GUÉNIFET Désiré

Par Gabriel Désert

Né en 1872 à Saint-Bris-le-Vineux (Yonne) ; marchand forain, graveur sur verre ; militant socialiste et syndicaliste du Calvados.

D’abord domicilié à Caen, semble-t-il, on retrouve Désiré Guénifet à Lisieux en 1919. Indépendant, ne voulant pas « subir la contrainte d’un travail pour le compte d’un patron », Désiré Guénifet était signalé comme propagandiste des idées socialistes dans la Saône-et-Loire avant le premier conflit mondial et il aurait pris une part active à la campagne électorale de 1914 dans l’arrondissement de Louhans. Il devint secrétaire de la section socialiste de Lisieux lors de sa reconstitution en 1919 et était membre de la commission administrative de la Fédération socialiste du Calvados. La même année, il se présenta sur la liste socialiste aux élections législatives. Enfin, en 1923, il était membre de l’Union des gauches et de la section lexovienne de la Ligue des droits de l’Homme.

« Orateur très prenant » et ayant une « bonhomie séduisante », son influence sur les ouvriers était grande, ce qui explique qu’il devienne secrétaire honoraire du syndicat des cheminots lexoviens, et secrétaire appointé, à 120 francs par mois, du syndicat du textile au début de 1920. À ce titre il fut le leader de la grève des ouvriers du Textile et de l’Habillement (24 mars-12 avril 1920). Ce conflit trouva son origine dans le renvoi d’un responsable syndical et dans le non-respect de leurs engagements par les patrons lexoviens ; augmentation de 10 % des salaires au lieu des 25 % promis. Grâce à l’action dynamique de Guénifet, les travailleurs obtinrent l’augmentation de 25 %, avec rappel à partir du 1er février et la création d’une commission paritaire.

Malgré son article intitulé « Coups d’épingles », paru dans le Populaire Normand, en septembre 1920, article dans lequel il attaquait les « estimables crapules » que sont les Schneider, Renault et Citroën, parce qu’ils poussent à la guerre contre la Pologne, Désiré Guénifet était un socialiste modéré, hostile au « sectarisme du parti ». Il le prouva, en mai 1920, lors d’une conférence faite par une délégué à la propagande du Parti socialiste : il n’hésita pas, en effet, à apporter la contradiction, insistant sur l’échec des grèves qui porte un coup au mouvement ouvrier, et, déclarant nettement qu’il était hostile à la lutte des classes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114462, notice GUÉNIFET Désiré par Gabriel Désert, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 5 août 2021.

Par Gabriel Désert

SOURCES : Le Populaire Normand. — C. Billy et J. Quinette, Le Mouvement ouvrier dans le Calvados, 1884-1922, Mémoire de Maîtrise, Caen, 1971. — J. Tatard, Le Mouvement ouvrier dans les industries textiles du Calvados, 1884-1939, Mémoire Maîtrise, Caen, 1971.

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