier mariage, puis se remaria le 23 décembre 1954 à Cournon-d’Auvergne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114311, notice FROGET François [FROGET Claude, Marie, François, Pseudonyme dans la résistance : Poteau] par J.-P. Vaudon, Eric Panthou, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 28 novembre 2020.

Par J.-P. Vaudon, Eric Panthou

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme, M 05420. — SHD Vincennes, 19 P 63/6 : liste des membres de la formation Camp Guy-Moquet ou 103éme Bataillon FTP du Puy-de-Dôme .— Le Cri du Peuple, 1927-1936. — J.-P. Vaudon, article dans Le Mouvement social, janvier-mars 1971. — Témoignage de l’intéressé. — État civil de Montchal, 7 juin 1984 ; Archives départementales du Puy-de-Dôme (AD63) 1296W75. Liste des perquisitions effectuées ; 1296W100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941 ; 1296W100 : Procès-verbal interrogatoire François Froget, 21/10/41 ; Notice nécrologique dans Résistance d’Auvergne, n°4, octobre 171.-RAGSPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1935 : cote 517_1_1744. Tournée dans le Puy-de-Dôme du 11 au 25 août 1935. Délégué : Seinforin .— Profession de foi de la liste menée par Jean Nicolas aux Municipales de 1971 à Cournon.

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