Par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche, Clément Garrigou, Dominique Petit
Né le 23 mars 1860 à Bordeaux (Gironde), mort le 7 avril 1942 à l’hôpital Laennec à Paris ; employé de bureau à la préfecture de police, puis correcteur ; anarchiste, puis sympathisant communiste.
Issu d’une famille bourgeoise, son père Jean Girard était avocat et bâtonnier de l’ordre. Il reçut une éducation cléricale. Placé au lycée de Bordeaux, il rentra ensuite chez les jésuites d’où il se faisait expulser comme élève indiscipliné. Il commençait ensuite des études de médecine puis se rendait à Paris vers sa vingtième année où il se liait d’amitié avec des révolutionnaires tels que Jean Grave.
André Girard collaborait au journal Le Révolté et à La Révolte.
En 1894, commis au 2e bureau de la 1ère Division de la préfecture de police, André Girard collaborait, sous le pseudonyme de Max Buhr, au quotidien mi-révolutionnaire mi-patriote La Cocarde. A l’époque du procès des Trente (voir Élisée Bastard), il prit parti pour les anarchistes persécutés dans les colonnes du journal.
Sa véritable identité ayant été découverte, il fut aussitôt révoqué de la préfecture, par arrêté du 28 janvier 1895. Il travailla alors comme correcteur d’imprimerie.
Lorsque, en mai 1895, Jean Grave, après sa sortie de prison, lança Les Temps nouveaux, André Girard en devint un fidèle collaborateur, prenant en charge la rubrique “Mouvement social”.
Vers 1896 Maurice Lachâtre l’engagea et il publia alors des articles dans le Dictionnaire-Journal, puis André Girard devient secrétaire de rédaction du Dictionnaire La Châtre.
Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes du 31 décembre 1896, il demeurait 14 rue Dupuis à Montrouge (Hauts-de-Seine).
En 1897, aux cotés notamment de Elisée Reclus, Kropotkine, Louise Michel, Janvion, Jean Grave, Charles Albert et R. Laurens, il fut membre du Groupe d’initiative pour la création d’une école libertaire.
En janvier et février 1898, André Girard rédigea une série d’articles Les Temps Nouveaux (n° de janvier-février 1898), sur la « coopération communiste », suggérant aux coopératives ouvrières de production et de consommation d’échanger des biens et des services sans estimation de valeur. Sa proposition resta sans écho, d’autant que l’affaire Dreyfus commençait alors à occuper tout l’espace politique.
André Girard, qui avait collaboré avec Pelloutier à l’éphémère Action sociale (Paris, 5 numéros du 1er au 29 février 1896) de Bernard Lazare et à la revue l’Art social (Paris, 1891-1892 & 1896) de Gabriel de la Salle et Augustin Hamon, ne croyait pas à l’innocence de Dreyfus ; ou tout au moins, comme pour les anarchistes à cette époque, le sort de Dreyfus, militaire et bourgeois, ne l’intéressait pas.
Bientôt, comme la grande majorité du mouvement anarchiste, André Girard s’engagea contre la réaction cléricalo-militaire et antisémite. Dans Les Temps nouveaux du 13 août 1898, il écrivit que l’article « J’accuse » de Zola était un « coup formidable porté au militarisme et au respect de l’armée » et avait la valeur d’un « acte révolutionnaire ». Il estima que la neutralité, dans cette affaire, était « absurde », contestant l’attitude réticente des Temps nouveaux. Il collabora à cette époque au Journal du peuple, quotidien dreyfusiste révolutionnaire dirigé par Sébastien Faure.
En juillet 1900, à l’occasion de l’assassinat du roi Humbert Ier d’Italie par l’anarchiste Bresci, il critiqua la stratégie des attentats. Dans Les Temps nouveaux du 4 août 1900, sous le titre « Tirez fort, visez juste ! », il écrivit : « Quelque sympathie, quelque admiration même qu’on puisse éprouver pour le ferme courage d’un homme qui, de propos délibéré, s’offre en holocauste en frappant un dirigeant voué par ses crimes à l’exécration publique, la vérité doit être hautement proclamée, dans l’intérêt même de l’issue de la lutte sociale. Ce n’est pas la tête politique qu’il importe de frapper. C’est la tête économique, la Propriété qu’il faut atteindre... »
Un mois plus tard, par une brève dans Les Temps nouveaux du 8 septembre 1900, il soutint le projet de fondation d’une Fédération communiste révolutionnaire internationale à l’occasion du congrès antiparlementaire (voir Fernand Pelloutier) mais Jean Grave fut hostile à ce projet. Finalement, celui-ci fut annulé au dernier moment par le gouvernement. Seuls les rapports qui devaient y être présentés parurent dans les Temps Nouveaux. Certains groupes, celui des ESRI (Étudiants socialistes révolutionnaires internationalistes) en particulier, menèrent campagne en faveur de « la constitution d’une Fédération communiste révolutionnaire internationale groupant les groupes communistes libertaires du monde entier ». Cette Fédération n’aurait eu pour but que de permettre aux camarades de se connaître et de correspondre.
A l’hiver 1900 il avait adhéré au Groupe de solidarité internationale et aux détenus.
A partir d’août 1901, il s’engagea dans un cycle de conférence, sur l’éducation pacifique à l’Université populaire Germinal de Nanterre et aux Soirées ouvrières de Montreuil-sous-Bois. Ces conférences furent reprises dans le n°3 de L’Education libertaire.
Dans le Libertaire du 2 novembre 1901, il annonça qu’il venait de créer avec E. Gouvine, l’Université populaire de Montrouge, dont le siège social se trouvait 3 rue du Marché. Une séance d’inauguration eut lieu le 17 novembre 1901, salle Moquet. 48. avenue de la République à Montrouge. La cotisation mensuelle, par personne était de 50 centimes ; par famille, 75 centimes. Les adhésions étaient reçus chez E. Gouvine, 135. rue de Bagneux, et chez André Girard, 11, rue Dupuis à Montrouge.
Sur l’état récapitulatif des anarchistes en 1901, il était porté disparu. Son dossier à la Préfecture de police portait le n°93.388.
En janvier 1902, il fit paraître en brochure « l’Education Pacifique », en vente au Libertaire, au prix de dix centimes, au profit du journal.
En mars 1902, André Girard adhéra au syndicat des correcteurs, au moment où celui-ci avait quitté la fédération du Livre (voir Albin Villeval). De 1905 à 1908, il appartint au comité syndical.
En mai 1903, il fit une conférence à l’Université populaire L’Effort de Montrouge sur L’enseignement de la morale à l’école primaire. Dans le Libertaire du 5 juin 1903, il publiait un article sur "Les droits de l’enfant".
En 1903 il collabora à la nouvelle série de L’Homme libre (Paris, 14 novembre 1903- 26 mars 1904) publié par E. Girault.
Au printemps 1903 il fut l’un des signataires d’un manifeste contre le dogmatisme de l’enseignement officiel et pour le droit des enfants. Il y constatait que l’enseignement laïque "loin de réformer les méthodes dogmatiques et autoritaires de l’enseignement clérical, les a au contraire adoptées en se bornant à substituer à l’idolâtrie religieuse, l’idolâtrie du Capital, du Drapeau et de la Guerre". Avec d’autres camarades, dont Jean Grave, il appelait alors à reformer l’Ecole libertaire et fondait une Ligue pour la défense de l’enfant.
En mars 1904, il participait à la Ligue pour la Défense de l’Enfant qui se proposait de publier des ouvrages scolaires conçus, destinés à éveiller chez l’enfant l’esprit d’observation de réflexion. C’était une société coopérative à personnel et capital variables par actions de 25 francs dont le dixième seulement, soit 2 fr. 50. était exigible pour devenir membre adhérent. Les souscriptions étaient reçues chez André Girard. 1 rue Chaintron, Grand Montrouge
A partir du printemps 1904, il fut chargé de la rédaction et de l’administration de la revue L’Education intégrale de Paul Robin.
En décembre 1905, André Girard faisait partie du Comité d’initiative pour la construction d’une Bourse du travail à Paris, formé par des militants de la CGT et de l’Union des syndicats de la Seine. Il s’occupait de la correspondance du Comité.
Le 27 février 1909, une grève des linotypistes se déclenchait et un comité de grève des linotypistes, mécaniciens et correcteurs se formait. André Girard et 3 autres correcteurs du Journal, ne participèrent pas au mouvement. Girard invoqua une consigne donnée par Villeval du syndicat des correcteurs. Un polémique s’engagea entre le comité de grève qui dénonça l’attitude de « sarrasin » de Girard dans le Libertaire et Girard qui se défendait dans les Temps Nouveaux, mettant en cause le rôle joué par Janvion dans ce conflit.
Début février 1910, André Girard signait la motion du Comité Révolutionnaire Antiparlementaire, ainsi que l’affiche « Ne votons plus ! » en mars.
En 1909, il avait été inscrit au carnet B, à la suite d’articles antimilitaristes dans les Temps Nouveaux.
Le 24 mars 1910, il fut parmi les 16 signataires de l’affiche « A bas Biribi » imprimée par le Comité de Défense Sociale, pour réclamer justice dans l’affaire Aernoult-Rousset (voir Albert Dureau). Les 16 signataires passèrent en procès les 4 et 5 juillet pour provocation au meurtre et à la désobéissance, et furent acquittés.
Quelques semaines plus tard, participant à la campagne antiparlementaire (voir Jules Grandjouan), il fut candidat abstentionniste dans la 3e circonscription de Paris 11e, sous l’étiquette « antiquinzemille ».
En décembre 1911, dans le cadre du Comité de Défense Sociale, il signa l’affiche « Rousset est innocent ! ».
A l’époque de l’affaire des « bandits tragiques » (voir Jules Bonnot), André Girard condamna nettement l’illégalisme : « Si les bourgeois, dans l’application de leurs principes d’individualisme égoïste, sont des bandits, les soi-disant anarchistes qui suivent les mêmes principes deviennent, par ce fait, des bourgeois et sont aussi des bandits. Bandits illégaux, peut-être, mais bandits quand même et également bourgeois. » (Les Temps nouveaux du 6 janvier 1912).
De mars à mai 1912, il appartint au Comité antiparlementaire révolutionnaire — impulsé par la FRC — qui mena une campagne abstentionniste à l’occasion des élections municipales de mai. Ce comité, dont Henry Combes était le secrétaire et Lucien Belin le trésorier, rassemblait 25 personnalités anarchistes et/ou syndicalistes révolutionnaires (voir Henry Combes).
André Girard était aussi un artiste et un compositeur. Lors de la fête des Temps Nouveaux du printemps 1912, il avait présenté "Les Pythagoriciens : prélude et hymne au soleil" du 2è acte dont il était l’auteur de la musique et des chœurs.
Quelques mois plus tard, il participa à la controverse sur le néomalthusianisme qui opposa Les Temps nouveaux au Libertaire, refusant de voir dans « cette théorie purement régénératrice [...] la solution principale à la question sociale au point de vue économique » (Les Temps nouveaux du 14 septembre 1912).
A l’approche du congrès national organisé par la Fédération communiste anarchiste, André Girard fut de ceux qui s’enthousiasmèrent et obtinrent le ralliement des Temps nouveaux. Il participa activement à la préparation de ces assises, qui se tinrent les 15, 16 et 17 août 1913. A la tribune, il donna lecture des lettres adressées aux congressistes par Kropotkine, Paul Reclus, ainsi que par les détenus politiques de la FCA, comme Eugène Jacquemin.
A l’issue du congrès, il fit partie de la commission de huit membres (voir Pierre Martin) chargée de mettre sur pieds la nouvelle organisation nationale, baptisée Fédération communiste anarchiste révolutionnaire.
En septembre 1913, il signa l’appel pour constituer la coopérative Le Cinéma du peuple.
Quand la guerre éclata, André Girard, âgé de 54 ans, ne fut pas mobilisé. Avec Charles Benoît, il fut un des principaux militants du Groupe d’entraide des Temps nouveaux qui, du 20 novembre 1914 à fin décembre 1916, collecta 6 842 francs pour aider les amis mobilisés. Le groupe avait conservé le local de la rue Broca, à Paris 5e.
Au début des hostilités, il s’était résigné pendant quelque temps à la défense nationale, et avait collaboré à La Bataille syndicaliste.
Mais bientôt il se ravisa, et se montra hostile à la guerre et à l’union sacrée. Dans une lettre du 21 février 1915, adressée à son camarade Mougeot, il écrivait : « Ta lettre, comme beaucoup d’autres que nous recevons de camarades mobilisés, nous font voir que malgré le cataclysme qui passe sur l’Europe, la plupart conservent intactes leurs idées. Il était à craindre que le milieu, l’emballement de la guerre ne modifiât leurs manières de penser. Eh bien ! il n’en est rien. » Et plus loin, il ajoutait que beaucoup de patriotes « reviendront de leurs illusions sur les beautés de la guerre, du militarisme et de la gloire meurtrière. Ils auront vu tout ça de près et sauront ce que ça vaut. Alors, quand nous, nous lutterons pour que ces choses disparaissent, ils seront avec nous, au moins de cœur ».
Le 1er mars 1915, il blâmait l’alliance de la France avec la Russie autocratique et envisageait l’éventualité de voir la France écrasée par l’Allemagne.
Le 12 juillet 1915, lors d’une réunion du groupe des Temps nouveaux, 4 rue Broca, il préconisait la paix, sans vainqueur, ni vaincus, après une discussion avec des rédacteurs de la Bataille syndicaliste : « Les groupes de nations étant de même force, il y a lieu d’arrêter les armements qui conduisent à la ruine de chacune d’elles. ».
Le 22 août 1915 à la réunion du groupe Les Temps nouveaux, il donnait lecture d’une lettre de Jean Grave dans laquelle celui-ci acceptait de signer un manifeste en faveur de la paix. Mais il estimait indispensable d’anéantir le militarisme allemand et craignait qu’une paix prématurée ne puisse être conclue qu’à l’avantage de l’Allemagne.
En septembre 1915, Girard signa une pétition aux Chambres contre la censure politique.
Le 24 octobre 1915, à la réunion des Temps nouveaux, il annonçait que Marie lui avait demandé de collaborer à la Bataille syndicaliste. Mais il n’accepterait que si le journal cessait sa propagande en faveur de la continuation de la guerre. Il habitait 54 Grande Rue à Montrouge.
Le 1er novembre 1915, à la Réunion des Temps nouveaux, Girard annonçait que Villeval n’avait accepté de collaborer à la Bataille que pour surveiller les agissements de Marie et de Grandidier, dans le but de découvrir l’origine des fonds qui alimentaient le journal. Villeval annonçant que son premier article combattrait la thèse de la « guerre jusqu’au bout », pour se rendre compte s’il serait censuré par l’administration du journal.
Durant la période 1915-1916, il fut membre du comité syndical du syndicat des correcteurs de la Seine. Il était correcteur au journal L’Excelsior.
La conférence de Zimmerwald l’enthousiasma et, dès janvier 1916, le Groupe des Temps nouveaux donna son adhésion au Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI). Il s’en expliqua dans une « Première lettre » (janvier 1916) adressée aux anciens abonnés.
A la réunion du 16 janvier des Temps nouveaux, Girard montrait l’épreuve de la lettre aux abonnés des Temps nouveaux. Lecram en faisait l’expédition, Benoit lui avait remis l’argent nécessaire pour que les envois puissent être faits sous enveloppe.
Cette lettre fâcha Jean Grave, qui accusa André Girard et Charles Benoît d’usurper le titre des Temps nouveaux et d’occuper indûment le local.
Le 27 février 1916, à la réunion des Temps nouveaux, Il donna lecture d’une lettre de Gauche qui était convaincu que la guerre était une lutte entre l’Allemagne et l’Angleterre pour la conquête des routes commerciales. La France était la victime de son alliance avec la Russie et la seule solution était la paix immédiate.
Girard expliquait qu’il avait reçu une lettre de Jean Grave demandant l’adresse des abonnés du journal, ayant l’intention de leur envoyer un exposé de ses conceptions, approuvées par Kropotkine, Guérin et le docteur Pierrot. Il ajoutait que l’adresse de Grave allait être envoyée à tous les militants qui réprouvaient son attitude, afin qu’ils puissent lui exprimer directement des reproches.
Tous les assistants de la réunion avaient considéré que l’attitude de Grave était d’autant plus regrettable qu’il avait eu soin de se mettre en sécurité en Angleterre où il vivait en égoïste.
Cette affaire motiva la publication, en mars 1916, d’un appel anarchiste de soutien à l’union sacrée, le « Manifeste des Seize » (voir Jean Grave).
Benoît et Girard répondirent au Manifeste des Seize dans un texte intitulé « La paix par les peuples » (voir Charles Benoît).
Le texte appelait à poursuivre l’œuvre de Zimmerwald en constituant « un congrès mondial du prolétariat, dont l’œuvre sera tout d’abord d’exiger la cessation des hostilités et le désarmement immédiat et définitif des nations ».
Le Journal du peuple d’Henri Fabre accepta de le publier, mais il fut intégralement censuré. André Girard et Charles Benoît publièrent alors une seconde brochure clandestine. Intitulée « Deuxième lettre. Un désaccord », elle reproduisait l’échange de correspondances au sein de l’ancienne équipe des Temps nouveaux, et le texte « La paix par les peuples ».
Le 8 juin 1916, Grave écrivait à Girard pour lui demander de rendre les clefs du local de la rue de Broca à la femme de Guérin, mais à sa réunion du 18 juin, le groupe Les Temps nouveaux refusait de rendre les clefs, estimant qu’il avait autant de droits que Grave sur le local.
En 1916-1917, André Girard collabora à Ce qu’il faut dire, le journal pacifiste libertaire de Sébastien Faure.
Charles Benoît et lui publièrent ensuite une « Troisième lettre » aux anciens abonnés des Temps nouveaux, dans laquelle ils annonçaient leur volonté de fonder un nouvel organe. Celui-ci devait voir le jour en janvier 1918, et s’intituler L’Avenir international. Girard en fut le rédacteur en chef.
En mai 1918, il demeurait 1 rue Chaintron, puis 54 Grand-Rue à Montrouge. Il y vivait avec sa compagne Marie-Louise Combeau, âgée de 60 ans. Son courrier était surveillé par la police. Appuyé par la Ligue des droits de l’homme, il écrivit à Clemenceau, président du conseil, pour faire cesser ce contrôle.
Publié jusqu’en août 1920, L’Avenir international (Paris, 32 numéros, janvier 1918-août octobre 1920), sous-titré « revue mensuelle d’action sociale, littéraire, artistique, scientifique » fut domicilié au 96, quai de Jemmapes, dans les locaux de l’ancienne Vie ouvrière et eut comme gérants Julien Bérangerpuis André Girard, et comme administrateur Marcel Hasfeld. Ce fut avant tout une tribune de discussion de coloration pacifiste et pro-Révolution russe, qui attira des contributeurs assez variés (voir Charles Benoît).
En 1922, lors de la révision du carnet B, il y était maintenu parce qu’il avait publié dans L’Avenir international, Ce qu’il faut dire, des articles anarchistes.
Après la guerre, André Girard collabora à La Vie ouvrière, mais ne suivit pas Pierre Monatte au Parti communiste (cf. Le Libertaire, 11 février 1925). Le Libertaire l’accusa de n’avoir jamais protesté contre les calomnies proférées par les communistes à l’encontre des anarchistes.
A l’époque de la scission confédérale, le syndicat des correcteurs ayant choisi de rester à la CGT (voir Albin Villeval), André Girard le quitta pour rejoindre la CGTU en 1922. Il fréquentait jusqu’à cette date les réunions du Comité de Défense Sociale.
Selon un rapport de police de septembre 1924, il aurait fait partie depuis 1920 de la section de Montrouge de la Fédération de la Seine du Parti Communiste.
Après 1924 il fut, pendant un temps, permanent à l’Internationale des travailleurs de l’enseignement (ITE), dont le communiste Léon Vernochet était secrétaire général. Il travailla également avec le futur sénateur communiste Georges Cogniot qui, dans ses Mémoires parues en 1976 et 1978, devait le qualifier d’« homme probe et droit, profondément estimable ».
En 1924, il était rayé de la liste des anarchistes dont le domicile était surveillé bi-mensuellement.
Le 4 janvier 1927, il était rayé du carnet B (3ème groupe). Il était correcteur à l’imprimerie Dangon, 123 rue Montmartre.
Il demeurait toutefois l’anarchiste qu’il avait toujours été et, en 1935, répondant à une enquête du Libertaire (cf. n° du 29 novembre 1935), il écrivait : « Oui, le " Front populaire " prépare à la fois les bonnes élections de " gôche " de 1936 et le " climat moral " propice à une prochaine guerre du " Droit ", de la " Justice " et de la " Liberté "… « L’Union Sacrée » s’élabore à nouveau comme en 1914, sous nos yeux, des communistes aux « jacobins » et autres farceurs du Parti radical. Les mesures les plus rigoureuses les plus « coercitives » se préparent et toujours sous l’étiquette « gauche » pour défendre la « République », la « Liberté », la « Démocratie », etc., etc... Et comme toujours le bon populo et nous autres en premier lieu, libertaires, en seront les victimes, les seules victimes ! »
André Girard fut réadmis au syndicat des correcteurs en janvier 1936.
Il avait été, à ses heures, compositeur de musique.
André Girard avait collaboré à de très nombreux titres de la presse libertaire dont outre ceux cités dans la notice : AIA (Paris, 1906), Almanach De La Révolution (Paris, 1906), Bulletin De La Ruche (Rambouillet).
Sa fille Marie-Louise Bachert fut une militante socialiste de Montrouge.
Par Jean Maitron, notice revue par Guillaume Davranche, Clément Garrigou, Dominique Petit
ŒUVRE : (Cotes de la Bibl. Nat.) : Éducation et autorité paternelles, Paris, 1897, 16 p., broch. n° 6 (8° R. 15 263). — Anarchie, Paris, 1901, 11 p. — Au fumier le drapeau ! Roubaix, 1901, 4 p. (8° Lb 57/13 162). — L’Éducation pacifique, Paris, 1902 15 p. — L’Enfer militaire, Paris, 1911, 55 p., broch. n° 44 (8° 15 263). — Le Parlementarisme contre l’action ouvrière (en collaboration avec M. Pierrot), Paris, 1912, 15 p., broch. n° 52 (8° R. 15 263). — Anarchistes et bandits, Paris, 1914, 23 p., broch. n° 70 (8° R. 15 263).
SOURCES :
Arch. du syndicat des correcteurs. — J. Grave, Le Mouvement libertaire sous la IIIe République, Paris, 1930. — Jean Maitron, Le Mouvement anarchiste en France. op. cit. — Yves Blondeau, Le Syndicat des correcteurs, op. cit. — Journaux cités — Fiche Wikipédia d’André Girard — Notice André Girard du Dictionnaire des militants anarchistes — Archives du syndicat des correcteurs. — Archives Nationales F7/13061, 19940494 art.54 et 101124551 — L’homme libre — Les Temps Nouveaux, années 1903, 1904, 1905, 17 avril 1909, 1912 — Le Libertaire, années 1897, 1901, 5 janvier 1902, 19 mars 1904, 23 mai 1909, 20 mars 1910, 2 décembre 1911, 13 septembre 1913 — La Petit république 21 août 1901 — La Lanterne 13 octobre 1901 — Bianco : presse anarchiste. Fiche Education libertaire (1900-1902) — XIXe Siècle 16 mai 1903 — L’Humanité 15 décembre 1905, 9 février 1910 — Le Figaro 5 septembre 1915 — Archives de la Préfecture de police Ba 1120, 1500. — Les anarchistes contre la république de Vivien Bouhey. Annexe 56 : les anarchistes de la Seine.