LAPORTE Louis, Edmond, Maximin

Par Claude Pennetier

Né le 1er novembre 1872 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), mort le 16 février 1949 à Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise) ; ouvrier tourneur sur métaux, représentant de commerce, publiciste ; maire communiste de Saint-Denis (Seine) de mai à octobre 1925 ; exclu du Parti communiste en octobre 1929 ; militant du Parti ouvrier-paysan puis du Parti d’unité prolétarienne.

Louis Laporte
Louis Laporte

Né à Tarbes, fils d’un comptable à la compagnie des chemins de fer du Midi, Louis Laporte aimait rappeler qu’il avait foulé le sol de Saint-Denis dès l’âge de cinq ans. Il y fréquenta l’école primaire puis fit son apprentissage de tourneur sur métaux. Selon les renseignements biographiques qu’il fournit aux services du conseil général, sa mise à l’index par les industriels de la ville l’obligea à quitter cette profession en 1905. Il devint représentant de commerce, plus précisément représentant en vins.

Louis Laporte avait commencé à militer à la CGT en 1895 et dans les organisations socialistes en 1899, d’abord au Parti socialiste révolutionnaire (PSR) puis au Parti socialiste de France (PS de F.) et enfin au Parti socialiste SFIO. Dès la fondation de L’Émancipation, journal socialiste local, on lui avait confié les fonctions de rédacteur et d’administrateur. En mai 1912, les électeurs de Saint-Denis l’envoyèrent siéger au conseil d’arrondissement et au conseil municipal (municipalité Albert Walter). L’assemblée communale le désigna comme maire adjoint.

Classé dans les services auxiliaires lors de sa conscription, Laporte fut mobilsé en janvier 1915 puis détaché le 5 décembre 1915 en qualité de tourneur outilleur. Il devint administrateur de l’Humanité en 1919 et fut aussi celui de L’Emancipation. Il fut réélu au conseil municipal le 30 novembre 1919 sur la liste de Gaston Philippe, puis 4e adjoint. Deux semaines plus tard, il conserva sans problème son siège de conseiller d’arrondissement avec 8 044 voix sur 9 019 votants et 21 452 inscrits : il était le seul candidat.

Laporte adhéra au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920). Délégué intersectionnel en 1922, il manifestait des sympathies pour le courant centriste du parti. Après la rupture de Gaston Philippe avec le Parti communiste le 28 mars 1924, il resta le seul adjoint communiste, soutenu par sept conseillers (Aloïs Kruyt, Camille Villaumé, André Krompholtz, Émile Godin, Gaston Quiquerez, Joseph Thuillier, François Bochet).

Le Parti communiste confia à Laporte la direction de la liste communiste pour les élections municipales des 3 et 10 mai 1925. Cet employé « intègre mais sectaire, très susceptible » avait été préféré à Jacques Doriot dont, nous dit l’historien de Saint-Denis, Jean-Paul Brunet, « la popularité semblait porter ombrage aux dirigeants du PC » (J.-P. Brunet, Thèse, op. cit.). Le véritable organisateur de la campagne, Henri Barbé, n’avait pas encore atteint l’âge d’éligibilité. Au premier tour les suffrages des têtes de listes se répartissaient ainsi : PC 6 363, Union socialiste 4 241, droite 3 213, SFIO 2 245. Au second tour, la liste communiste (7 381 voix à Laporte) devançait la liste de concentration socialiste (6 950) et celle de droite (927). Louis Laporte devint maire le 17 mai 1925, désigné par trente-cinq votants sur trente-six. Le 14 juin 1925, il fut élu au conseil général par 4 282 voix contre 959 à un socialiste indépendant, 725 au socialiste Blanchard, 600 à un radical socialiste et 314 à un républicain indépendant.

Laporte organisa activement la journée du 12 octobre 1925 contre la guerre du Maroc, n’hésitant pas à faire entrer dans le mouvement les services municipaux. La préfecture saisit l’occasion pour le révoquer de ses fonctions de maire le 24 octobre. Il démissionna en guise de protestation et obligea onze conseillers, qui n’avaient pas suivi les consignes de grèves, à renoncer à leur mandat (voir Marcel Pardonnet). Le 20 décembre 1925, les électeurs dionysiens renouvelèrent leur confiance à Laporte par 6 534 voix sur 11 785 votants et 19 685 inscrits. Camille Villaumé, maire intérimaire, conserva l’écharpe, vraisemblablement avec l’accord de Laporte qui fut élu premier adjoint le 18 février 1927. Réélu conseiller le 5 mai 1929 en troisième position de la liste communiste, il fut désigné comme premier adjoint mais déclina ce mandat « pour raison de santé ». Laporte conserva cependant son mandat de conseiller général (réélu au premier tour par 5 054 voix sur 7 010 votants) et accepta d’être 4e adjoint au maire.

Le Parti communiste présenta Laporte aux élections législatives d’avril-mai 1928 dans la circonscription de Dreux (Eure-et-Loir). Il recueillit 830 voix au premier tour (4,8 %) et 553 au second (3,2 %) sur 17 266 inscrits.

Ses rapports avec la direction du Parti communiste se tendirent en 1929. Louis Laporte, Jules Lauze (conseillers généraux de la Seine) et Louis Duteil (conseiller municipal de Paris) acceptèrent, début septembre 1929, de participer à un voyage d’étude organisé par le conseil général à Budapest. A leur retour, le Parti communiste s’étonna de leur visite dans un pays à régime fasciste et demanda aux trois « pélerins de Budapest » de renoncer à leurs mandats électifs. Ils refusèrent, allèguant qu’ils avaient fait ce voyage avec l’autorisation du Parti. Leur exclusion fut prononcée en octobre 1929. Elle eut d’importantes conséquences à Saint-Denis : le maire, Camille Villaumé, déclara refuser de jouer le rôle de procureur à l’égard de Lauze et Laporte, il démissionna du Parti communiste le 27 octobre 1929 et du conseil municipal le 15 février 1930.

Aux élections partielles du 16 mars 1930, la liste communiste de Jacques Doriot battit aisément la liste du Parti ouvrier-paysan animée par lui. Laporte siégea au conseil général comme « pupiste » jusqu’en 1935 puis ne se représenta pas. Il était, en mars 1931, secrétaire de la section de Saint-Denis du Parti d’unité prolétarienne (PUP).

Domicilié à Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise), il mourut dans la solitude le 16 février 1949. La personne qui déclara son décès ignorait le nom de ses parents et sa situation matrimoniale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article115939, notice LAPORTE Louis, Edmond, Maximin par Claude Pennetier, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 5 août 2015.

Par Claude Pennetier

Louis Laporte
Louis Laporte

SOURCES : Arch. Nat. F7/13016. — Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1 ; listes électorales. — Arch. Com. Saint-Denis. — Centre d’archives contemporaines, Fontainebleau, versement 19940494, n° 3724. — Germinal, 20 décembre 1919. — Journal de Saint-Denis, 1er janvier, 13 mars 1914, 6 décembre, 20 décembre 1919. — L’Humanité, 15 décembre 1919, 18 mai 1925, 28 avril 1929, 26 mai 1929. — L’Émancipation, 19 décembre 1925, mai 1929, 24 mars 1931. — Le Travailleur (Eure-et-Loir, Loiret, Loir-et-Cher), 31 mars 1928. — Ça ira, n° 3, 1er mars 1930, n° 45, 7 mars 1931. — Jean-Paul Brunet, Une banlieue ouvrière : Saint-Denis (1890-1939), Thèse, op.cit. — Jean-Paul Brunet, Saint-Denis, la ville rouge, 1890-1939, Paris, Hachette, 1980. — Le Conseil municipal : nos édiles, op. cit., édition de 1926 et 1933. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, pp. 233 et 234.— État civil de Tarbes et d’Aulnay-sous-Bois.

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