LACOSTE Robert [instituteur, Lot-et-Garonne]

Par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 11 janvier 1900 à Xaintrailles (Lot-et-Garonne), mort le 11 juin 1980 à Agen (Lot-et-Garonne) ; instituteur ; militant syndicaliste ; militant communiste en Lot-et-Garonne, conseiller général, maire d’Houeillès.

Fils d’un bouchonnier et d’une tailleuse, Robert Lacoste présentait son père comme un radical socialiste : "tendance nettement à gauche", "vie politique assez active", "a toujours considéré avec sympathie les partis d’extrême gauche" (autobiographie de 1938).

Lacoste, élève de l’école primaire supérieure de Nérac, puis des écoles normales d’instituteurs de Rennes (Ille-et-Vilaine) et de Vannes (Morbihan), titulaire du brevet supérieur, commença, en octobre 1919, des suppléances d’instituteur à Lanoué et aux Forges dans le Morbihan, Il effectua son service militaire en Algérie (mars 1920-mars 1922) dans un régiment de tirailleurs algériens comme sergent-chef d’intendance. Il reprit des suppléances d’instituteur dans le Morbihan de mars à la fin juillet 1922 (Hennebont et Plaudren). Il alla travailler en octobre 1922 au Maroc (Casablanca) puis fut déplacé d’office en 1923 à Marrakech pour activité syndicale dans le Syndicat marocain des instituteurs laïques. Puis, selon son autobiographie en 1937, « Je n’ai dû qu’à une demande de réintégration en France pour raisons familiales de n’être pas expulsé du Maroc » en juillet 1925. Il fut nommé à Allons (Lot-et-Garonne).

Robert Lacoste se maria avec Marguerite Queyrou, fille d’un peintre et d’une blanchisseuse, institutrice, qui fut trésorière de la section départementale du syndicat CGTU de l’enseignement, future militante communiste après la guerre. Le couple eut un fils. Il adopta le fils d’un communiste italien.

Militant de la CGT, membre des Comités syndicalistes révolutionnaires dans le Morbihan, Lacoste, membre du Syndicat des membres de l’enseignement laïc (CGTU), secrétaire à la propagande du Comité central des Groupes des jeunes de l’enseignement laïque de 1926 à 1928, fut le secrétaire adjoint du syndicat de 1925 à 1935. Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs depuis la fin de 1935, il fut secrétaire de l’Union locale CGT de Casteljaloux de 1935 à 1938 et membre du bureau de l’Union départementale de la CGT. « J’ai dirigé toutes les grèves qui se sont déroulées à Casteljaloux depuis 1936 » écrivait-il en 1938.

Robert Lacoste adhéra au Parti socialiste SFIO en 1918 puis milita pour l’adhésion à la Troisième Internationale. Militant communiste depuis 1921, il créa une cellule communiste à Marrakech en 1924, adhéra aussi à la Ligue des droits de l’Homme, et participa au travail clandestin communiste en liaison avec Pierre Celor. Plus tard, à la demande de Renaud Jean, il rédigea un rapport sur l’activité de Célor au Maroc dans lequel il signalait « les conditions étranges de son rapatriement en France », selon ses termes dans l’autobiographie rédigée en août 1937.

Dans le Lot-et-Garonne, membre du comité régional depuis 1926, secrétaire de la cellule locale en 1932, il orientait surtout sa propagande vers les métayers et les ouvriers résiniers des Landes et du Lot-et-Garonne. La crise économique, durement ressentie dans cette région, entraîna des saisies-ventes, énergiquement combattues par les communistes, autour de Renaud Jean, dans la Confédération générale des travailleurs-paysans. Leur action porta ses fruits.

Robert Lacoste, élu conseiller général du canton d’Houeillès en octobre 1934, fut réélu en octobre 1937, dès le premier tour. Il exerça la présidence du comité de Front populaire de l’arrondissement de Nérac et la vice-présidence de comité départemental. D’autre part, à partir de 1935, il aidait le maire communiste de Casteljaloux.

En 1935, Lacoste était membre du bureau du rayon communiste du Lot-et-Garonne. En 1939, il entra au secrétariat collectif de la région communiste Lot-et-Garonne et Gers. Il assurait des rubriques successives dans l’hebdomadaire communiste Le Travailleur du Lot-et-Garonne (« Perles et huitres », « Coups de fourches », « Coups de cognée » et « Vie ouvrière »).

Dans son autobiographie de 1938, il se réclamait de Renaud Jean et affirmait : « J’ai lu la plupart des ouvrages de Marx, Engels, Lénine », et il ajoutait avoir écrit de nombreux articles politiques et syndicaux, des chroniques satiriques et chansons politiques. Il rédigea des articles sur les conseils généraux dans les numéros 14, 15 et 19 de L’Information municipale en 1938 et 1939.

Mobilisé le 26 août 1939, fait prisonnier à Besançon, le 19 juin 1940, Lacoste s’évada le 13 septembre 1940 de la caserne Vauban avec un instituteur de l’Oise. Il avait été suspendu de ses fonctions sans traitement en février 1940 tandis que sa femme se voyait notifier le 1er novembre sa mutation d’office à Conilhac-de-la-Montagne (Aude) où il fut lui-même assigné à résidence. Le Tribunal militaire de Toulouse prononça un non-lieu après l’accusation de complot contre la sûreté de l’État et il fut réintégré comme instituteur à Aunat (Aude) en février 1941. En liaison avec les communistes locaux et les communistes espagnols de la compagnie des travailleurs d’Axat, il organisa les premiers maquis (maquis Jean Robert à Aunat et Péri à Chalabre) du département en 1942 et dirigea les groupes FTPF du sud de la haute vallée de l’Aude sous le pseudonyme « Oncle René ». Les policiers avertis par un commerçant, membre de la Milice, vinrent l’arrêter le 27 novembre 1943 mais, prévenu par des membres de l’Armée secrète, il se réfugia dans la clandestinité avec sa famille. Il gagna Carcassonne puis Montpellier où il devint, le 1er décembre, commissaire recruteur interrégional des maquis FTP (Hérault, Aude, Tarn, Aveyron, Pyrénées-Orientales). Son épouse vivait clandestinement dans la région de Saint-Gaudens (Hautes-Pyrénées) et son fils Pierre, ainsi que son fils adoptif, avaient rejoint le maquis de Boulogne-sur-Gesse dans le même département. Il fut arrêté le 11 mai 1944 par la Milice à Carcassonne, torturé pendant son interrogatoire, puis transféré à la prison Saint-Michel de Toulouse à la fin mai avant d’être livré aux Allemands, le 2 juillet. Dans le « train fantôme » qui ne dépassa pas Angoulême, interné le 13 juillet dans la Synagogue de Bordeaux, il fut placé dans le « convoi de la mort », le 8 août, mais dans la nuit du 16 au 17 août, lors de l’évasion collective préparée par l’organisation clandestine, il réussit à s’évader à Roquemaure (Gard) du train qui l’emmenait en déportation. Il gagna Tavel (Gard) puis fut affecté quelques jours plus tard à l’état-major FTP de Montpellier sur le pseudonyme de « commandant Mazet ». Il revint dans le Lot-et-Garonne en septembre 1944 pour entrer au Comité départemental de Libération, délégué de l’Union départementale CGT dont il était devenu le secrétaire général. Ayant retrouvé sa place dans le conseil syndical de la section départementale du SNI, il fut le secrétaire de l’Union départementale des syndicats CGT jusqu’en 1946. Il fut alors placé en position de détachement par l’Inspection académique. Il présida, à partir de décembre 1944, la commission de législation sociale et la commission économique et technique rattachée à l’UNITEC.

Robert Lacoste reprit sa responsabilité dans le secrétariat de la fédération communiste avant d’être rétrogradé au bureau fédéral en 1946. Resté proche de Renaud Jean, non reproposé au bureau fédéral en 1949, réélu malgré tout par la conférence fédérale, il fut en définitive écarté. Responsable des élus communistes de la fédération, lors de la conférence de la section communiste de Houeillès, son « opportunisme » fut condamné et il ne fut pas réélu au comité fédéral en novembre 1950 en raison, selon la décision, de sa « position opportuniste caractérisée dans ses fonctions d’élu. » Il avait accepté que le sous-préfet de Nérac préside le comité départemental d’aide aux sinistrés de la forêt landaise contre « l’avis clairement exprimé par la fédération ».

Redevenu conseiller général du canton d’Houeillès en 1945, Lacoste fut réélu au premier tour en mars 1949, en 1955, en 1961, en 1967. Membre des commissions des transports et du travail en 1945, il fut, de 1946 à 1948, le président de la commission départementale et en 1948-1949 le vice-président du Conseil général. Vice-président en 1952 de la commission des finances dont il fit partie de 1949 à 1963, il fut membre de la commission départementale de 1955 à 1973. Membre de la commission de l’éducation de 1964 à 1973, il la présida en 1973. Il ne se représenta pas en 1973.

Lacoste fut placé en deuxième position sur la liste communiste pour l’élection au Conseil de la République en 1946, laissant la première place à l’ancien socialiste Jean Zyromski, devenu membre du PCF.

Robert Lacoste devint conseiller municipal puis maire d’Houeillès en octobre 1947. Il fut suspendu pendant un mois en octobre 1949 par la préfecture pour avoir, avec son conseil, appelé à signer l’appel de Stockholm. Il était toujours conseiller municipal à la fin des années 1960.

Robert Lacoste était le légataire des archives de Renaud Jean qu’il versa aux archives départementales du Lot-et-Garonne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article115077, notice LACOSTE Robert [instituteur, Lot-et-Garonne] par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 30 septembre 2022.

Par Jacques Girault, Jean Maitron, Claude Pennetier

ŒUVRE : Robert Lacoste écrivit plusieurs articles sur les conseils généraux dans L’lnformation municipale, en 1938 et 1939 (n° 14, 15 et 19).

SOURCES : RGASPI, 495 270 3247, autobiographie, Allons le 22 août 1937, classé A1 ; 517 1 1908. — Arch. Nat. F7/13035, 13129 et 13749. - Arch. Dép. Lot-et-Garonne, cabinet du préfet, n° 8 et Conseil général (J. Mortéra). – Archives du comité national du PCF. — Le Travailleur du Sud-Ouest, 1934-1939. — DBMOF, notice par J. Maitron et Cl. Pennetier. — Site Internet de la revue Arkheia, article biographique de Max Lagarrigue. — Les communistes du Lot-et-Garonne dans la résistance, Agen, 1984. — Notes de Pierre Roux.

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