Par Marie-Cécile Bouju, Daniel Grason
Né le 6 décembre 1905 à Varsovie (Pologne), mort le 3 mai 1945 en baie de Lübeck (Allemagne) ; fourreur, maroquinier ; responsable technique des imprimeries clandestines du PCF (1941-1943) ; déporté à Neuengamme (Allemagne).
Fils de Lazare Kamenney et de Sarah Katzman, Léon Kamenney a été naturalisé français par décret du 20 juillet 1927 (n° 7531/27). Il a eu son certificat d’études primaires. Il est désigné dans les archives soit comme fourreur soit comme maroquinier. Il était adhérent à l’Union syndical des travailleurs du cuir et de la peau ainsi qu’à la Caisse nationale syndicale de solidarité ouvrière. Il aurait été un ancien administrateur de la revue Regards.
Léon Kamenney a été mobilisé en mars 1940 et démobilisé à la fin août 1940. Il était, au début de l’année 1941, chargé avec Jean Jérôme de coordonner les imprimeries de la région parisienne utilisées pour l’impression de l’Humanité clandestine. Léon Kamenney a été interpellé le 30 janvier 1941 dans l’imprimerie de Marcel Rousillon au 125 bis rue de Reuilly à Paris (XIIe arr.), il affirma aux policiers qu’il ignorait son activité politique. Il a été relaxé en l’absence de preuves.
Léon Kamenney vivait sous le nom de Billon au 1 rue Gozlin à Paris (VIe arr.). Il fut pris en filatures par des inspecteurs de la BS1, le 8 janvier 1943 à 14heures 50, il était vu dans le Bois de Vincennes en compagnie de Suzanne Lacipière. Le 13 janvier il quitta son domicile de la rue Gozlin à 10heures 30, il alla boulevard Saint-Germain dans le VIIe arrondissement. Devant le bureau des PTT au numéro 193 il parla cinq minutes avec Robert Weisse, puis avec Suzanne Lacipière.
Le 28 janvier il sortit de chez lui à 8heures 15, il rencontra Joseph Bouchaud sur le pont Sully à 8heures 45, après un bref échange, ils se quittèrent. Le 3 février à 10heures les policiers notèrent qu’il parlait avec Suzanne Lacipière devant le château de Vincennes.
Le 1er mars 1943 il était interpellé par quatre inspecteurs de la BS1 des Renseignements généraux dans le XVIIIe arrondissement au 158 rue Damrémont où avait logé Lalaviale ou le 4 mars sur le quai Saint-Michel à Paris (Ve arr.), selon les sources. Léon Kammeney venait chercher régulièrement le courrier de Lalaviale, un instituteur qui avait quitté son domicile depuis dix-huit mois pour la zone libre.
Interrogée, la concierge assura aux policiers qu’aucun courrier n’était arrivé depuis une année. Léon Kammeney acquittait régulièrement le loyer et les quittances d’électricité.
L’arrestation du responsable national aux cadres, Pierre Brossard, entraîna 128 arrestations de résistants ou présumés tels. Les brigades spéciales l’identifièrent comme adjoint au responsable technique national, Roger Payen, artiste peintre domicilié à Vanves (Seine, Hauts-de-Seine), étant le responsable technique national.
Léon Kammeney fut condamné à huit ans de travaux forcés le 31 mars 1944 par le tribunal d’État. Il a été incarcéré à la prison de la Santé, puis de Blois (Loir-et-Cher). Il a été déporté au départ du camp de Royallieu à Compiègne par le convoi du 21 mai 1944 vers Neuengamme. Matricule 30649, il mourut le 3 mai 1945 à bord du Cap Arcona noyé dans la baie de Lübeck.
Il avait épousé Coralie Kaplan le 18 octobre 1931 à Paris (XIe arr.). Elle témoigna devant la commission d’épuration de la police, elle déclara que son mari avait été frappé lors de son passage dans les locaux des Brigades spéciales.
On retrouve au moins cinq orthographes de son nom : Kammeney, Kameney, Kemeny, Quemenet. L’état-civil a retenu Kamenney.
Par Marie-Cécile Bouju, Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo GB 53 (affaire Roussillon), GB 55 filatures, BA 2057, 1 W 1827-96040, 77 W 1339-291692, 77 W 1560-43822, 77 W 3101, Rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 8 mars 1943, KB 50. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – SHS 16 P 316346. – Réédition de l’Humanité clandestine. — J.O.R.F. n° 163, 17/07/1993, p. 10103. – Bureau Résistance (pas de dossier).