ISARD François, Marie

Par Yves Lequin

Né et mort à Annecy (Haute-Savoie), 24 juin 1874-17 décembre 1950 ; ouvrier ébéniste ; syndicaliste de Haute-Savoie.

François Isard participa, en septembre 1899, à la fondation de la Société professionnelle des ouvriers ébénistes et assimilés de l’ameublement d’Annecy, et en assuma pendant plusieurs années le secrétariat ; à compter de 1901, il milita à la Fédération des syndicats ouvriers d’Annecy, qui venait de naître et, surtout, il devint vite, en 1905, le principal animateur de la Bourse du Travail qui l’avait remplacée ; il fut son secrétaire général jusqu’à la veille de la guerre, sauf pendant une courte période, en 1913, où son action fut désapprouvée et où il ne fut qu’adjoint. Comme tel, Isard alla porter l’aide des militants annéciens aux travailleurs en lutte dans tout le département ; il n’est pas d’épisode important dans les combats du prolétariat savoyard où il ne soit intervenu, conseillant, stimulant, organisant la solidarité : dans la grande grève interprofessionnelle d’Évian, au printemps 1907 ; dans la grève générale du Bâtiment d’Annecy, en avril-mai 1909 ; auprès des mineurs d’asphalte de Lovagny (Haute-Savoie), en juillet 1911 ; des mineurs de l’hôtel Beaurivage, à Sévrier, dans la banlieue annécienne, en janvier 1913.

Isard semble avoir représenté un courant modéré, malgré l’affiliation de la Bourse à une CGT dominée par les syndicalistes révolutionnaires ; il se heurta à partir de 1909 à des éléments plus proches de l’orientation générale de la Confédération, plus attentifs à des mots d’ordre qu’Isard et ses amis considéraient plus comme des principes à affirmer que des consignes à appliquer à la lettre, et qui, jusqu’en 1913, menèrent l’attaque sous la direction de Collet*, représentant des employés des PTT. Isard entretenait d’excellents rapports avec l’organisation locale du Parti socialiste SFIO ; en 1907, il avait salué, dans Le Travailleur savoyard, le nouvel organe de la Fédération des Deux-Savoies, un précieux instrument de lutte pour le mouvement revendicatif, et, de 1911 à 1913, il y tint régulièrement une rubrique syndicale. À partir de 1912, c’est aux côtés des unifiés, en union étroite avec eux, que la Bourse mena campagne tant contre la répression gouvernementale, en recevant par exemple Alphonse Merrheim après les événements de Draveil et de Villeneuve-Saint-Georges, que contre le danger de guerre, Isard fut désigné pour représenter la Bourse d’Annecy au congrès extraordinaire contre la guerre, à Paris, en novembre 1912, et mena activement la lutte contre la loi des trois ans ; le point culminant fut le meeting du 27 avril 1913, où, sous sa présidence, près de 1 500 Annéciens vinrent écouter le député SFIO de la Seine, Dejeante ; mais Isard et la Bourse ne semblent avoir eu aucun rôle dans l’agitation interne des deux grandes unités stationnées dans la ville, le 11e bataillon de chasseurs alpins et le 30e régiment d’infanterie. Après la déclaration de guerre, Isard continua à diriger la Bourse un certain temps, puis céda la place, pour la reprendre en 1919 comme secrétaire adjoint, Deronzier étant secrétaire général. Isard fut également alors gérant de la coopérative de consommation « L’Ouvrière ».

En 1936, le 26 janvier, dix-huit syndicats étaient représentés à Annecy au congrès constitutif de l’UD Haute-Savoie. Une commission administrative de quinze membres fut élue et Isard désigné comme secrétaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114526, notice ISARD François, Marie par Yves Lequin, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 novembre 2010.

Par Yves Lequin

SOURCES : Arch. Nat., F7/13567 et F7/13613. — Arch. Dép. Haute-Savoie, 6 M, 10 M, 11 M non classées et fonds Grandchamp : archives de la Bourse du Travail d’Annecy, 5 J I. — La Voix du Peuple, janvier 1936. — Mairie d’Annecy.

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