Par Yves Le Maner
Né le 21 mai 1891 à Lille (Nord), mort le 31 juillet 1957 à Lille ; serrurier, marchand de journaux, militant socialiste, communiste puis socialiste ; secrétaire général de la Fédération Nord du Parti d’unité prolétarienne.
Fils de Julien, Justin Lahaye, journalier, et de Sophie De Vernand, originaire de Gand (Belgique), Kléber Lahaye fut serrurier, ajusteur mécanicien, monteur en fer et marchand de journaux à Lille. Il fut l’un des nombreux militants ouvriers du Nord qui tenta de s’asseoir entre deux chaises : la chaise socialiste qu’il jugeait trop fluctuante et trop modérée et la chaise communiste trop rigide et trop sectaire.
Membre du Parti socialiste SFIO dès avant la Première Guerre mondiale, il adhéra au Parti communiste, avec enthousiasme, lors de la scission de 1920. Secrétaire-adjoint de l’Union locale unitaire de Lille et trésorier adjoint du syndicat du Bâtiment unitaire, il semble avoir mené une activité syndicale. Mais, hostile aux mesures de « bolchevisation », il quitta le PC en 1924 pour regagner les rangs de la SFIO. Un rapport du commissaire spécial de Lille au Préfet du Nord, daté du 24 mars 1930, indiquait toutefois qu’il était encore membre du PC au moment de son voyage en URSS en 1927. En 1929, il fut élu conseiller municipal de Lille sur la liste socialiste de Roger Salengro mais cette élection était le fruit d’un compromis avec la direction de la Fédération socialiste du Nord. En effet, en 1927, Lahaye avait été l’un des fondateurs du Parti d’unité prolétarienne dans le Nord et en était un des principaux dirigeants avec Marcel Duprez et Marceau Gruson.
Secrétaire de la section lilloise du Parti socialiste-communiste, il fut également co-secrétaire, avec Duprez, de la Fédération du PUP, puis son trésorier avant d’en devenir le secrétaire général en 1936. Candidat de son parti aux élections législatives de 1928, 1932 et 1936 dans la deuxième circonscription de Lille ainsi qu’aux cantonales, il décida de se présenter à l’élection législative complémentaire du 17 janvier 1937 qui devait pourvoir au remplacement de Salengro. Cette candidature, véritable acte d’indiscipline individuelle, rompait le pacte conclu, le 21 octobre 1936, entre la SFIO et le PUP.
Antimilitariste convaincu, Kléber Lahaye fut très tôt conscient du danger fasciste. Animateur des groupes de défense antifasciste de Lille à partir de 1923, il effectua, à ce titre, en 1927, un voyage en URSS pour assister aux fêtes du Xe anniversaire de la Révolution et continua plusieurs années après son retour à vanter ce qu’il y avait vu. Face à Raymond Molinier accusant, dans une réunion trotskiste à Lille le 28 mai 1933, le Parti d’unité prolétarienne d’attacher « une importance primordiale à la conquête des municipalités », il indiquait qu’un comité d’action avait été formé à Lille pour « la libération de Billing, des nègres de Scottsboro ainsi que pour les condamnés à mort indochinois ».
Président du comité des chômeurs de Lille dès le début de la crise économique, durant laquelle il insistait pour que les chômeurs se rendent aux conseils municipaux et rencontrent le maire en délégation, il était, en 1936, président du comité central des chômeurs du Nord.
Kléber Lahaye s’était marié le 15 avril 1919 à Lille.
Par Yves Le Maner
SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 35/8, M 37/90b, M 37/94, M 154/104, M 154/195c (avec photographie de 1927) ), M154/202a et M 154/204, Registres matricules militaires. — Ça ira, 14 février 1931. — État civil de Lille. — Notes de Théo Bernard.