LAPLAUD Louis, Jean-Paul. Pseudonymes : Jean Rémy, Le Rotativiste

Par René Bianco, Sylvie Laplaud, Hugues Lenoir

Né le 12 juillet 1913 à Saint-Jean-Ligoure (Haute Vienne), mort le 15 février 1999 à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine) ; instituteur puis professeur de cours complémentaire ; Union anarchiste ; résistant.

Louis Laplaud était le dernier d’une fratrie de quatre enfants. Ses parents étaient des métayers dont la famille s’était installée dans une ferme de cette localité en 1862.
En 1925, il fut reçu premier de son arrondissement au certificat d’études primaires, ce qui lui permit de bénéficier d’une bourse. Pour autant, la décision de lui faire poursuivre ses études ne fut pas simple à prendre car il pouvait aider à la ferme. C’est son instituteur qui réussit à convaincre ses parents. Il passa quatre années à l’EPS (école primaire supérieure) de Saint-Léonard-de-Noblat. En juin 1929, il réussit au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Limoges et obtint le brevet supérieur en 1932 ;

Louis Laplaud fit ses débuts d’instituteur à Magnac-Bourg où il resta deux ans. C’est à cette époque-là que, pacifiste dans l’âme, il commença à s’intéresser à la politique. Le 17 juin 1934 parut son premier article dans le Populaire du Centre.

Après son service militaire dans les Zouaves à Constantine et à Alger, il reprit un poste d’instituteur à la rentrée de 1935 à Janailhac, manifestant toujours un intérêt fort pour la politique via la lecture de nombreux journaux. Il participa à la création du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes de Limoges. C’est à cette époque également qu’il rencontra régulièrement Jean Laplaud militant syndicaliste du SNI, ancien militant communiste du Syndicat unitaire. C’est aussi à ce moment-là que, par l’entremise de C. Charpentier (plus tard à la F.C.L) il adhéra au mouvement libertaire.
En novembre 1935, à Limoges, se tint une réunion des Croix de Feu. Lors d’affrontements, ces derniers tirèrent et blessèrent grièvement des militants de gauche, l’un décéda de ses blessures. Ce conflit fut l’occasion pour Louis Laplaud d’un nouvel article dans le Populaire du Centre, cette fois-ci au nom de Jean Rémy, le premier d’une série de quatre. En parallèle et sous son vrai nom, il écrivit dans le Bulletin du syndicat des instituteurs de la Haute Vienne dont un sur le Front populaire repris dans L’Echo de Paris.

A partir de 1937, il exerça en banlieue parisienne puis à Paris. C’est dans une école du XIXe arrondissement qu’il fit la connaissance d’un militant (non identifié, Gros Claude ?) qui collaborait à la Patrie Humaine sous le nom Pierre Sera. Il y rencontra aussi Robert Jospin.

Louis Laplaud entra au Libertaire en août 1937, grâce à Louis Lecoin. Le 12 août paraissait un article signé de son vrai nom « Ceux qui ne marchent pas ». Au printemps 1938, il prenait en charge, avec le pseudo de "Jean Rémy", la rubrique littéraire « La boîte aux bouquins » (presque 60 articles entre août 1937 et août 1939) à laquelle s’ ajouta à partir de mars 1939 une revue de presse sous forme de billet d’humeur « Encres et Papiers » sous le nom du "Rotativiste".

C’est au Libertaire que Louis Laplaud fit la connaissance de celui qui sera son meilleur ami et le parrain de son fils : un membre de la rédaction du Lib’, Charles, Louis Anderson, dit Ander. Par Anderson, il fit la connaissance de Pierre Piller (Gaston Leval), Nicolas Faucier.

Fin août 1939, il fut mobilisé au 66e régiment d’infanterie et, comme pour les autres anarchistes/pacifistes, se posa pour lui la question de fuir. Ayant femme et enfant, il décida de se laisser mobiliser. Il fut nommé caporal à la 4e section à Issoudun, celle des prisonniers, en charge du transport des outils. Puis il partit vers l’est de la France et la frontière mais, suite à la débâcle, il dut revenir pour après repartir vers Rouen et finalement être fait prisonnier avec son nouveau régiment (après l’armistice). Ils furent retenus au camp de Couterne. En juillet 1940, il profita d’une marche pour s’échapper et rentrer sur Paris, sain et sauf, mais choqué par le Paris de l’époque.

Il put reprendre son poste d’instituteur dans Paris à la rentrée d’octobre. C’est à cette époque qu’il écrivit son pamphlet « Démission de la France », suivi de quatre autres l’année suivante. En 1941, il essaya de faire libérer Lucien Haussard. Cette même année, il rédigea quatre pamphlets (non publiés ?) dont les « Artisans de la défaite » lesquels, écrit-il « témoignent de mon humeur du moment ».

Louis Laplaud appartint à la 6e compagnie des milices patriotiques. Le 23 août 1944, elles firent un coup de main et capturèrent deux trains de ravitaillement (armes, munitions) allemands qui circulaient entre Belleville et La Villette, événement relaté dans « Paris brûle-t-il ? ». Il demanda à rejoindre la 10e division, créée à partir des milices patriotiques et des FFI. Fin mai 1945 il partait pour l’Alsace puis l’Allemagne. C’est là qu’il rencontra celle qui devint sa seconde épouse. Il était alors devenu officier du renseignement au 2e bataillon. Le 4 août 1945, il était affecté au camp de prisonniers A18 qu’il devait administrer jusqu’au départ de tous les prisonniers. En décembre, souhaitant rester en Allemagne, il fut nommé pour un temps commissaire de sûreté à Haschenburg. Puis Louis Laplaud réintégra l’enseignement et devint instituteur à Neuwied pour les enfants des Français en occupation.

Ayant divorcé, Louis Laplaud put épouser en 1947 Hilde Echtle (née le 9 avril 1926 à Ettlingen (Allemagne) et morte au Plessis-Robinson le 4 avril 2002), sans profession. Juste après leur mariage, ils furent obligés de partir pour la France car un fonctionnaire ayant épousé une Allemande ne pouvait rester en zone occupée. Au retour, Louis Laplaud obtint un poste rue de Jussienne à Paris. L’interdiction d’exercer levée et n’ayant pas trouvé de logement en France, lui et son épouse repartirent pour l’Allemagne. Il fut nommé à Landstuhl puis dans d’autres bourgs. Leur fils Michel naquit en 1949 à Frieburg. Souhaitant qu’il soit élevé en France, il rentra à Paris avec sa famille.
En terme de logement rien ne s’était amélioré, la famille Laplaud logea dans un sous-sol à Sceaux pendant plus de quatre ans. Louis enseignait à Paris. Par la suite la famille put s’installer dans un appartement d’une HLM récente au Plessis Robinson en 1954. Sa fille Sylvie naquit au Plessis Robinson en 1963, son père venait d’avoir 50 ans.

À la fin des années 1950, Louis Laplaud obtint le CAP-CEG. Il devint professeur de français au cours complémentaire, devenu CEG, de Châtillon sous Bagneux, où il resta jusqu’à la fin de sa carrière en 1975. Adhérent au SNI (Syndicat national des instituteurs) il en démissionna en 1956. Il donna aussi des cours du soir d’allemand organisés par la mairie, cours qu’il continua à assurer après sa retraite. Dans cette période, à part Ander, Louis n’avait plus de contact avec les anciens du Lib’ et s’éloigna des idées anarchistes. Il revit néanmoins certains militants lors des obsèques de Louis Lecoin en 1971.

Louis Laplaud s’éteignit le 15 février 1999 des suites d’un AVC. Il est enterré au cimetière du Plessis Robinson. Sa femme le suivit trois ans plus tard. Leur fils décéda en juillet 2012.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article115913, notice LAPLAUD Louis, Jean-Paul. Pseudonymes : Jean Rémy, Le Rotativiste par René Bianco, Sylvie Laplaud, Hugues Lenoir, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 20 septembre 2022.

Par René Bianco, Sylvie Laplaud, Hugues Lenoir

Œuvres :
4 articles au Populaire du Centre, novembre 1935-février 1936.
57 articles du 12 août 1937 au 24 août 1939 dans Le libertaire.

SOURCES : René Bianco, Un siècle de presse anarchiste d’expression française, op. cit.. — Renseignements fournis par sa fille, 2019. — SHD, Vincennes, GR 16 P/337897. — Archives et mémoires de Louis Laplaud.

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