JOUBERT Camille [JOUBERT Jean-Baptiste, Louis, Barthélemy, Camille]

Par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou

Né le 12 avril 1873 à Thiers (Puy-de-Dôme), mort le 12 avril 1944 ; docteur en médecine ; militant socialiste du Puy-de-Dôme ; responsable des Amis de l’Union soviétique ; résistant.

Fils d’un pharmacien, Camille Joubert fit ses études au collège de Courpière puis à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme.
Il s’installa à la suite de sa thèse comme médecin généraliste dans sa commune natale lorsqu’il fut mobilisé en août 1914. Il a exercé au front ou près du front pendant les 4 ans du conflit, surtout comme chirurgien, obtenant le grade de Lieutenant-Colonel Major. Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur et reçoit la Croix de Guerre et la Médaille Militaire à l’issue du conflit, tout comme son infirmière, Lydia, d’origine russe, veuve de guerre d’un médecin de Paris tué au front.
A son retour du front, il se sépara de sa première épouse puis vécut avec Alyde (Lydia) Kalé ou Kalhé, qu’il épousa après son divorce en 1923 dont il eut une fille, Nicole. Un fils, Alain, naquit peu après.
Surnommé "le médecin des pauvres", il est très apprécié à Thiers.
Il adhéra dans les années 1920 à la SFIO et en 1923 à la loge maçonnique du Grand orient de France. Vers 1934, il adhéra, avec son épouse, aux Amis de l’Union soviétique dont il devint par la suite le responsable départemental.
Aux élections municipales de 1935 à Thiers, il figure en dernière place sur la liste menée par le socialiste Antonin Chastel mais c’est lui qui obtient le plus de voix. Il refuse néanmoins de devenir maire, acceptant de devenir premier adjoint d’Antonin Chastel du 19 mai 1935 au 7 novembre 1940, date de la dissolution de la municipalité par le gouvernement de Vichy et de la nomination d’une délégation spéciale.
Durant l’entre-deux-guerre, le couple Joubert fait partie des intellectuels qui dénoncent la guerre, le fascisme et le nazisme. Le docteur Joubert est notamment connu comme l’une des figures les plus connues et respectées parmi les membres des Amis de l’Union Soviétique, à la fin des années trente, dans le département. Sa fille et son fils sont engagés auprès des jeunesses communistes à la veille du conflit.
Le docteur Joubert participa sans doute dès les premiers mois de l’Occupation aux premiers noyaux de résistance, aidant avec son épouse à la reconstitution clandestine du Parti communiste. On ignore la date à laquelle ils adhérèrent.
Lydia Joubert fut arrêtée en novembre 1940 puis internée au camp de Rieucros. Leur fille, Nicole Joubert, fut arrêtée en janvier 1941 pour possession de documents communistes. Leur fils, Alain Joubert, s’enfuit dans la clandestinité en 1943 alors qu’il était encore lycéen et fut bientôt commissaire technique au camp Wodli des FTP en Haute-Loire.
Placé en résidence surveillée avec son épouse à Joze (Puy-de-Dôme), Camille Joubert réussit à échapper à la surveillance des polices française et allemande grâce à l’intervention de Robert Huguet, dit prince, l’un des dirigeants des Mouvements Unis de la Résistance, en Auvergne. Il se réfugia, sous le nom de Claude Juge, à Chadeleuf (Puy-de-Dôme) chez un autre dirigeant de la résistance, Sauvanet, futur préfet du Puy-de-Dôme à la Libération. Le docteur Joubert est très affaibli, souffrant de brochites et il mourut le 12 avril 1944. Il fut inhumé au cimetière de Chadeleuf sous le nom de Juge. Les 12 et 13 avril 1946 ont lieu à Thiers les obsèques officielles et solennelles du docteur, organisés par la mairie. Le 28 octobre 1946, la mention "Mort pour la France" lui est décernée.

Le 10 septembre 1944, l’ancienne avenue du Maréchal Pétain à Thiers reçut le nom de rue du Docteur-Camille-Joubert.

Son épouse, libérée du camp de Rieucros (Lozère), fut assignée à résidence avec lui à Joze puis après son décès, partit comme infirmière dans les maquis FTP de l’Allier et dirigea le centre d’accueil des prisonniers et déportés à leur retour au Château de Brignat.
Sa fille fut déportée ainsi que son fils Alain.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114551, notice JOUBERT Camille [JOUBERT Jean-Baptiste, Louis, Barthélemy, Camille] par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 17 septembre 2018.

Par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou

SOURCES : F. Grenier, Ce Bonheur-là..., op. cit. — Renseignements fournis par la mairie de Thiers.— http://www.afmd-allier.com/PBCPPlayer.asp?ID=1467137.— "La belle figure de la Résistance : René Dumont, alias Valentin", in Pierre Louty, Histoires tragiques du maquis, Neuvic-Entier, éd. La Veytizou, 2011.— arch. dép. du Puy-de-Dôme, 178 W 54 : Extrait du Registre des Délibérations du Conseil Municipal de Thiers, 10 septembre 1944.

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