Par Jean-Jacques Doré
Né le 6 novembre 1879 à Saintes (Charente-Inférieure,Charente-Maritime), mort le 7 juin 1959 à Saintes ; ajusteur puis mécanicien de route aux chemins de fer de l’État ; secrétaire de la section traction du syndicat CGT des Cheminots de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure,Seine-Maritime) de 1917 à 1920.
Fils d’un mécanicien des chemins de fer l’Ouest, Louis Lachastre était monteur lorsqu’il fut mobilisé dans l’artillerie le 18 novembre 1900. Brigadier canonnier conducteur en 1901 puis sous-chef mécanicien en 1902, il fut libéré le 25 septembre 1903. Le 6 mars 1905, il entra comme ajusteur aux ateliers de Sotteville des chemins de fer de l’État
Maintenu à son poste en août 1914, il fut élu secrétaire de la section traction du syndicat général CGT des Cheminots de Sotteville , au moment même où Maurice Gautier prenait le contrôle de la section d’Oissel. Ces deux bastions minoritaires devaient battre en brèche l’autorité du bureau du syndicat général, dirigé par Edmond Dubois, favorable à l’Union sacrée.
Lachastre fut réélu secrétaire en janvier 1918, tandis que les autres sections basculaient à leur tour dans les rangs minoritaires ; ainsi l’équipe d’Edmond Dubois fut renversée en mars 1918. Le syndicat des Cheminots de Sotteville, fort de 3 300 syndiqués, était devenu le bastion minoritaire du département.
En avril 1919, il fit partie de la délégation qui assista au congrès de la Fédération des Cheminots. Réélu secrétaire de section en 1920, il joua un rôle essentiel lors de la première grève de février 1920 : il était chargé de "faire Rouen-Paris" pour assurer une liaison régulière avec la Fédération.
Il fit l’objet d’une surveillance rapprochée, si bien qu’au déclenchement de la grève de mai 1920, un mandat d’arrêt fut aussitôt lancé contre lui ; il échappa pourtant aux recherches de la police pendant près d’un mois.
Révoqué des chemins de fer le 7 mai, puis incarcéré au mois de juin, il se porta acquéreur, après sa libération, d’un bistrot en janvier 1921. Des voix cheminotes s’élevèrent pour l’accuser d’avoir utilisé les fonds de la caisse du syndicat ; il s’en défendit en démontrant que deux de ses amis avaient participé au financement en hypothéquant certains de leurs biens ; l’affaire en resta là.
Le 30 septembre 1924, il réintégra les chemins de fer de l’État comme mécanicien de route au dépôt de Sotteville et rejoignit le syndicat CGT des Cheminots, si bien qu’en janvier 1928, il figurait sur la liste des candidats présentée par la Confédération lors de l’élection des membres du conseil supérieur des chemins de fer ; il ne fut pas élu.
Louis Lachastre s’était marié à Saintes le 30 janvier 1908 avec Marcelline Moineau et ils habitaient 1 rue d’Amiens à Sotteville-lès-Rouen en 1927. Il mourut à Saintes le 7 juin 1959.
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Par Jean-Jacques Doré
SOURCES : Arch. Nat. F7/13091, F7/13619. — Arch. Dép. Seine-Maritime, 10 MP 1313 Grève des cheminots mai 1920, 4 MP 2521 Fonctionnaires 1911-1936, 1 MP 495 grèves de 1920, 4 MP 2521 — Arch. Dép. Charente-Maritime État civil, Registre matricule militaire. —