Par André Balent
Né le 1er septembre 1901 à Blavignac (Lozère), mort le 13 novembre 1988 à Perpignan (Pyréénes-Orientales). Professeur de Lettres classiques à Perpignan, militant socialiste et syndicaliste, résistant, conseiller municipal de Perpignan (1945-1947), conservateur du musée numismatique Joseph-Puig (1946-1979) de Perpignan.
Enfant d’une famille paysanne et catholique, fils de François Lafont et d’Adélaïde Cellier, Victor Lafont suivit une scolarité, de l’école primaire jusqu’au baccalauréat, puis fit des études supérieures de lettres classiques et obtint une licence et un DES. Auparavant, il accomplit ses trente mois de service militaire au 81e RI et participa à l’occupation de la Ruhr.
Victor Lafont épousa en 1925 Anna, Louise, Élisabeth Jeanne Jalabert (Carcassonne, Aude, 30 janvier1895-Perpignan, 16 mars 1946), professeur d’anglais au collège de jeunes filles de Perpignan. Le couple eut deux enfants, Jean Lafont qui futmédecin généraliste à Thuir (Pyrénées-Orientales) et, après avoir pris sa retraite fit des études d’histoire et s’intéressa à l’histoire de la médecine en Roussillon au XVIIIIe siècle. Victor Lafont épousa en secondes noces , en 1951, , Jeanne, Marie, Anna Griffoll qui mourut en 1953. Il contracta une troisème union en épousant, le 26 octobre 1960 à Perpignan, Suzette, Jeanne, Marie Peyrevidal (Perpignan, 30 janvier 1914-25 novembre 1997).
Il fit toute sa carrière d’enseignant au collège de garçons de Perpignan devenu en 1945le lycée François-Arago. Militant de la section socialiste SFIO, il devint secrétaire du syndicat CGT des professeurs de collège de Perpignan vers 1932-1933. Ce syndicat intégra le Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire (SPES) affilié à la CGT et Victor Lafont en devint le principal animateur. Il siégea, en 1938, au comité général de la Bourse du Travail de Perpignan, comme représentant de son syndicat, puis fut élu à la commission administrative de l’union locale des syndicats confédérés et fut chargé de la commission « Collèges du Travail et enseignement ». Le 29 janvier 1939, le congrès de l’union locale l’élut à la commission d’études et de propagande.
Partisan des analyses de Léon Blum sur la crise de Munich, Victor Lafont mena avec son collègue A. Catta une action en faveur des républicains espagnols rassemblés dans les camps du littoral. Ils réussirent à en faire sortir quelques membres de l’enseignement. Mobilisé en septembre 1939, il reprit son poste au collège de Perpignan à la rentrée d’octobre 1940. Il ne fut pas inquiété pour ses opinions, participa à la résistance dans le mouvement Combat, puis les MUR et fit quelques passages en Espagne.
Le 31 août 1944, Victor Lafont devint membre du comité d’épuration administrative des personnels de l’enseignement public des Pyrénées-Orientales avec Lucette Justafré* et Jean Beaussier*. Il milita dans le Syndicat unique de l’enseignement des Pyrénées-Orientales nouvellement créé et siégea à son conseil syndical. En 1946, il devint secrétaire départemental de la section de la Fédération CGT des fonctionnaires et fut élu secrétaire adjoint du syndicat unique de l’enseignement, puis réélu le 26 juin 1947 au conseil syndical. Membre de la tendance autonome de la FEN, il fut quelque temps secrétaire départemental, et devint secrétaire du SNES jusqu’en 1954 dont il démissionna pour protester contre le refus du syndicat de prendre la défense d’un collègue d’opinions différentes.
Affilié au Parti socialiste SFIO dès la Libération, il figura, lors des élections municipales d’avril 1945, sur la liste d’« Union patriotique et républicaine » constituée sous l’égide du PCF et avec l’appui du président du CDL, Camille Fourquet*. Élu conseiller municipal, il fut à nouveau candidat aux élections municipales du 19 octobre 1947, il ne fut pas élu.
Lors de son mandat de conseiller municipal, il fut choisi , à compter du 1er mars 1946 comme conservateur du musée de numismatique « Joseph-Puig » : ses collègues lui avaient demandé d’accepter ces fonctions car il connaissait le latin et le grec ancien. Il convenait, également, de mettre à exécution les clauses du testament de Joseph Puig décédé en 1928 qui avait légué à la ville ses collections de médailles et sa maison. Victor Lafont prit goût à la numismatique dont il devint un spécialiste chevronné. Il mena à bien ses nouvelles fonctions sans abandonner l’enseignement qu’il professait au lycée. Il s’intéressa particulièrement aux monnaies catalanes. Après avoir classé les collections de monnaies du legs Puig, il présida, en 1959, à l’ouverture du cabinet des médailles de Perpignan. il se fit connaître par ses publications dans les revues spécialisées. Victor Lafont quitta ses fonctions de conservateur le 1er juillet 1959.
Par André Balent
SOURCES : AC Perpignan, état civil. — Arch ; du SNI et de la FEN (fonds Michel Ribera, Perpignan). — Arch. privées André Balent. — L’Action syndicale, Perpignan 1938-1939, 1945-1946. — Annuaire-guide des Pyrénées-Orientales, Nîmes, Chastanier et Alméras, 1937. — Le Républicain du Midi, 1944-1945. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, 1939. — Le Cri socialiste, 1946. — Renseignements communiqués (1983) par M. Ribera, R. Argelliers. — Entretiens avec Victor Lafont (1983), Lucette Justafré (1984). — Études Roussillonnaises, 1954. — André Balent, notice DBMOF, XXXIII, 1988, p. 104. — Henri Caffe, Jacques Velzy, Éliacin Bonnel, Victor Lafont, Maurice Lida, "Musée numismatique Joseph Puig", Tramontane, 413, n° spécial de la revue, Perpignan, 1958. pp. 141-211 : É. Bonnel et V. Lafont ont dressé les catalogues du musée publiés. —Marie-Claude Valaison, "Hommage à Victor Lafont, Blavignac, Lozère, 1901 – Perpignan, 1988", La Pallofe, bulletin de liaison de l’Association numismatique du Roussillon, Perpignan, 1988. — Jean-Marie Rosenstein, Du vieux bahut au nouveau lycée. Histoire du lycée Arago, Perpinyà, 1808-2008, Prades, Terra Nostra, 2008, 304 p.