LABEILLE Édouard, Joseph

Par Gérard Leidet

Né le 21 novembre 1886 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 9 novembre 1957 ; instituteur ; militant syndicaliste du SMEL (CGTU) puis du SNI ; militant du PCF (1944-1957), maire communiste de Simiane-Collongue (Bouches-du-Rhône), (1947-1957).

Édouard Labeille était le fils de Louis, Auguste Labeille, né le 17 août 1855 à Montélimar (Drôme), meunier dans le quartier Saint-Antoine, et de Catherine, Marie, Philippine Audisio, née en 1865 à Turin (Italie), sans profession.

Édouard Labeille devint instituteur. Membre de la classe 1906, il effectua son service militaire d’octobre 1907 à octobre 1909, et prit ensuite un poste à l’école de la rue Gambetta à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône). Il s’y maria le 1er août 1911 avec Hermine, Églantine, Marie, Antoinette Fontana, institutrice dans la même école, née le 7 novembre 1889 à Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône), fille de Joseph Fontana, instituteur à Marseille (Bouches-du-Rhône). Ils avaient trois enfants en 1923.

Édouard Labeille fut rappelé en août 1914 dans le 8e régiment du Génie, nommé caporal le 23 novembre 1917 et fut démobilisé fin mars 1919. Il se retira alors à Port-de-Bouc.

En 1921, il résidait à l’école de filles la Major, rue de l’Évêché à Marseille, où enseignait son épouse, et était instituteur à l’école Notre-Dame de la Paix, rue Saint-Sébastien. À partir de 1924, le couple demeurait cours Lieutaud.

Edouard Labeille était membre du Syndicat des membres de l’enseignement laïque (SMEL) affilié à la Fédération unitaire de l’enseignement (CGTU) et appartenait à son conseil syndical ainsi qu’à diverses commissions.

Le 2 octobre 1924, il présida l’assemblée générale corporative qui réunissait les membres des deux syndicats, SMEL et Syndicat national des instituteurs, en présence de Mr Mercier, adjoint à l’instruction civique de la ville de Marseille, dirigée par le socialiste Siméon Flaissières. Un conflit opposait depuis plusieurs années les syndicats enseignants à la municipalité au sujet de la surveillance du matin et du soir. Les instituteurs obtinrent pour la surveillance du soir une indemnité de 1200 francs, avec un rappel de 300 francs pour l’année 1924 ; quant à la surveillance du matin, la municipalité ferait appel à un personnel municipal « étranger à l’enseignement ». Si la reprise du service du soir fut votée à l’unanimité moins 4 abstentions, Labeille ne fut pas du tout suivi pour maintenir la cessation « en attendant d’être indemnisé à 1200 francs pour les deux années scolaires 1923-1924 et 1924-1925 ».

Cinq ans plus tard, une dizaine de jours avant les élections pour le renouvellement du Conseil départemental auquel il était candidat avec son camarade Jean Salducci, il participa, le 11 avril 1929, à la réunion de la sous-section Nord du département, à l’école de garçons de Saint-Rémy, où étaient réunis adhérents du Syndicat unitaire et du SNI. Après que Jules Gautier et Victor Gourdon eurent exposé le programme du SNI, il présenta celui de son syndicat en prônant la « manière énergique » pour faire aboutir les revendications. Il insista sur la « revalorisation d’abord » des traitements, et ajouta qu’il fallait obtenir une augmentation sérieuse du budget de l’Instruction publique. En conclusion, il lança un appel aux jeunes instituteurs et institutrices, montrant les « deux voies » (celle du SNI et celle du SMEL), afin de « bien choisir ». Au cours du débat, il dénonça l’intervention politique, appela à combattre le ministre radical-socialiste de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, Pierre Marraud, au lieu de « collaborer » avec lui.

Le 23 avril 1929, il fut élu au CD avec 300 voix sur 729 inscrits et 633 votants. Les trois autres élu.e.s étaient des militant.e.s du Syndicat national des instituteurs (CGT) : Jeanne Féraud ( 797 voix), Mme Nevière ( 691 voix), et Jules Gautier ( 302 voix), secrétaire général de la section départementale en 1927 et 1928, mais Edouard Labeille devança de 17 voix César Durand, secrétaire général du SN (1928-1930). Il était le seul élu du Syndicat unitaire, alors qu’en 1926, son syndicat avait eu deux élus sur quatre (J. Chauvet (382 voix), et Laplace (330 voix)), comme en 1920.

Édouard Labeille fut à deux reprises le gérant du bulletin L’Émancipation. En 1927, il succéda à quelques-uns des pionniers du syndicalisme enseignant dans le département : J. Chauvet, Ismaël Audoye et Jules Aubert qui s’étaient partagés entre 1920 et 1926, la gérance et la responsabilité du Bulletin mensuel des syndicats des membres de l’enseignement laïque des Basses Alpes, des Bouches-du-Rhône et du Var. Et en 1933, il remplaça Jean Salducci - appelé à des responsabilités nationales à la FUE - comme responsable-gérant du Bulletin mensuel du syndicat des Bouches du Rhône. Durant cette période, deux militants étaient administrateurs de l’Émancipation : Pelisse, à partir de 1924, et Pascal Léna, à partir de 1933. Il fut donc le dernier responsable de cette publication, avant la fusion entre le SMEL et le SNI, approuvée lors de l’assemblée générale de la FGE (Fédération générale de l’enseignement - CGT) et de la FUE du 14 novembre 1935 à la Bourse du Travail, salle Ferrer. Édouard Labeille fut alors élu au conseil syndical du Syndicat départemental de l’enseignement (section de la FGE) au titre des instituteurs, et membre du bureau chargé de la trésorerie. Ce bureau comprenait quatre autres membres : Louis Malosse, secrétaire général de la section du SNI ; Mlle Leleu, professeure, membre du Syndicat unifié des professeurs de lycée CGT, (secrétaire adjointe) ; Louis Planel, du SNI (secrétaire au bulletin) ; et Marc Bernardini*, du SNI (trésorier adjoint). Mais Labeille ne fit partie ni du bureau ni de la commission exécutive de la section départementale du SNI.

Il avait présidé l’assemblée générale du 26 novembre 1935 de la sous-section du SNI de Marseille, animée par Marcel Babau, au cours de laquelle furent évoquées les questions du paiement des traitements des instituteurs et des indemnités, des fournitures scolaires de la ville de Marseille, et du mouvement relatif aux maîtres des Cours complémentaires.

Lors de l’AG de la sous-section marseillaise du 6 juillet 1937, présidée par Ernest Vollaire, secrétaire général adjoint du SNI, Édouard Labeille intervint à propos de l’attribution de la direction de l’école de la rue Lessor, qu’il jugeait « arbitraire », et proposa que les membres du CD se retirent du comité consultatif. Par ailleurs, lors de cette AG, Jean Salducci, suite aux différents votes sur les motions pour la représentation proportionnelle, annonça sa démission du bureau du syndicat, ainsi que celle de ses camarades de l’École émancipée, Ruffin et Albert Faraud. Édouard Labeille soutint logiquement la démarche de ses camarades de tendance.

En 1944, il était président du comité de Libération de Simiane-Collongue, village de 800 habitants situé à 15 km au sud d’Aix-en-Provence. Retraité, il devint, en 1947, maire de cette commune sous l’étiquette PCF, succédant alors à Albert Mérentier, maire depuis la Libération. Au début de sa mandature, l’exploitation du gypse et du safre (sable destiné à la verrerie) avait périclité. Le travail mieux rémunéré dans le bassin minier de Fuveau-Gardanne et à l’usine Péchiney allait accentuer l’exode rural et contribuer à faire de l’ancien village agricole la banlieue des deux grandes métropoles de Marseille et d’Aix-en-Provence. Édouard Labeille prit appui sur ces données nouvelles, afin de maintenir l’arrêt en gare de Simiane-Collongue (située sur la ligne Marseille-Aix-Gap), alors que la commune voisine de Septèmes-les-Vallons vit sa gare fermée en 1959. L’ancien instituteur orienta notamment la politique municipale en faveur d’une aide renforcée aux écoles (maternelle et primaire), à l’enfance et aux familles en difficulté. En 1957, à la suite de son décès, son adjoint, communiste lui aussi, Marius Ferrero, lui succéda comme maire de 1957 à 1959.

Son épouse décéda à Simiane le 22 février 1961.

L’école maternelle du village porte le nom d’Édouard Labeille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article114850, notice LABEILLE Édouard, Joseph par Gérard Leidet, version mise en ligne le 15 août 2021, dernière modification le 19 novembre 2021.

Par Gérard Leidet

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône : cote SNI 316 ; état civil Marseille, Septèmes ; registre matricule classe 1906, matricule 1909 ; recensement Port-de-Bouc, 1911. – Denise Karnaouch , La Presse corporative et syndicale des enseignants. Répertoire. 1881- 1940, L’Harmattan, 2004. – Bulletin du Syndicat national des institutrices et instituteurs de France et des colonies, section des Bouches-du-Rhône ( 1929 - octobre 1935) ; Bulletin du syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône - section départementale du syndicat national des instituteurs (novembre 1935 - juillet 1939). – Archives com. Simiane-Collongue. — Renseignements fournis par Pascal Léna – Témoignages de Louis Gay et de Michel Barak. — Notes d’Alain Dalançon et de Jacques Girault.

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