KEMPF Pierre [Alfred, Albert, Louis, Pierre]

Par Jean-Marie Conraud

Né le 22 février 1913 à Saint-Dié (Vosges) ; mort le 1er mars 2011 à Montbéliard (Doubs) ; dessinateur industriel ; militant jociste, permanent national pour la région de l’Est (1936-1938) ; permanent du Mouvement populaire des familles, président de la Confédération des associations familiales ouvrières et de l’Union départementale des associations familiales du Territoire de Belfort.

Fils d’un contremaître chaudronnier à la SACM-Alsthom de Belfort (Territoire de Belfort), qui eut quatre enfants, Pierre Kempf fut embauché, après avoir obtenu le Certificat d’études primaires en 1926, comme employé de bureau dans cette même entreprise. De 1927 à 1931, il prépara à l’école d’apprentissage de l’usine un CAP de dessinateur industriel, passé avec succès. « Premier jociste de Belfort », il avait découvert la JOC pendant son apprentissage et participé au lancement d’une section à la paroisse Saint-Joseph de Belfort. En 1932, il intégra l’équipe fédérale dont il devint président en 1934. Sollicité pour devenir permanent national, il interrompit son travail de dessinateur industriel le 1er décembre 1936 et fut chargé de suivre les fédérations de l’Est : Doubs, Haute-Saône, Jura, Territoire-de-Belfort, Côte-d’Or, Saône-et-Loire, Meuse, Marne, Ardennes et Nièvre. Il faisait équipe avec François Picard*, Jean Quercy*, Marcel Montcel*, Louis Alvergnat, Jack Looz* et Marcel Thomas*. Responsable du secteur « Loisirs populaires » en 1937, Pierre Kempf termina son mandat de permanent le 31 décembre 1938. Il fut remplacé par Armand Maïer* (Marne, Ardennes Meuse), Georges Maitret* (Jura, Côte-d’Or, Saône-et-Loire) et Georges Béal* (Doubs, Haute-Saône, Territoire de Belfort).

En décembre 1939, il reprit son emploi de dessinateur à la Société industrielle de Delle (Territoire de Belfort), où il fut chargé du service social de l’entreprise d’octobre 1943 à novembre 1944. Depuis son mariage, il avait participé avec sa femme aux activités de la LOC (1939-1940) puis, à partir de 1941, du Mouvement populaire des familles (MPF). Il avait également rejoint la Résistance (réseau de Blamont). Le 1er décembre 1944, il reçut à nouveau un mandat de permanent national pour le compte du MPF. Il assuma cette responsabilité à Paris, pour la région de l’Est, jusqu’à la scission du mouvement en 1951. Membre du comité national, chargé de l’action de quartier, il se retira vraisemblablement à la suite des tensions surgies en avril entre les membres du secrétariat général, notamment Armand Maïer*, Marius Apostolo, Alphonse Garelli. Il faisait alors partie du Mouvement de libération du peuple (MLP). Jouissant d’une « grande autorité morale », il était l’un des collaborateurs les plus en vue du journal Monde ouvrier jusqu’en 1959 et ensuite de Réalités familiales – populaires, organe de la CSF depuis la disparition du MLP et la création de l’Union de la gauche socialiste (UGS).

Pierre Kempf était en même temps administrateur du Conseil national des associations familiales ouvrières, créé sous la présidence de Louis Alvergnat (1945). Devenu secrétaire de la fédération départementale des AFO, il avait été tête de liste des usagers pour le conseil d’administration de la Caisse primaire du Territoire de Belfort à l’occasion des élections à la Sécurité sociale du 24 avril 1947. Lors des journées nationales de la famille ouvrière, en juin 1950, il insista sur la nécessité d’un pluralisme porteur d’une promotion sociale et politique du milieu : « La libération familiale ne peut être différente de celle qui se conçoit ailleurs, elle doit être l’œuvre effective de tous ou alors elle ne sera pas. » (Les Cahiers du GRMF, n° 10, p. 221).

Son mandat de permanent terminé, Pierre Kempf trouva un emploi de comptable à la SPIE jusqu’en 1967. Il continua de siéger au CNAFO qu’il présida de 1956 à 1958. Il entra ensuite au conseil d’administration de la Confédération syndicale des familles dont il fit partie jusqu’en 1972. Administrateur de l’Union départementale des associations familiales du territoire de Belfort (Udaf 90) depuis 1945, il en fut vice-président puis président, à la suite de Pierre Grison, de 1968 à 1979. Il resta membre de son conseil d’administration jusqu’en 1998. Il fut également administrateur de l’Union nationale (Unaf) de 1975 à 1978, avant d’obtenir le statut de conseiller technique. Sur le plan professionnel, comptable pendant une dizaine d’années au CERP, il prit sa retraite le 1er janvier 1979.

Militant du Mouvement de la paix, Pierre Kempf avait fait une discrète apparition sur le terrain politique comme responsable départemental de l’Union de la gauche socialiste (UGS) pour le Territoire de Belfort en février 1958. Il s’était marié le 13 août 1939 avec Cécile Sigriste, ancienne dirigeante fédérale de la JOCF, employée de bureau, dont il eut trois enfants. En 1980, sur proposition de Simone Veil, ministre de la Santé et de la Famille, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114751, notice KEMPF Pierre [Alfred, Albert, Louis, Pierre] par Jean-Marie Conraud, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 30 décembre 2016.

Par Jean-Marie Conraud

ŒUVRE : Collaboration à Louis Alvergnat, une figure du mouvement ouvrier, de Jean Guichard, Marcel Viot et Lucie Alvergnat, Éditions Garibaldi, 1989. – « Une représentation des intérêts familiaux “à part entière” », avec Lucie Alvergnat, Claude Lemonnier, Henri Pointu et Marcel Viot, Les Cahiers du GRMF, n° 10, p. 254-267.

SOURCES : Notice DBMOF. — La Jeunesse ouvrière, n° 244-2, janvier 1939. — Tribune du peuple, 1er février 1958. — L’Est Républicain, 4 mars 2011. — Jean-Pierre Coco, Joseph Debès, 1937, l’Élan jociste. Le dixième anniversaire de la JOC, Paris, juillet 1937, Les Éditions ouvrières, 1989, p. 78. — Pierre Pierrard, Georges Guérin. Une vie pour la JOC, Les Éditions de l’Atelier, 1997, p. 168. — Les Cahiers du GRMF, n° 4, 9 et 10. — Témoignage de l’intéressé. — Notes d’Éric Belouet et d’André Caudron.

ICONOGRAPHIE : La Jeunesse ouvrière, n° 244-2, janvier 1939.

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