Par Jean Maitron, Claude Pennetier et Roger Pierre
Né le 23 août 1899 à Mussidan (Dordogne), mort le 26 juin 1958 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) ; fonctionnaire des contributions indirectes ; secrétaire adjoint de la Fédération autonome des syndicats de fonctionnaires.
Fils de Léonard Laplagne, coiffeur, et de Léocadie Dolet, vérificateur des contributions indirectes, marié le 22 décembre 1922 à Bergerac (Dordogne), Robert Laplagne exerça son métier dans différentes villes (Bordeaux, Paris, le Havre, Valence) et participa partout activement à la vie du mouvement ouvrier local.
On trouve pour la première fois sa signature dans La Vie ouvrière du 15 juin 1928 : militant de Bordeaux, il donnait ses premières impressions sur le XXVe congrès du syndicat des Indirectes (Paris, 7-9 juin 1928). Il travailla un temps à Paris (gare de l’Est) mais obtint très vite son retour à Bordeaux en raison de l’état de santé de sa femme.
Robert Laplagne contribua à l’évolution de sa Fédération, qui, de l’alliance avec la CGTU en vint à une attitude critique. Maurice Chambelland, Michel Piquemal et lui-même furent, en novembre 1930, à l’origine du « Comité des 22 » pour l’unité syndicale qui groupait des confédérés, des unitaires et des autonomes. Il était alors secrétaire adjoint de la Fédération autonome des syndicats de fonctionnaires.
Laplagne fut élu membre du Comité mondial de lutte contre la guerre impérialiste, au congrès d’Amsterdam tenu du 27 au 29 août 1932.
Inspecteur des contributions au Havre à partir de 1934, ses talents d’orateur lui ouvrirent les portes de la direction du syndicat CGT local. En 1937, il fut élu secrétaire administratif de l’Union du Havre.
Nommé à Valence en mars 1937, Robert Laplagne y séjourna moins de dix-huit mois, jusqu’à son départ pour Paris, en août 1938. Au congrès de l’Union des syndicats Drôme-Ardèche (Valence, 23 janvier 1938), il fut dans une discussion très âpre, le principal porte-parole de la minorité, groupant « tous ceux qui se prononcent pour l’indépendance absolue du mouvement syndical ». Militant socialiste SFIO, il fut l’animateur de la Gauche révolutionnaire dans le département. Il était, depuis le 7 janvier 1938, secrétaire de la section socialiste de Valence. Il devint rédacteur en chef de La Volonté socialiste, et prit de l’influence dans la Fédération en assurant de nombreuses réunions de propagande.
Au congrès fédéral de Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 22 mai 1938, il s’opposa vivement aux trois parlementaires, intervint au nom de la minorité pour protester contre les sanctions frappant la Fédération de la Seine et pour exprimer « la profondeur de la déception des masses devant l’attitude du Parti, et en particulier devant celle de Léon Blum ». Il défendit la motion dite des « Cahiers rouges » à laquelle furent donnés treize des soixante et un mandats de la Fédération.
Cependant, après son départ pour Paris, malgré le profond malaise régnant dans la Fédération de la Drôme et plus encore au sein des Jeunesses socialistes, une tentative de Marceau Pivert de rassembler ses partisans au cours d’une réunion organisée par le Parti socialiste ouvrier et paysan à Portes-les-Valence n’eut que peu de succès.
Par Jean Maitron, Claude Pennetier et Roger Pierre
ŒUVRE : En collaboration, Les problèmes de la Paix, Éd. de la Volonté socialiste, 1938, 48 p.
SOURCES : Arch. Nat. F7/12990. — Arch. PPo. 306, décembre 1932. — La vie ouvrière, 15 juin 1928. — Le Cri du Peuple, 14 janvier et 1er juillet 1931. — La Révolution prolétarienne, décembre 1931. — Bulletin SNI Drôme, février 1933. — La Volonté socialiste, 1937-1938 (portrait, 13 mars 1938). — F. Cahier, Le Front populaire au Havre, Mémoire de Maîtrise. — État civil de Mussidan.